Ancienne joueuse de handball, je suis devenue arbitre au plus haut niveau
Anne-Laure Paradis fait partie de la poignée de femmes arbitres de handball. Plusieurs années après le début de sa carrière, elle salue la féminisation progressive de sa profession. Pour accélérer le mouvement, elle prend part à "Je suis une femme, je suis arbitre", une initiative menée par La Poste à l'occasion de la journée internationale du sport féminin, le 24 janvier 2024. Rencontre.
Anne-Laure Paradis commence le handball à 12 ans, dans une équipe de garçons. À l'âge de 15 ans, elle part jouer à Épernay, avec une équipe féminine. Choisie par son entraîneur, elle se forme alors à l'arbitrage avec l'une de ses coéquipières, Élodie Tournant, et y prend rapidement goût. Après avoir joué jusqu'en Nationale 2 et s'être simultanément formées à l'arbitrage pendant une dizaine d'années, les deux femmes sont fatiguées. Élodie Tournant décide alors de mettre fin à sa carrière d'arbitre. Consciente qu'elle a les capacités pour arbitrer à un niveau supérieur, Anne-Laure Paradis choisit de son côté d'arrêter le jeu et de se consacrer pleinement à la discipline. Aujourd'hui âgée de 38 ans, elle officie en première division aux côtés de Jêrome Rolland. Ensemble, ils forment le premier binôme mixte de France.
Pour atteindre ce niveau et le conserver, Anne-Laure Paradis, s'entraîne sans relâche. Chaque année, elle passe une série d'évaluations, ainsi que des formations physiques et écrites. En plus, elle participe à trois stages par an et est évaluée plusieurs fois par des coachs et des experts. "Si je rate ces tests, je ne peux pas arbitrer", explique-t-elle. Pour avoir la forme physique nécessaire à l'exercice de son activité, l'arbitre s'astreint à un entraînement hebdomadaire dont le programme tient en quelques mots : "Pas mal de course à pied et du CrossFit, trois fois par semaine." Un rythme intense, qui plaît à la sportive. "Le sport, c'est ma passion, une grande partie de ma vie."
Mais, comme beaucoup d'autres arbitres de handball, Anne-Laure Paradis n'est pas professionnelle. Elle occupe donc le poste d'adjointe au département du sport de haut niveau au CREPS de Reims. "C'est vrai que je suis très occupée. Mes journées sont remplies à 100 %.", s'amuse-t-elle. "J'ai aussi voulu tenter l'expérience de pompier volontaire il y a trois ans, mais j'ai été forcée d'arrêter. Mes semaines devenaient trop chargées."
Hommes ou femmes, même combat ?
Qu'elle prenne part à un match en division féminine ou masculine, Anne-Laure Paradis ne fait "absolument aucune différence" dans son style d'arbitrage. "Ce sont tous et toutes des joueur-se-s pro." Selon elle, la seule chose qui change, c'est l'environnement. "Il y a plus d'argent en jeu pour la 1èʳᵉ division chez les hommes. Il y a donc plus d'adversité, plus de spectacle." Pas de différence dans son arbitrage, mais plutôt dans son ressenti. Désormais intégrée et respectée au plus haut niveau, Anne-Laure Paradis confie qu'elle n'a pas toujours été à l'aise. "Quand je suis arrivée, il n'y avait pas d'autres femmes", explique-t-elle. "On me faisait moins confiance dans mes décisions. Certains clubs refusaient même de jouer avec des arbitres féminines…"
Plusieurs années plus tard, l'arbitre reconnaît avec soulagement que la situation s'est améliorée. "Aujourd'hui, je ne ressens plus cette différence." Mais elle sait que la bataille pour l'égalité n'est pas encore gagnée. "En faisant face à la réalité de terrain, j'ai découvert une réelle problématique de représentativité des femmes", souligne-t-elle. Selon la sportive, il faut mettre en place des initiatives qui montreront aux jeunes filles que tout est possible. Ainsi, Anne-Laure Paradis fait aujourd'hui partie des cent femmes arbitres dont les portraits sont diffusés sur le site Internet de La Poste, le 24 janvier 2024, à l'occasion de la journée internationale du sport féminin. "Ce genre d'initiative est primordial pour que les femmes gagnent en visibilité. C'est très important de montrer aux jeunes filles qu'elles peuvent rêver grand et aspirer à de grandes choses."