Accouchement à domicile : que se passe-t-il en cas de complications ?

Les accouchements à domicile ne sont pas sans risque. Sous quelles conditions les futures mamans peuvent-elles donner naissance chez elles ? Quelles précautions prendre ? Éclairage avec la sage-femme Anaïs Amiach.

Accouchement à domicile : que se passe-t-il en cas de complications ?
© 123RF-nataliaderiabina

En France, 0,2% des accouchements ont lieu à domicile, à l'aide d'une sage-femme ou d'une doula qui accompagne les jeunes mamans. Mais ces naissances ne sont pas sans risque et les décès peuvent survenir, faute de prise en charge adaptée. Si vous souhaitez accoucher à la maison, voici ce qu'il faut savoir.

Comment se passe un accouchement à domicile ?

Lors d'un accouchement à domicile, la sage-femme procède à la surveillance du travail à l'aide d'un monitoring, comme elle le ferait à l'hôpital. La principale différence selon Anaïs Amiach, sage-femme libérale travaillant pour Espace Natal : "dans le cas d'un accouchement à la maison, la sage-femme s'adapte au rythme de la maman et non au rythme hospitalier où elle a plusieurs patientes en même temps ce qui la rend moins présente". "La patiente n'est pas non plus perfusée, il y a moins de gestes techniques", précise-t-elle. 

Par ailleurs, "les accouchements à domicile ont souvent lieu dans une piscine gonflable remplie d'eau : L'eau va porter le poids du corps et ainsi aider à soulager les tensions et douleurs dans les reins, mais aussi celles des contractions". Elle va aussi ramollir le col ce qui favorise sa dilatation. Autre avantage à l'accouchement à domicile : la patiente peut se mettre dans la position qu'elle veut. 

Quelles sont les conditions pour accoucher à domicile ?

"L'accouchement à domicile n'est pas très démocratisé, car on estime souvent que c'est prendre des risques inutiles", note la sage-femme. Il est d'ailleurs très peu pratiqué en France, selon elle, mais en recrudescence : les parents aspirent de plus en plus à des accouchements moins médicalisés. Condition sine qua non pour espérer accoucher à la maison :

  • il ne faut pas habiter trop loin de la maternité (30 minutes maximum) au cas où l'on aurait besoin d'être transférée.
  • Il est impératif aussi que la maman soit en bonne santé et que sa grossesse se passe bien : pas d'hypertension, de diabète, d'obésité, d'antécédents médicaux particuliers, ni de complications au cours de la grossesse précédente.
  • On fait aussi une croix sur l'accouchement à domicile en cas de grossesse gémellaire ou de bébé qui se présente en siège, car une prise en charge médicale est essentielle, notamment si une césarienne est envisagée.

Accoucher à domicile tout en s'inscrivant à la maternité, en parallèle

L'accouchement à domicile nécessite d'être accompagnée d'une doula ou d'une sage-femme formée à ce type d'accouchement et qui ait l'habitude de le pratiquer. En effet, précise Anaïs Amiach, "pendant les études de sage-femme, nous ne bénéficions pas forcément de formation sur l'accouchement à domicile". La sage-femme sélectionnée nous accompagnera durant la grossesse et sera ensuite présente à nos côtés le jour J.

Toutefois, "il faut que la maman soit inscrite à la maternité en parallèle tout en précisant qu'elle souhaite accoucher à domicile", informe la sage-femme. Et, elle doit aussi avoir fait au moins une consultation avec un obstétricien de l'hôpital et avoir vu l'anesthésiste au cas où elle changerait d'avis au dernier moment et voudrait bénéficier d'une péridurale

Accouchement à domicile : quels avantages ?

Après avoir procédé aux formalités - s'inscrire à la maternité et faire appel à une sage-femme ou une doula - cette dernière va se rendre disponible et annuler tous ses rendez-vous le jour J pour être à nos côtés. La sage-femme va nous préparer au mieux à l'accouchement et s'adapter à notre rythme le moment venu

L'avantage : elle connait nos craintes, nos peurs, elle peut nous rassurer, nous accompagner dans la maîtrise de la douleur, faire participer le papa en lui montrant les gestes qu'il peut appliquer. Accoucher à la maison permet aussi de conserver son cocon familial et son confort, on est chez nous, dans notre environnement, c'est plus rassurant pour la maman. 

Quels sont les risques d'un accouchement à la maison ?

"Même si la grossesse s'est passée à merveille, il faut garder à l'esprit qu'on peut être amenée à basculer à tout instant à l'hôpital", avertit Anaïs Amiach. Selon elle, les accouchements à domicile sont d'ailleurs généralement plus souvent pratiqués lors d'une seconde grossesse, et lorsque la première s'est bien déroulée. 

En cas de complications, la maman sera immédiatement transférée à l'hôpital. Cela peut se produire en cas de stagnation de la dilatation, que le travail ne progresse pas et que l'on doit pratiquer une césarienne. Idem en cas d'anomalie du rythme cardiaque fœtal ou d'une hémorragie de la délivrance, il faut agir en urgence. Il peut aussi arriver que l'utilisation d'instruments - forceps, ventouse - soit nécessaire. Mais là encore, cela ne peut se faire qu'à l'hôpital. De même, si la maman craque et réclame une péridurale, seul un transfert aux urgences peut lui permettre d'en bénéficier. Enfin, en cas de réanimation du bébé, la sage-femme peut effectuer les premiers soins, mais il faudra transférer la maman et l'enfant.

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