Cettre trentenaire niçoise a monté un empire du sport : rencontre avec la super coach Sissy Mua

Avec son ton enjoué et ses cours de sport à la portée de tous-tes, Sissy Mua s'est imposée comme la coach à suivre. Entraînements, nutritions, vêtements... Son entreprise TSE, cofondée avec son compagnon Tini, est une véritable success story. Elle a accepté de revenir sur son parcours avec nous et de partager sa vision du bien-être.

Cettre trentenaire niçoise a monté un empire du sport : rencontre avec la super coach Sissy Mua
© TSE

"Salut les fit gens !" Voici comment Sissy Mua accueille, toujours souriante, les millions de personnes qui la suivent lors de ses vidéos particulièrement regardées. Les "fit gens", donc, ce sont les abonné-e-s de cette coach de fitness de 32 ans, originaire de Nice. En quatorze ans, la jeune femme a monté un véritable empire du sport sur Internet et sur les réseaux sociaux, nommé Train Sweat Eat (TSE pour les initié-e-s) qui allie nutrition, entraînements à la maison et depuis peu, sportswear. Interview.

Journal des Femmes : Comment avez-vous débuté sur les réseaux sociaux ?
Sissy Mua :
J'ai découvert les réseaux sociaux en 2009, sur lesquels je partageais alors du contenu lifestyle, avant de découvrir mon amour pour le sport. Au début de mes études, j'ai commencé à développer une passion pour le fitness, que j'ai décidé de montrer sur les réseaux sociaux. À cette époque, le fitness n'était pas du tout populaire, il existait très peu de comptes dédiés à cette pratique sportive et j'étais la seule femme à en parler. Au fil des années, je me suis professionnalisée, j'ai grandi d'un point de vue sportif et sur les réseaux sociaux. Jusqu'au jour où, en 2019, j'ai souhaité aller plus loin dans ce que je pouvais proposer à mes abonné-e-s. C'est à ce moment-là que j'ai lancé TSE, mon application de sport, à laquelle j'ai ajouté un volet nutrition en 2020 et une marque de vêtements de sport en 2022.

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Maé, Mehdi, Tini, Sissy, Martin et Yaya, la team TSE © TSE

Quel est votre parcours ?
À la fin de mes études en bio et nutrition en 2013, j'ai commencé à chercher un travail tout en continuant mon activité sur les réseaux sociaux. Quelques mois plus tard, j'ai commencé à pouvoir vivre de YouTube et Instagram. C'est à ce moment-là que je me suis demandé "Pourquoi ne pas essayer de développer cette activité ?", au grand désespoir de mes parents. Cinq ans plus tard, quand j'ai lancé TSE, j'avais 600 000 abonnés sur YouTube et 1 000 000 sur Instagram [aujourd'hui, Sissy Mua est suivie par 1 950 000 de personnes sur YouTube et 2 000 000 de personnes sur Instagram, ndlr].

Quel était votre rapport au sport, plus jeune ?
Je viens d'une famille relativement sportive avec laquelle j'ai eu l'occasion de pratiquer du running, du vélo, du ski, du snow… J'ai eu une enfance active, mais je n'ai excellé dans aucune de ces disciplines, c'étaient simplement des loisirs. Ma pratique du fitness est devenue une passion plus tard, lorsque j'ai arrêté la danse, mais que je voulais continuer à me dépenser. Au bout de quelques mois, j'étais fan de ce sport.

Qu'est-ce que le sport apporte à votre vie ?
Une certaine rigueur, que l'on n'a pas toujours lorsque l'on ne pratique pas de sport. S'entraîner, ce n'est pas facile : il faut se lever tôt le matin, s'exercer peu importe la météo ou son état de forme… Au fur et à mesure, cette discipline s'applique dans la vie de tous les jours et procure un intense sentiment de bien-être qui permet de se sentir bien dans ses baskets. Je dis souvent qu'il faut aborder le sport de la même façon que l'on se lave les dents. On n'en a jamais vraiment envie, mais on n'envisage pas de ne pas le faire

Qu'est-ce qui vous a motivé à fonder TSE ?
J'ai longtemps misé sur les contenus gratuits et j'ai toujours cherché à fidéliser l'audience. J'ai attendu le bon moment, d'avoir de la maturité et les bonnes idées pour faire vivre l'entreprise en lançant un programme payant. Lorsque l'application est sortie en 2019, j'avais déjà une audience fidèle, notamment grâce à mes programmes Bikini avec Sissy. Ces contenus sportifs ont fait la réussite de mes réseaux sociaux, mais jusque-là, ils étaient circonscrits à une cible limitée et l'entraînement à la maison n'était pas forcément vu d'un bon œil. En 2020, avec le confinement, TSE a pris une autre dimension.

Que trouve-t-on sur votre site et votre application TSE ?
C'est la plateforme que j'aurais aimé avoir quand j'ai commencé le fitness. Elle contient une partie training composée de 800 vidéos tournées par une quinzaine de coachs. Elles durent entre 10 minutes et 1 heure pour les plus intenses et comprennent des cours d'abdos-fessiers, de pilates, de yoga, de cross training, de Hiit… Nos critères principaux, lorsqu'on les tourne, c'est qu'elles soient agréables à faire et qu'elles donnent envie aux gens. Parce que dans cet espace, tous-tes les utilisateur-ice-s doivent pouvoir trouver chaussure à leur pied, peu importe leur niveau ou leur âge. La partie nutrition, elle, propose des recettes saines, toutes déclinables en version végétarienne.

Qui sont vos utilisateur-ice-s ?
Leurs profils sont très variés. Hommes, femmes, sportif-ve-s ou non, jeunes ou moins jeunes… Chaque année, nous organisons aussi des shows en live [en 2023, ils ont eu lieu les 17 et 18 juin à Lyon, ndlr]. Les participant-e-s viennent en famille, avec leur chéri-e, leurs ami-e-s… Les trainings sont d'un niveau avancé et personne ne lâche, iels donnent tout. Pour les gens, nous sommes un tremplin au dépassement de soi, iels ne soupçonnent pas ce dont iels sont capables, et nous leurs faisons comprendre qu'iels peuvent aller plus loin. C'est exactement ce qui se passe sur l'application, mais en chair et en muscle.

Il n'y a pratiquement que des garçons qui animent les programmes, pourquoi ce choix ?
C'est vrai que nous avons plus d'hommes que de femmes, mais ce n'est pas forcément une volonté, plutôt une traduction du monde sportif, davantage masculin. Nous sommes à la recherche de profils féminins, pour qu'il y ait plus de variété et de mixité. Mais, il faut le dire, les coaches hommes ne sont pas du tout un frein pour nos abonnées, au contraire, ça a tendance à les motiver !

Quelle image avez-vous l'impression que le grand public a des sportifs et sportives ? De leurs corps ?
Au sein de notre communauté, il n'y a pas de problème particulier, chaque athlète a le corps qui correspond sa pratique sportive. En revanche, sur les réseaux sociaux, dès lors qu'un mode de vie, une apparence s'éloigne du chemin, on s'expose à la critique. Ma présence en ligne a forgé mon caractère, notamment parce que j'ai reçu un nombre énorme de critiques et de commentaires. Mais, je veux rappeler aux femmes que l'on vit pour soi, pas pour l'avis d'autrui.

Vous enregistrez toutes vos vidéos à l'extérieur. Est-ce que pour vous, c'est important que les femmes s'approprient l'espace public pour leur pratique sportive ?
J'accorde beaucoup d'importance à l'esthétique, et avoir de beaux décors contribue à la motivation que l'on peut transmettre aux gens à travers l'écran. Maintenant, c'est vrai que lorsque j'ai commencé le sport en salle de muscu, je me sentais gênée, je n'osais pas y aller. Aujourd'hui dans une nouvelle salle de sport, je serais aussi mal à l'aise, mais en réalité, les gens sont bienveillants. Alors oui, ça peut arriver de tomber sur des lourdauds, mais plus nous serons nombreuses dans les salles, moins notre présence suscitera de l'intérêt.

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Sissy Mua en pleine session entraînement © TSE

Vous venez de lancer votre ligne de vêtements de sport, est-ce que vous pouvez nous en parler ?
Comme toujours avec TSE, nous avons essayé de créer ce qui me convenait à moi. Dans les collections que nous proposons, nous essayons de marier performances, confort et style. Si c'est assez commun outre-Atlantique, en France, il n'y a pas trop de vêtements qui sont à la fois confortables et sexy. Nous écoutons les retours des client-e-s pour améliorer les produits et les modifier. Nous avons la possibilité d'être très agiles dans notre travail au quotidien, et ce, même si nous sommes désormais une trentaine à travailler pour l'entreprise.

Est-ce que vous vous êtes heurtée à des situations particulières parce que vous étiez une femme qui fait du sport ou qui monte sa boîte dans le sport ?
J'ai plutôt été confrontée à des gens qui ne me prenaient pas au sérieux quand j'ai commencé sur les réseaux sociaux. Comme j'étais la première femme sur ce créneau sport, ma légitimité était sans cesse remise en question. Mais, c'est pendant le confinement que j'ai été le plus critiquée. J'avais du succès, donc je recevais énormément de haine. Heureusement que j'étais soutenue, parce que c'était quotidien.

Quels conseils donneriez-vous à nos lectrices ?
Il ne faut pas se mettre de barrière, mais plutôt s'approprier sa pratique du sport. On a tendance à trop valoriser la surpratique au début, alors que se mettre au sport, c'est faire 10 minutes par semaine, puis 3 fois 10 minutes, etc. Le sport est à la portée de tous-tes !

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