Lucile Woodward : " Il faut que les hommes s'engagent pour les femmes "

C'est l'une des coaches sportives les plus appréciées en France. Ce qui plaît ? Son approche bienveillante du sport et de l'alimentation. Ce qui l'anime : permettre aux personnes qui la suivent d'adopter des bons réflexes et de bouger un maximum à travers les programmes de son entreprise Wellso.

Lucile Woodward : " Il faut que les hommes s'engagent pour les femmes "
© Lucile Woodward

C'est en 2008 que Lucile Woodward devient coach sportive. Jusqu'ici, cette amatrice d'activités physiques était journaliste médical. Au fil des années, elle rassemble sur YouTube, Facebook et Instagram une vraie communauté de femmes auprès desquelles elle prône un mode de vie sain, loin "du culte du corps ou de la performance", selon ses mots. Ce qui l'intéresse, c'est de promouvoir une "bonne hygiène de vie au quotidien", via ses programmes de sport, longtemps incarnés par elle-même (ils se sont longtemps appelés Boby By Lucile), devenus depuis fin 2022 Wellso. "J'ai intégré d'autres coaches, d'autres expert.e.s, pour toucher une audience plus large. Dans ces programmes de remise en forme sportive, on trouve des vidéos de sport, des menus, des recettes, des conseils pour apprendre à mieux manger, des coachings audio pour les séances de cardio…"

25 % de sport en moins chaque semaine pour les femmes

Ces derniers temps, la communauté de Lucile Woodward l'a beaucoup entendue prendre la parole sur le temps que les femmes consacrent au sport dans leur semaine. Et pour cause : Strava, l'application d'enregistrement d'activités physiques, a publié des chiffres édifiants. Les femmes consacreraient 25 % de temps en moins à la pratique sportive que les hommes, soit 38 minutes de moins par semaine. "C'est quelque chose que l'on ressentait, mais c'est toujours bien d'avoir des études qui étayent nos constatations. On le voit dans les salles de sport, les salles d'escalade, mais aussi au départ des courses sportives. Ou encore au stade de foot du village où je vis. Quand il y a un match, il n'y a presque que des pères avec leurs fils, très peu emmènent leurs filles. Même constat dans les skate parks. Et ça commence dès l'enfance, dans la cour de récréation. Généralement, les garçons occupent un maximum d'espace avec leurs balles de foot, ils se font de longues passes en tapant hyper fort. Les filles, elles, se mettent de côté et prennent moins de place".

Ce qui freine la pratique sportive des femmes, c'est aussi la sécurité. Adidas révélait ainsi lors d'une récente étude que 92 % des coureuses ne se sentent pas safe lorsqu'elles s'entraînent. Pourtant, Lucile Woodward l'assure : "les femmes ont besoin d'autant de sport que les hommes, soit 150 minutes grand minimum par semaine. L'activité physique a des effets sur le corps et le mental : les conditions cardio vasculaires, pulmonaires, la circulation du sang dans l'organisme… Elle permet la diffusion de l'hormone du bonheur qui aide à diminuer les symptômes de la dépression. Selon des études récentes, la dépression est mieux soignée par le sport que par les médicaments". 

Des solutions à la portée de tous.tes

Alors, pour encourager les femmes à consacrer davantage de temps au sport, Lucile Woodward, très proche de l'association SineQuaNon, qui promeut l'égalité femme-homme dans le sport, aimerait voir apparaître plus d'infrastructures adaptées à l'activité physique des femmes, comme des parcours éclairés pour s'entraîner en extérieur tôt le matin ou tard le soir. Elle souhaiterait aussi que : "les hommes s'engagent, aident leurs compagnes, leurs sœurs, leurs mères, leurs filles à faire plus de sport au quotidien". C'est d'ailleurs ce qu'elle essaye d'apprendre à son fils, actuellement élève en 5ème. Être attentif à ses camarades et les encourager pendant les cours de sport. Avec sa fille, Lucile Woodward applique le même traitement qu'à son adolescent : "Ma fille et mon fils sont inscrits à autant de sports l'un que l'autre. Des sports qu'ils aiment, mais dans lesquels ils sont challengés pour qu'ils puissent progresser". Elle-même a fait de la natation en compétition jusqu'à ses 15 ans. Un milieu où les encadrants étaient principalement des hommes, mais où elle n'a jamais rencontré de personnes malveillantes ou d'entraîneurs malintentionnés. "C'est important de le dire, il faut rassurer les parents pour que cette crainte ne soit pas un frein à la pratique sportive de leurs filles". Soutenues par leurs proches dès leur plus jeune âge, les petites filles d'aujourd'hui pourraient bien être les grandes athlètes de demain, ou au moins, des sportives à qui personne ne dirait, lorsqu'elles annoncent leur envie de courir un marathon ou un Iron Man : "Tu es folle, tu ne vas jamais y arriver". À la place, elles entendront peut-être enfin : "Super idée, comment vas-tu t'entraîner ? Tu vises quel temps ? C'est génial, tu vas assurer".

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