Caroline Marks, championne du monde de surf : "C'est lorsque je ne vais pas bien que j'apprends le plus sur moi"

Elle s'appelle Caroline Marks, elle a 21 ans et elle est surfeuse professionnelle. Rencontre avec une championne du monde solaire.

Caroline Marks, championne du monde de surf : "C'est lorsque je ne vais pas bien que j'apprends le plus sur moi"
© Roxy

Caroline Marks est originaire de Melbourne Beach, en Floride, mais c'est depuis la plage des Culs Nus, à Hossegor, où se déroulait le Quiksilver Festival du 23 septembre au 1er octobre 2023, que la championne du monde de surf a répondu aux questions du Journal des Femmes.

Journal des Femmes : Quand avez-vous commencé à surfer ?
Caroline Marks :
J'ai débuté à l'âge de 8 ans, à cause de mes grands frères. Ils étaient super cool et je voulais être exactement comme eux. À l'époque, c'est tout ce qui m'importait. Ils m'ont toujours aidée et entourée dans ma pratique. Donc c'est seulement quand j'ai grandi que je me suis rendu compte que j'évoluais dans un milieu principalement masculin.

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Caroline Marks © Roxy

Dans quel type de famille avez-vous grandi ?
Mes parents m'ont toujours beaucoup soutenue, peu importe ce que je voulais faire. Ce qui comptait le plus pour eux, c'était que je fasse du sport à l'école, que je ne passe pas mes journées sur mon téléphone, que j'aie des hobbys sains et que je sois une bonne personne. Lorsque j'ai choisi le surf, ils ne m'ont jamais poussé de manière malsaine, ils voulaient juste m'encourager. Je pense que si j'aime autant cette discipline, c'est parce qu'on ne m'a jamais forcée à quoi que ce soit.

Vous avez participé à votre première compétition d'élite à l'âge de 15 ans. Étiez-vous prête pour le haut niveau ?
À l'époque, mon but était de prendre des vagues partout dans le monde pour emmagasiner de l'expérience. Nous avons eu une grande discussion tous-tes ensemble et nous avons décidé que ma famille me suivrait partout les deux premières années pour participer aux différents tournois. Grâce à mes parents et à mes quatre frères, j'ai pu vivre mon rêve.

À quoi ressemble une tournée ?
La saison dure de janvier à septembre avec quelques jours off entre chaque destination. C'est quasi impossible de rentrer chez soi pendant ces neuf mois, au cours desquels la tournée passe par Hawaï, l'Australie, le Brésil, le Salvador, Tahiti, l'Afrique du Sud, le Portugal et s'achève en Californie. Aujourd'hui encore, je pars avec mon père ou ma mère, parfois l'un de mes plus grands frères, et mon coach.

Qu'avez-vous ressenti quand vous êtes devenue championne du monde à Trestles en 2023 ?
"Oh mon Dieu, ça vient d'arriver, la vache !" J'étais très émue, c'était un rêve qui devenait réalité, donc j'ai été traversée par des sentiments très différents. En réalité, aujourd'hui encore, je me sens toujours euphorique. Ce titre, c'était mon but, c'est dingue d'y être arrivée. Je n'ai jamais rien éprouvé de tel.

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Caroline Marks célèbre son titre de championne du monde 2023 © Roxy

Quelles sont les particularités du surf en compétition ?
Les conditions changent beaucoup en fonction de la température. Les compétitions durent 12 jours et les athlètes ne savent pas exactement quand iels devront surfer, donc il faut toujours être prêt-e à tout. Le mood de ce sport, c'est : "Go with the flow". Alors bien sûr, c'est frustrant lorsque les vagues ne viennent pas à toi. Mais c'est aussi la beauté du surf : tu es dans l'eau, tu dois prendre les bonnes décisions et réussir à être stratégique.

Vous avez connu des problèmes de santé mentale en 2022. Que s'est-il passé ?
J'ai pris du temps off pour régler des soucis. Je subis beaucoup de pression depuis mes débuts, donc j'avais besoin d'un break. Ce n'était pas facile et j'ai énormément appris pendant cette période. J'apprends encore tous les jours, d'ailleurs. Je n'avais pas envie de faire cette pause, à l'époque, mais maintenant, je suis reconnaissante d'avoir pu vivre ce moment qui était, bizarrement, assez beau.

Comment avez-vous trouvé la force de revenir tout en haut en 2023 ?
J'ai travaillé sur moi, j'ai été très bien entourée, notamment par un psychologue sportif. Et puis, cela fait des années que je me dédie au surf, que je passe ma vie dans l'eau à m'entraîner pour être au top.

Que conseilleriez-vous à des personnes ou à des athlètes qui traversent des épisodes compliqués ?
J'ai l'impression que lorsque l'on vit des moments durs, on se demande : "Mais qu'est-ce que j'ai fait de mal ?". Désormais, je me dis que c'est lorsque je ne vais pas bien que j'apprends le plus sur moi. Parce que ces moments peuvent te briser ou te rendre plus fort-e. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est qu'à un moment, tu iras mieux, et que si tu te sacrifies, si tu travailles, tout s'arrangera.

Quels sont vos objectifs pour 2024 ?
J'aimerais être à nouveau championne du monde, remporter une médaille aux Jeux olympiques, et surtout m'amuser.

À part le surf, quelles sont vos passions ?
Je suis souvent sur les routes pour le surf, donc lorsque je suis chez moi, je veux passer du temps avec ma famille et mon chien. Et faire un peu de pêche, j'adore ça !

Quelle relation entretenez-vous avez la marque Roxy ?
C'est une marque iconique. Toutes les surfeuses ont envie d'être une Roxy girl. Tellement de femmes inspirantes ont fait ou font partie de ce crew, comme Stephanie Gilmore, qui est mon athlète favorite.

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