Mirna Valerio, ultramarathonienne "plus size" : " Mon corps n'a jamais été un obstacle "

À 47 ans, l'Américaine Mirna Valerio a été choisie pour devenir ambassadrice Lululemon et participer au programme "Further", qui la mènera à parcourir la distance la plus longue qu'elle ait jamais courue en 2024, aux côtés d'autres sportives inspirantes.

Mirna Valerio, ultramarathonienne "plus size" : " Mon corps n'a jamais été un obstacle "
© Lululemon

Aller plus loin. Le 8 mars 2024, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, Lululemon organisera un ultramarathon sur six jours. Au départ, 10 athlètes et ambassadrices de la marque aux profils divers. Parmi elles, Mirna Valerio. Suivie par plus de 157 000 abonnés sur son génial compte Instagram (@themirnavator) et fondatrice de la communauté FatGirlRunning sur Facebook, cette Américaine de 47 ans qui vit dans le Vermont partage depuis plusieurs années son quotidien de sportive sur les réseaux sociaux. Ancienne professeure d'espagnol, celle qui se définit comme une aventurière est aussi conférencière et écrivaine. Son objectif : casser les codes et les stéréotypes et faire comprendre au monde que tous les corps sont athlétiques. Et ce, quelque soit votre poids, votre taille ou votre âge. Un message fort porté par une femme qui l'est tout autant et qui compte aujourd'hui 11 marathons et 14 ultramarathons à son actif. Grâce au programme "Further", qui mêle recherche et technique, Mirna Valerio tentera de battre son record de distance parcourue en mars 2024, soit 100km. Un incroyable défi sur lequel elle se confie.

Journal des Femmes : Comment avez-vous commencé à courir ?
Mirna Valerio : 
C'était en 1989, alors que j'étais en troisième. J'ai participé à un entraînement pour faire partie d'une équipe de hockey sur gazon. Et ce n'était pas facile : on nous a demandé de courir 1 mile pour nous échauffer [soit l'équivalent d'1,6km], d'en refaire un autre derrière puis d'enchaîner avec les 2h30 de pratique. C'était tellement dur pour moi. Je n'avais jamais fait ce type d'activité avant. Puis, alors que nous devions sprinter, la coach est venue vers moi. Je pensais qu'elle allait me dire que l'on n'avait pas besoin de moi dans l'équipe. Mais elle m'a dit : "Je sais que c'est très dur, mais tu as clairement envie d'être là. Donc continue, tu as fait du bon travail." J'avais envie de la rendre fière. J'ai commencé le running le lendemain matin. J'avais d'énormes courbatures, mais j'y suis allée, et ce tous les matins avant l'école. J'allais courir, je revenais à mon dortoir, je prenais ma douche, mon petit-déjeuner et j'allais en cours. J'ai vite aimé cette routine. Elle m'a permis d'être plus en forme, plus rapide et d'arriver à suivre l'équipe de hockey. C'est le moment où ma trajectoire de vie a changé.

L’ultramarathonienne Mirna Valerio © Lululemon

Qu'est-ce que le sport vous apporte dans la vie ?
De la joie. Pas forcément sur le moment parce que courir est difficile. On peut être fatigué, mais à chaque fois, à la fin d'un footing, et surtout quand je ne voulais pas le faire, je me sens bien. Il y a les endorphines, le sentiment du devoir accompli, d'avoir fait quelque chose de bien pour ma forme physique et pour ma santé mentale. Même quand je cours sur mon tapis !

Vous avez commencé à raconter votre vie de runneuse sur un blog intitulé Fatgirlrunning en 2008. Il s'est ensuite transformé en une communauté de runneuse.
Oui, la page Facebook Fatgirlrunning compte aujourd'hui 16 000 membres. Nous organisons des challenges, des entraînements, participons à des courses. La règle numéro 1 : on ne parle pas de perte de poids. Il y a des milliers d'endroits sur Internet où évoquer cette problématique si l'on a envie de se mettre au régime. Mais sur ce groupe, nous parlons de running, de sport et de rien d'autre.

Avez-vous rencontré des obstacles dans votre vie de sportive ?
Certaines personnes pensent que mon corps pourrait être un obstacle, mais ça n'a jamais été le cas. Il est comme il est. J'ai en revanche dû lutter avec ma santé mentale. En 2008, je suis tombée dans une spirale négative : je dormais mal, je travaillais trop et je ne faisais rien pour moi. J'ai fini par faire une attaque de panique. Je me suis alors remise à courir. Très vite, j'ai senti des changements : un niveau de stress moins élevé, moins d'heures passées au bureau, un meilleur sommeil car j'étais fatiguée le soir en me couchant… L'anxiété est partie au fur et à mesure. Un autre obstacle : les blessures, car j'adore courir tout le temps et je veux toujours y aller. Certaines personnes veulent aller plus vite, moi, je veux courir plus longtemps. Ce qui peut parfois mener à la blessure. Mais nous avons travaillé avec mon coach et c'est maintenant derrière moi.

Qu'aimez-vous dans le fait de faire de la longue distance ?
Je pense que mon corps est fait pour la longue distance. J'ai couru un 5 km ce week-end et c'était horrible ! Tu dois aller plus vite qu'à ton allure naturelle. Moi, j'aime courir lentement, du début à la fin. Puis je suis curieuse de savoir jusqu'où je peux aller, jusqu'où mon corps peut me porter.

Vous avez été choisie pour participer au programme "Further" de Lululemon. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Je suis sincèrement honorée. Ils auraient pu choisir n'importe quelle athlète de haut niveau pour rejoindre l'équipe. Je suis une personne plus size, or la plupart du temps, les gens comme moi ne sont pas visibles dans les médias et encore moins pour représenter la communauté du running. En me mettant en avant, Lululemon reconnaît que tous les corps peuvent être athlétiques. Aujourd'hui, si je me rends à New York sur la Cinquième Avenue, il y a ma photo dans la vitrine du magasin. Peut-être que certaines personnes n'ont jamais vu une personne faisant mon poids être représentée comme une athlète. Peut-être qu'elles vont se dire que, elles aussi, qu’elles peuvent se mettre à courir. C'est un message très clair et je suis impatiente de continuer à changer la manière dont les histoires sont racontées.

Les athlètes participant au programme Further © Lululemon

Comment allez-vous vous préparer à ce challenge qui se tiendra en 2024 ?
Mon coach est déjà en train de devenir fou. Il est très excité par cette perspective et moi aussi. Pour le moment, nous gardons le même kilométrage chaque semaine pour éviter les blessures. Je fais aussi du vélo, des étirements. Je m'alignerai également sur quelques courses avant le jour-J.

Quel message aimeriez-vous faire passer à nos lecteur-ice-s ?
Nous recevons de nombreuses injonctions de la société, à propos de ce que l'on doit faire ou ne pas faire. Mais il est important de créer sa propre histoire. Si ce quelque chose est considéré par la société comme "pas pour vous", je vous mets au défi de vous lancer. 

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