Je suis cycliste, j'ai 30 ans et je suis leadeuse d'une équipe sur le Tour de France Femmes

Leader de la formation St Michel - Mavic - Auber 93 sur la deuxième édition du Tour de France Femmes, Coralie Demay, 30 ans, affiche ses ambitions. À moins de 24 heures du départ, la cycliste, qui vit à Annecy, s'est confiée au Journal des Femmes.

Je suis cycliste, j'ai 30 ans et je suis leadeuse d'une équipe sur le Tour de France Femmes
© Auguste Devaire

Enfant, Coralie Demay s'est essayée au judo, à la gymnastique, la danse et l'équitation avant de définitivement pencher vers le cyclisme que pratiquaient déjà ses frères. La jeune Bretonne, qui vit désormais à Annecy, a depuis fait ses armes sur la piste, en remportant de multiples titres de championne de France et se qualifiant pour les Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Mais c'est désormais sur la route, au sein de l'équipe St Michel - Mavic - Auber 93, que l'athlète exerce ses talents. Le dimanche 23 juillet, elle s'est alignée sur la ligne de départ de la deuxième édition du Tour de France Femmes.

Journal des Femmes : Quelles sont vos ambitions pour cette deuxième édition du Tour de France Femmes ?
Coralie Demay : Cette année, je suis leadeuse de l'équipe St Michel - Mavic - Auber 93. J'ai envie de bien faire et de faire honneur à ce rôle qu'on m'a confié. Nous sommes ambitieux-ses en visant un top 15.

Que représente cette course pour vous ?
C'est la plus belle du calendrier. L'an dernier, pour la première édition, je disais souvent que nous n'en rêvons pas, puisqu'elle n'existait pas. Elle conjugue une belle organisation, un public nombreux sur le bord des routes, une concurrence d'un sacré niveau... Tout le monde veut être au meilleur de sa forme pour gagner, ce qui donne une intensité de tous les instants sur les différentes étapes. Ça ne débranche jamais !

Comment vous êtes-vous préparée pour ce Tour de France Femmes ?
Avec mon entraîneur, nous avons fait en sorte que j'atteigne mon pic de forme à partir des championnats de France de cyclisme sur route et que cela dure jusqu'au Tour. Nous avons également fait du repérage, notamment sur les deux étapes des Pyrénées il y a un mois et demi.

Y-a-t-il une étape que vous attendez plus qu'une autre ?
Non. Mon rôle de leadeuse fait que je n'en ai pas coché une. Je veux faire le meilleur résultat possible au classement général, donc je dois assurer sur chacune des étapes. Je serai contente quand nous arriverons au contre-la-montre à Pau, car j'adore ce type d'effort et ce sera la fin.

Coralie Demay à la veille du Tour de France Femmes © Auguste Devaire

À quoi ressemble la semaine d'entraînement d'une cycliste professionnelle ?
Si j'ai fait une course le week-end, je récupère le lundi, puis dans la semaine, je fais deux sorties longues (plus de 3h30) et deux courtes avec du travail d'intensité. Mais je n'ai pas vraiment de routine, les exercices varient très souvent. J'intègre aussi de la préparation physique à mon programme, même si j'en fais un peu moins à l'approche des échéances pour éviter les courbatures. Avec mon entraîneur, nous travaillons sur une plateforme pour échanger à distance. Il récupère ainsi les données de mes différentes séances, nous échangeons, nous nous adaptons. La directrice sportive de l'équipe, Charlotte Bravard, peut également voir ces données et ainsi évaluer l'état de forme des membres de l'équipe.

Depuis quelques années, le cyclisme féminin a beaucoup évolué. Comment avez-vous vécu les choses ?
J'ai eu beaucoup de chance, car ma carrière a suivi cette évolution. Je suis arrivée "au bon moment". J'ai intégré l'équipe de France de cyclisme sur piste après mes études. Je me suis laissée un an pour participer aux différents déplacements à l'étranger et voir ce que ça pouvait donner. Après cette année-là, j'ai intégré l'équipe Futuroscope (aujourd'hui FDJ). J'avais un petit salaire. Puis à mes 25 ans, j'ai intégré l'armée des champions et j'ai pu toucher un SMIC. Alors, il y a évidemment encore d'énormes écarts entre les primes des hommes et femmes, mais j'ai débuté le cyclisme en touchant 600 euros par mois, donc l'évolution en 5 ans seulement me paraît dingue.

Est-ce que l'arrivée du Tour de France Femmes en 2022 a participé à cette évolution ?
Oui. Surtout au niveau du grand public, grâce à la médiatisation et à la retransmission de la course sur France Télévisions. Cela a fait venir de nombreux sponsors rien que pour cet événement.

À moins de 24 heures du départ, comment vous sentez-vous ?
Étonnamment bien. J'ai participé aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021 au cours desquels je n'avais pas bien réussi à gérer cette pression. Cela m'a fait grandir. Pour ce Tour de France Femmes, ma préparation en amont est faite. Même si je serai évidemment stressée demain, car on ne sait jamais ce qui peut se passer !

Les Jeux olympiques de 2021 restent tout de même un bon souvenir ?
Pas vraiment. C'est un événement très particulier pour tous les athlètes. On attend durant 4 ans (et ici, il a fallu ajouter une année de plus à cause du Covid-19), tu représentes ton pays, la sélection est très difficile, tous les yeux sont rivés sur toi. La pression est indescriptible. On s'entraîne durant des années pour seulement quelques minutes pendant lesquelles le droit à l'erreur n'existe pas. On entend souvent dire que l'on ne peut pas réussir ses premiers Jeux même s'il y a des exceptions. C'était trop pour moi. Je ne suis d'ailleurs pas remonté sur un vélo de piste depuis. Mais ça m'a rendue plus forte ! Je ne serais pas là aujourd'hui si je n'avais pas traversé cette épreuve.

Avez-vous tout de même envie d'être présente à Paris en 2024 mais sur route cette fois ?
​​​​​​​Bien sûr ! Je rêve de faire partie des quatre filles qui seront sélectionnées pour représenter la France. Après mon début de carrière sur piste, ce serait beau d'arriver à changer de discipline tout en restant au plus haut niveau.  

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