Accouchement toboggan : c'est quoi, comment ça se passe ?

Relativement rare, l'accouchement toboggan suscite la curiosité des futures mamans. Comment peut-on accoucher sans pousser ? Donner naissance rapidement, est-ce vraiment l'idéal ? Le Pr Pierre-Emmanuel Bouet, gynécologue-obstétricien, chef du service de Médecine de la Reproduction au CHU d'Angers, nous éclaire à ce sujet

Accouchement toboggan : c'est quoi, comment ça se passe ?
©  vadimgozhda

Qu'est-ce qu'un accouchement toboggan ?

La notion d'accouchement toboggan a récemment été mise en évidence par Cindy Poumeyrol, ex finaliste de Koh Lanta et participante à l'émission Mamans et célèbres. "Accouchement surréaliste, accouchement toboggan comme ils disent. Même pas eu le temps de poser la péridurale (c'était express heureusement mais wahou ça secoue). Je ne m'en remets toujours pas, c'était complètement fou cet accouchement. Notre petite poulette a été ponctuelle. C'est que du bonheur", a-t-elle écrit en légende d'un cliché pris à la maternité en janvier dernier. Dans le milieu médical, on parle plutôt d'accouchement "rapide". Ce dernier se définit par un délai maximum de 4 heures entre le début des contractions douloureuses et l'expulsion du bébé. Ce phénomène se produit lorsque la dilatation du col de l'utérus est complète, soit 10 cm, ce qui provoque chez la maman l'envie de pousser. Parfois même, le bébé descend tout seul dans le bassin et glisse, d'où l'effet "toboggan". 

Quelles sont les causes d'un accouchement toboggan ?

L'accouchement toboggan est totalement imprévisible et n'a pas de cause identifiée. "Physiologiquement, c'est la décharge de prostaglandine qui entraîne des contractions utérines et provoque l'ouverture du col mais ce phénomène ne s'explique pas. En revanche, il existe un facteur de risque bien connu qui est la multiparité. Plus une femme a eu d'enfants, plus elle risque d'accoucher rapidement lors de ses prochaines grossesses", explique le Pr Pierre-Emmanuel Bouet. 

Accouchement toboggan : est-ce rare ? 

L'accouchement toboggan reste un phénomène assez rare, surtout pour un premier bébé. Il survient essentiellement chez les grandes multipares. "On en voit tous les mois. Lorsque les futures mamans arrivent, leur col n'est généralement pas à dilatation complète (8 ou 9 cm) et cela va se faire assez vite, moins de 4 heures après leur arrivée à la maternité. Il arrive que nous n'ayons pas le temps de mettre en place la péridurale. Quand la femme a déjà eu des enfants et que l'accouchement toboggan se déroule à la maternité, elle le vit bien car elle a rapidement son bébé dans les bras et qu'elle n'a pas eu à rester en salle d'accouchement pendant des heures à attendre que le travail se passe. En revanche, chez une femme pour qui il s'agit d'un premier bébé, cela peut se révéler un peu choquant, notamment si elle n'a pas eu le temps d'avoir la péridurale alors qu'elle la souhaitait", indique le gynécologue-obstétricien. Voilà pourquoi la psychologue de la maternité vient à sa rencontre après l'accouchement pour qu'elle puisse parler de son ressenti et dépister un éventuel traumatisme pouvant survenir, notamment chez les femmes pour qui il s'agissait d'une première naissance.

Quels sont les risques d'un accouchement trop rapide ? 

L'accouchement toboggan présente plus de risques de saignements après l'accouchement, l'utérus ayant du mal à se contracter correctement et à reprendre son volume initial. Une surveillance étroite va donc être instaurée. "Dans le cas où la maman n'a pas eu le temps de venir à la maternité, elle y est conduite par les pompiers ou le SAMU afin de vérifier que le placenta est bien sorti, qu'il n'y a pas de saignements, et s'assurer qu'il n'y a pas de déchirure du vagin. La patiente reste ensuite à la maternité pendant quelques jours. On débriefe aussi avec le mari qui peut être choqué d'avoir assisté voire aidé à l'accouchement à domicile lorsque les pompiers ou le SAMU n'ont pas pu arriver à temps", souligne le spécialiste. 

Merci au Pr Pierre-Emmanuel Bouet, gynécologue-obstétricien, chef du service de Médecine de la Reproduction au CHU d'Angers
Autour du même sujet