À 83 ans, cette femme s'apprête à courir son 56ème marathon

Le dimanche 2 avril 2023, 57 000 coureur.euse.s prendront le départ du marathon sur les Champs-Elysées. Leur objectif : réaliser une boucle de 42,195 kilomètres dans Paris en un temps record. Les participant.e.s, dont seulement 26 % sont des femmes (un chiffre en augmentation depuis 2021), ont en moyenne 39 ans et proviennent de 144 pays différents. Parmi elles.eux, Barbara Humbert, 83 ans. L'octogénaire, née le 9 juillet 1939 à Achern, une petite cité allemande entre Offenburg, "la ville où Johnny Hallyday a fait son service militaire", précise-t-elle en souriant, et Baden-Baden, n'en est pas à son coup d'essai. La première fois qu'elle a entrepris cette course mythique, c'était en 1984. "J'avais commencé à courir deux ans auparavant, à 43 ans. Ma fille faisait de l'endurance à l'école et j'ai eu envie d'essayer à mon tour, d'abord en faisant le tour du village où nous vivions. Puis, j'ai lu un article sur un journaliste qui préparait le marathon de New York, et j'ai eu moi aussi envie d'essayer de parcourir une distance similaire", se rappelle-t-elle.

Un premier marathon en 1984

En 1984, donc, elle participe au marathon de Paris. À l'époque, la compétition n'en est qu'à sa neuvième édition dans la capitale française et les femmes, qui peuvent concourir depuis 1979, foulent les pavés seules, lors d'une course non mixte. "Nous étions quelques centaines et nous faisions deux fois 21 kilomètres. Il y avait peu de personnes pour nous soutenir". Premier chrono : 4h25. Trente-neuf ans plus tard, Barbara Humbert vise entre 6h et 6h30. "Avec l'âge, c'est dur de se voir ralentir. Mais lorsque l'on court, on ne s'en rend pas compte, parce que cela procure toujours le même plaisir d'y arriver. Il faut accepter d'être moins rapide, de ne plus suivre les plus jeunes, de se fatiguer plus vite. Il faut s'écouter et se reposer davantage", explique celle qui s'astreint à avaler entre 45 et 50 kilomètre par semaine, peu importe la météo, son envie ou sa motivation. "Je cours toujours seule, dans les rues d'Eaubonne, où j'habite dans le Val-d'Oise, et une fois par semaine dans la forêt de Montmorency. J'adore les arbres, le vent, être en lien avec la nature..."

Un record du monde en 2022

Cette discipline a permis à Barbara Humbert, mère de trois filles, grand-mère de sept petits-enfants, et arrière-grand-mère de deux bébés, de finir 55 marathons, de courir deux fois les 100 kilomètres de Millau pour ses 70 puis ses 80 ans, et même, en mai 2022, de décrocher le record du monde dans sa catégorie d'âge de la plus grande distance parcourue en 24 heures. "J'ai fait 125 kilomètres sans m'arrêter". Une performance remarquable pour cette femme, qui est persuadée des bienfaits de la course sur le corps et l'esprit. "La course, c'est la liberté. J'aime l'effort, les exigences que cette discipline impose, accepter les contraintes pour atteindre mon but avec le sourire. Ce sport m'a aussi apporté un équilibre et m'a permis de surmonter des difficultés dans ma vie. Parce que lorsque l'on court, on efface tout", affirme-t-elle. Barbara Humbert poursuit : "J'ai vraiment envie de dire aux femmes qui n'osent pas courir, parce que leur entourage les décourages à cause de leur âge ou autre, qu'il faut qu'elles n'écoutent personne. Il faut qu'elles foncent, qu'elles continuent à se faire plaisir, à se réaliser pour leur équilibre psychique. C'est très important !"

Objectif : le marathon des JO en 2024

Foncer, Barbara Humbert a prévu de le faire encore un petit moment, puisqu'en 2023, elle vise le marathon de Dublin et un autre, pas encore défini pour le moment, à la fin de l'automne. En 2024, elle s'inscrira de nouveau au marathon de Paris, puis, espère décrocher un dossard pour le marathon pour tous des Jeux olympiques afin de boucler pour la soixantième fois les célèbres 42,195 km, marquer 40 ans de courses de longues distances et fêter dignement ses 85 ans. On sera nombreux.ses sur la ligne d'arrivée pour l'applaudir.