Pamera Losange, la sprinteuse atteinte de surdité qui rêve de Paris 2024

À la fin du mois de juillet 2023, sur la piste d'Albi, Pamera Losange s'est adjugé le titre de championne de France élite du 200 m. En 23'25s, l'athlète de 21 ans, encore espoir, a devancé Hélène Parisot et Diana Iscaye après une dernière ligne droite où elle n'a laissé aucune chance à ses adversaires du jour. Une victoire à la saveur particulière : la sprinteuse s'était blessée au même endroit un an auparavant. "J'étais émue", nous raconte Pamera Losange entre deux entraînements à l'INSEP. "Avant le départ, j'avais très envie de gagner. Je savais que j'en étais capable". Un premier titre au niveau national qui tombe à pic, un an avant les Jeux olympiques de Paris 2024.

L'avenir du sprint français

Admirative des performances d'Usain Bolt, d'Allyson Felix, mais aussi de celles de sa sœur Natalia, sprinteuse tout comme elle, Pamera Losange a commencé l'athlétisme à l'âge de 13 ans en signant sa première licence avec l'Entente Franconville Césame Val-d'Oise. Très vite, les qualités de vitesse de la sprinteuse née à Sarcelles font mouche. En 2018, elle décroche une médaille d'argent aux championnats d'Europe cadets sur 100 m. Une performance d'autant plus notable que Pamera Losange est atteinte de surdité depuis sa naissance. Alors comment fait-elle pour performer sur des courses où partir le plus vite possible pour prendre l'ascendant sur ses adversaires est primordial : "Je suis appareillée. Au départ, je me mets dans ma bulle et je dois me concentrer pour entendre le coup de pistolet. Et même si j'ai un peu de retard, je sais que je peux le rattraper sur la suite de la course", nous explique la jeune femme de 21 ans soutenue par l'entreprise Audio 2000. "Je suis fière d'être accompagnée par cette enseigne de santé auditive, qui comprend les problématiques d'une personne malentendante. Grâce à mon équipement auditif, je peux vivre ma vie de jeune femme sportive comme tout le monde." Le 200 m est définitivement sa distance préférée. Elle évoque à plusieurs reprises cette sensation de vitesse dans le virage qui précède la dernière ligne droite, celle où les sprinteur-euse-s lâchent leurs dernières forces pour arriver le plus vite possible.

Paris en ligne de mire

Dans moins d'un an, Pamera Losange espère être au rendez-vous sur la piste du Stade de France : "Je veux courir lors de ces Jeux olympiques, c'est mon objectif de l'année 2024." Contrairement aux personnes en situation de handicap physique ou mental, les sourd-e-s et malentendant-e-s ne prennent pas part aux Jeux paralympiques. Ils ont leur propre compétition, les Deaflympics, organisée tous les quatre ans depuis 1924 (soit 36 ans avant la première édition des Jeux paralympiques). En 2022, Pamera Losange y a d'ailleurs remporté le 100 m et le 200 m. Mais les athlètes sourd-e-s peuvent également prendre part aux Jeux olympiques aux côtés des athlètes dits valides. Si la sportive aimerait être sélectionnée pour courir le 200 m en individuel, la jeune femme aimerait aussi faire partie des quatre sprinteuses choisies pour défendre les couleurs de la France lors du relais 4 x 100 m. Et elle se donne les moyens de ses ambitions. À l'INSEP, l'athlète s'entraîne environ cinq heures par jour, mixant les séances de sprint pur à de la musculation et à de la préparation physique général. Le but ? Faire baisser son chrono et s'imposer définitivement comme l'une des futures étoiles du sprint français. Pour s'y préparer, plusieurs stages seront au programme, ainsi que des compétitions (en salle sur 60 m et 200 m, puis en extérieur sur 100 m et 200 m). Avec l'espoir, au bout, de repartir avec le précieux sésame lui adjugeant le droit d'affronter les meilleures sprinteuses du monde lors des Jeux olympiques de Paris 2024.