Le pourcentage de joggeuses qui ont peur de courir seules est dément

Adidas vient de dévoiler une vidéo intitulée "The Ridiculous Run" pour alerter sur les peurs qui pèsent sur les épaules des femmes lorsqu'elles courent (et, plus largement) font du sport dans l'espace public.

Le pourcentage de joggeuses qui ont peur de courir seules est dément
© Campagne "The Ridiculous Run" d'Adidas

Avez-vous déjà couru seule ? Dans ce cas, vous avez sûrement déjà remarqué les automobilistes qui ralentissent pour vous regarder passer, les réflexions déplacées d'inconnus lorsqu'ils vous croisent, les regards appuyés qui détaillent la silhouette... Autant de mini agressions auxquels s'ajoutent les faits divers glaçants. Adidas a souhaité s'emparer de ce sujet et a mené une étude avec Vitreous World auprès de 9 000 coureur.euse.s âgé.e.s de 16 à 34 ans de neuf pays différents (Japon, Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni, Mexique, Emirats Arabes Unis, France, Allemagne, Corée du Sud) pour dresser un état des lieux. Le constat est alarmant : 92 % des femmes se disent inquiètes pour leur sécurité, tandis que 51 % craignent d'être physiquement agressées pendant leurs runs, tandis que chez les hommes, ils sont 28 % à partager ces craintes. Au total, ce sont 38 % des femmes interrogées par Adidas qui ont été victimes de harcèlement physique ou moral, et 46 % d'entre elles ont renoncé à la course suite à ces incidents.

Les femmes consacrent 25 % de temps en moins que les hommes au sport

Des chiffres à corréler avec ceux de l'application de sport Strava, dévoilés le 1er mars 2023. Celle-ci remarque qu'en France, les femmes consacrent 25 % de temps en moins que les hommes à l'activité physique, soit 38 minutes de moins par semaines. En cause, entre autres, l'insécurité. Strava constate par exemple que les femmes s'entraînent moins la nuit que les hommes. Ainsi, elles sont 45 % de moins à pratiquer avant le lever du soleil, et 16 % de moins après le coucher du soleil. Et quand elles enfilent leurs baskets pour courir, elles mettent en place des stratégies afin de se sentir en sécurité : être toujours alerte en écoutant sa musique avec un seul écouteur, s'entraîner avec un sifflet à la main, opter pour des tenues spécifiques, sortir à plusieurs, partager sa géolocalisation avec ses proches... C'est précisément le fait que les coureuses aient besoin de recourir à ces précautions pour pouvoir faire du sport dans l'espace public qu'Adidas a souhaité dénoncer via son film The Ridiculous Run réalisé avec l'association White Ribbon. 

On y voit des femmes courir de nuit dans la ville sous escorte. Des mesures qui paraissent absurdes dans l'absolu, mais qui ne sont pas fondamentalement différentes de celles que doivent prendre actuellement les femmes pour faire du sport. C'est pour cette raison que Mathilde Castres a fondé en 2017 l'association Sine Qua Non et organise des sessions de running et de training le soir afin que les femmes se réapproprient les rues : "Nous revendiquons l'accès pour les femmes et les jeunes filles à tous les terrains de sports urbains et à tous les espaces publics où elles voudraient pratiquer leur activité, sans qu'elles soient discriminées ou agressées verbalement et physiquement. Nous voulons changer le récit actuel qui laisse trop de place aux injonctions et aux jugements qui font croire aux femmes qu'elles ne sont pas à leur place", a expliqué la présidente de l'association dans un communiqué publié par Strava. De son côté, Adidas a publié un manuel pour éduquer les hommes à ces problématiques : "Si nous parvenons à convaincre quelques hommes de l'importance du rôle qu'ils peuvent jouer en tant qu'alliés, nous aurons déjà fait quelques pas qui, avec un peu de chance, contribueront à apporter le changement que nous attendons", souligne Sina Neubrandt la directrice de la communication internationale d'Adidas Women. Espérons que nous n'ayons pas à attendre trop longtemps.