Doula : son rôle pendant la grossesse et l'accouchement

Certains futurs parents choisissent de se faire accompagner par une doula pendant la grossesse. Un soutien qui peut s'avérer précieux et se révèle parfaitement complémentaire à la prise en charge médicale de la grossesse. Les explications de Marie Bardel, auxilliaire de puériculture et doula.

Doula : son rôle pendant la grossesse et l'accouchement
© Cathy Yeulet

Si l'emploi d'une doula est surtout fréquent en Amérique du nord, la pratique tend à se démocratiser en France depuis quelques années. Mais la profession reste mal connue et peu encadrée, suscitant ainsi beaucoup d'interrogations chez les futurs parents et parfois une certaine méfiance du corps médical. 

Qu'est-ce qu'une doula ?

Une doula, qu'on appelle aussi accompagnante à la naissance, accompagne un couple ou une famille dans toute la période qui entoure la grossesse : conception, PMA (procréation médicalement assistée), grossesse, accouchement et période post-natale. Elle n'est pas un professionnel de santé et n'est pas habilitée à réaliser des actes médicaux.  "La doula apporte avant tout un soutien émotionnel et logistique, une écoute active. Elle est une personne ressource qui permet aux futurs parents de se préparer à l'arrivée du bébé et de vivre la naissance dans les meilleures conditions.", explique Marie Bardel, doula depuis 2016.

Quelle formation pour devenir doula ?

"Il n'existe aucun cadre légal encadrant la profession", annonce d'emblée la doula. Il est donc possible de s'installer comme doula sans aucune formation ni expérience, la vigilance est donc de mise. Dans les faits, la plupart des femmes qui choisissent d'exercer cette profession sont des passionnées, et une immense majorité d'entre elles a suivi une formation. L'association Doulas de France regroupe un certain nombre de doulas, mais pas toutes, et il existe plusieurs instituts de formation. "On voit également fleurir beaucoup de formations en ligne, ce qui pour moi est un non-sens pour un métier basé sur la relation à l'autre", ajoute la doula qui s'est formée au sein du Centre Pleine Lune. "La formation, qui dure 9 mois, est très importante car elle alterne les cours théoriques, les ateliers mais aussi les mises en situation. Elle permet également de comprendre comment se mettre dans la posture de l'accompagnante", explique-t-elle. Pour exercer son métier, la doula a deux solutions : se déclarer comme auto-entrepreneure ou se faire rémunérer en CESU (chèque emploi service), ce qui permet aux parents de récupérer 50% des sommes versées en crédit d'impôt. 

Quel est le rôle de la doula ?

Le rôle de la doula pendant  la grossesse

La grossesse est une période déroutante à plus d'un titre ! "Bien souvent les futurs parents ne savent plus où donner de la tête, ils peuvent se sentir perdus face à cette multitude de nouvelles informations. Mon rôle en tant que doula va être de leur donner des informations claires et précises pour faire un choix éclairé", explique Marie Bardel. La doula va par exemple les conseiller sur les différents achats à effectuer, l'aménagement de la chambre, mais aussi être à leur côté pour écrire leur projet de naissance. "Je vais les aider à exprimer leurs souhaits et à élaborer leur projet de naissance. Je leur explique en détails le protocole hospitalier, de l'arrivée à la maternité aux premiers soins donnés au bébé, afin qu'ils puissent décider de ce dont ils ont envie pour accueillir leur enfant", ajoute-t-elle. La doula joue également un rôle très important auprès du papa, qui est bien souvent laissé de côté dans les préparations traditionnelles à l'accouchement. Même si on ne peut pas généraliser, les femmes qui sont accompagnées par une doula souhaitent généralement un accouchement le plus physiologique et naturel possible, ce qui est parfois effrayant pour le conjoint qui redoute de ne pas pouvoir aider sa compagne. "Je vais les rassurer mais aussi leur donner des gestes précis pour soutenir leur femme au mieux : je les initie au bercement rebozo, à l'accompagnement avec la voix, je leur explique aussi comment pratiquer l'acupression pour soulager la douleur", détaille la doula.

Le rôle de la doula pendant l'accouchement

Marie Bardel a eu la chance au cours de sa pratique d'être toujours bien accueillie au sein des maternités. "Les parents écrivent dans le projet de naissance qu'ils souhaitent ma présence et nous partons tous ensemble à la maternité le jour de l'accouchement"., explique la doula. Un investissement conséquent pour la doula qui peut donc passer de longues heures au côté du couple jusqu'à la naissance du bébé. "Que ce soit à l'hôpital ou à domicile, je ne m'immisce pas dans le couple, je ne prends pas la place du père mais je fais équipe avec lui. Nous sommes les gardiens du sanctuaire de la naissance", ajoute-t-elle. La doula pourra masser la future maman, l"aider à faire des exercices de respiration, la rassurer. Elle établit une relation de confiance avec elle afin qu'elle se sente en sécurité. 

Le rôle de la doula durant le post-partum

Le rôle de la doula est fondamental lors du post-partum, une période durant laquelle la jeune maman est particulièrement fragile sur le plan psychique et émotionnel. "Souvent les femmes ne sont pas suffisamment informées sur les difficultés qui peuvent survenir. C'est mon rôle de les y préparer et de déceler pendant la grossesse une éventuelle fragilité", explique Marie Bardel. "Je fais plusieurs visites : à 7, 14, 21 et 40 jours, pendant ce qu'on appelle la période des 40 jours, ou fenêtre sacrée. 40 jours pendant lesquels va se former le lien d'attachement avec le bébé et l'allaitement se mettre en place. C'est également le temps dont le corps a besoin pour se régénérer.", détaille la doula. Si cette dernière peut éventuellement donner des conseils quant aux soins du bébé, elle est surtout présente pour la jeune maman à qui elle va préparer des tisanes et des bouillons, mais aussi faire des massages, des bains de vapeur et pratiquer, lorsqu'elle y est formée, le serrage du corps pour resserrer le bassin. 

La doula, un soutien précieux lors d'une IVG 

Marie Bradel est également présente auprès des femmes qui prennent la décision de recourir à  une interruption volontaire de grossesse. Elle a notamment créé un compte Instagram baptisé "Mon IVG sacré" et s'apprête à lancer un podcast. "Il s'agit de faire un travail de libération émotionnel. J'accompagne la femme dans ce qu'elle vit, sans le minimiser et en nommant les différentes phases du deuil, Je peux également lui conseiller des plantes, des huiles essentielles", explique la doula.  

Quelle est la différence entre une doula et une sage-femme  ?

Une sage-femme est un professionnel de santé dont la pratique est réglementée par le code de la santé publique et le code de déontologie des sages-femmes. En France les études de sage-femme durent 5 ans et se composent de la première Année commune aux Etudes de Santé (PACES) puis de quatre années d'études au sein d'une école de sages-femmes. Si la sage-femme et la doula travaillent toutes les deux au service des femmes, la seconde n'a aucune formation médicale et ne saurait se substituer à la première. Les deux pratiques sont toutefois complémentaires, que ce soit lors d'un accouchement à domicile ou en maternité, et la doula, qui n'a pas à gérer l'aspect médical de la naissance, peut assurer un vrai rôle de soutien et d'accompagnement. "Je travaille vraiment en collaboration avec les sages-femmes. Elles exercent leur métier dans des conditions difficiles et ne disposent souvent pas du temps nécessaire pour assurer ce travail d'accompagnement, elles ne peuvent pas être auprès des futurs parents en permanence en permanence", explique la doula. 

Combien est rémunérée une doula ?

A l'inverse d'une sage-femme ou d'une puéricultrice dont les professions sont très encadrées, la doula fixe ses tarifs et les séances ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. Il existe donc d'assez grandes disparités d'une accompagnante à l'autre et le prix d'une séance oscille entre 50 et 80 euros. La plupart des doulas proposent également des forfaits : en prénatal, pour la présence à l'accouchement, pour le suivi en post-partum. "S'offrir un accompagnement est un vrai choix et cela représente un budget. Mais cela demande à la doula un véritable investissement, énormément d'énergie et de disponibilité. Il faut donc trouver le juste équilibre entre la rémunération et le travail fourni", explique la professionnelle. 

Merci à Marie Bardel, doula et auxiliaire de puériculture

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