Déchirure à l'accouchement : pourquoi, comment l'éviter ?

Déchirure spontanée, épisiotomie...L'accouchement laisse parfois des séquelles au niveau du périnée. Peut-on les éviter ? Que faire en cas de démangeaisons ? Comment favoriser la cicatrisation ? Réponses et conseils de Camille Tallet, sage-femme. 

Déchirure à l'accouchement : pourquoi, comment l'éviter ?
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Selon la dernière Enquête nationale périnatale réalisée en 2016, la déchirure périnéale au moment de l'accouchement concerne six femmes sur dix. En cause : un gros bébé, un périnée trop tonique, un manque d'élasticité ou une poussée trop forte. Si ce phénomène est redouté par les futures mamans, il ne doit pas être diabolisé pour autant car une bonne prise en charge permet une cicatrisation rapide et optimale. 

C'est quoi une déchirure à l'accouchement ?

Deux types de déchirures spontanées peuvent se produire au moment de l'accouchement. La déchirure incomplète, qui concerne uniquement la peau et les muqueuses. C'est la plus fréquente. Et la déchirure complète compliquée que l'on appelle désormais LOSA (lésions obstétricales du sphincter anal). " Dans la déchirure spontanée, on distingue différents types de lésions : éraillure superficielle, craquage de la peau, craquage de la peau et du muscle, craquage de la muqueuse, de la peau et du muscle ", développe Camille Tallet.

Quelle différence entre déchirure et épisiotomie ?

Contrairement à la déchirure qui survient spontanément, l'épisiotomie est un geste chirurgical effectué volontairement par la sage-femme ou le gynécologue lorsqu'une déchirure compliquée s'annonce ou qu'il y a une indication médicale. Selon la dernière Enquête nationale périnatale réalisée en 2016, le taux d'épisiotomie en France est aujourd'hui de 20%. Un chiffre en nette diminution, puisque le taux était de 27% lors du précédent rapport daté de 2010. " Pendant longtemps, l'épisiotomie a été réalisée de façon quasi systématique. Aujourd'hui, il existe des critères médicaux ou fœtaux qui la justifient. Ce geste chirurgical est diabolisé alors qu'il n'est jamais fait par plaisir ! Il vaut mieux une épisiotomie bien réalisée avec la bonne indication plutôt qu'une déchirure qui va partir dans tous les sens et que l'on aura du mal à suturer. On privilégie l'épisiotomie médio-latérale, c'est-à-dire qui part sur le côté, afin de protéger le sphincter de l'anus et de faire une cicatrice qui soit la moins gênante possible ", commente la sage-femme.

Peut-on éviter une déchirure à l'accouchement ? 

Malheureusement, il n'existe aucun moyen de prévenir une déchirure ou une épisiotomie à l'accouchement. Plusieurs techniques sont évoquées (massages, epi-no, exercices...) mais leur efficacité n'a jamais été démontrée scientifiquement. " Ce n'est pas ce qui se passe au moment de l'accouchement qui importe mais ce qui va se passer après. Plutôt que d'avoir peur de la déchirure qui est imprévisible, il  faut penser à l'après ! Car une bonne prise en charge permet une cicatrisation rapide, efficace et avec le moins de sensations désagréables possible ", rassure la spécialiste. 

Déchirure à l'accouchement : comment favoriser la cicatrisation et limiter les douleurs ?

" Le périnée est un muscle recouvert par la muqueuse vaginale. Cette zone cicatrise très bien parce qu'il s'agit d'une zone humide très vascularisée ", rassure Camille Tallet. Pour favoriser la cicatrisation et éviter les douleurs, il est essentiel de prendre des antalgiques de façon systématique pendant 24 à 48h, il ne faut pas attendre d'avoir mal. " Interdiction de s'asseoir sur ses fesses ou le moins possible et privilégier la position demi-assise ou allongée pour ne pas comprimer la cicatrice, on privilégie la position demi-assise ou allongée mais pas assise ", continue-t-elle. L'application d'antalgiques locaux comme la glace fonctionne aussi très bien. Le bon tempo ? Dix minutes chaque heure. On peut aussi tamponner la cicatrice avec une crème anesthésiante puis, dès que cela ira mieux, on pourra en mettre à l'intérieur du vagin afin de désensibiliser la zone. En parallèle, la sage-femme conseille de mobiliser son périnée avec des "contractez, relâchez" car la contraction induit un apport veineux et le relâchement provoque un retour sanguin qui va apporter de bons nutriments à la zone du périnée et ainsi aider à la cicatrisation. "Quand on a mal, on a tendance à ne plus bouger or c'est très important pour mobiliser les tissus. D'ailleurs, si vous savez que vous cicatrisez mal, il faut le dire à son gynécologue ou à sa sage-femme pour mettre en place une surveillance rapprochée ", indique la sage-femme.

Déchirure à l'accouchement : quand tombent les fils ? 

Les fils se résorbent ou tombent généralement 15 jours à 3 semaines après l'accouchement. En cas de douleurs, certains fils pourront être retirés par la sage-femme ou le médecin. 

Déchirure à l'accouchement : comment aller à la selle ? 

Aller à la selle en ayant une déchirure périnéale ne doit pas faire mal. Une douleur peut être le signe d'une fissure au niveau de l'anus, à vérifier avec la sage-femme. Pour éviter les douleurs en allant à la selle, il est recommandé de bien badigeonner la zone d'huile végétale ou de crème cicatrisante et d'aller à la selle le plus souvent possible. En parallèle, on consomme un maximum de fibres et on boit une eau riche en magnésium comme Hépar. Et surtout, pas d'inquiétude, il est impossible que la cicatrice s'ouvre, même si cette peur semble légitime. 

Déchirure qui gratte après l'accouchement, que faire ? 

Les démangeaisons sont inhérentes au processus de cicatrisation. Le meilleur moyen de limiter ce désagrément, c'est l'hydratation à l'aide de crème cicatrisante, d'huile végétale ou d'aloe vera.

 

Merci à Camille Tallet, sage-femme et co-auteure du livre au bonheur des vulves aux éditions Leduc
 
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