Le jour où Laure Manaudou est devenue championne olympique à l'âge de 17 ans

Le 15 août 2004, la nageuse tricolore Laure Manaudou, tout juste âgée de 17 ans, décroche la médaille d'or sur 400m nage libre aux Jeux olympiques d'Athènes. Récit d'une victoire.

Le jour où Laure Manaudou est devenue championne olympique à l'âge de 17 ans
© Hahn-Nebinger/ABACA

Une adolescence tournée vers la performance dans l'espoir d'atteindre le plus haut niveau mondial. Lorsque Philippe Lucas repère Laure Manaudou dans les bassins d'Ambérieu-en-Bugey, la jeune fille a 14 ans. L'objectif de l'entraîneur : en faire une championne. Celle qui a fait ses premiers pas dans l'eau à 4 ans déménage alors à Melun, dans la maison de son coach, loin de ses parents, et passe le plus clair de son temps à enchaîner les longueurs. Chaque jour, elle nage entre 15 et 16 km. Un rythme effréné destiné à lui faire remporter l'or aux Jeux olympiques quelques années plus tard. 

L'heure de vérité

Le rendez-vous est pris pour Athènes en 2004. La nouvelle virtuose de la natation française, âgée seulement de 17 ans, a haussé son niveau quelques mois avant la compétition. En mai de la même année, elle est repartie des championnats d'Europe de Madrid avec trois titres (sur 400 m nage libre, 100 m dos et avec le relais 4 × 100 m 4 nages). Laure Manaudou fait partie des favorites pour s'emparer de l'or olympique. Ce 15 août 2004, elle se présente confiante et "plutôt relax", comme elle le confiera plus tard, au départ de la finale. Il faut dire qu'elle a réalisé le meilleur temps des séries. Par-dessus sa combinaison, un T-shirt sur lequel elle a écrit un message au feutre noir : "Pour Ju ! Angela et Enzo". La nageuse française est à la ligne d'eau numéro 4.

Intouchable

Le départ est donné. La protégée de Philippe Lucas se place en tête dès la fin de la première coulée. La Polonaise Otylia Jędrzejczak est dans son sillage. À la mi-course, les deux femmes ont même une belle avance sur leurs adversaires. Il reste encore 200 mètres à parcourir; quatre longueurs pour faire basculer leurs vies. L'Américaine Kaitlin Sandeno revient peu à peu sur les deux athlètes, mais il est déjà trop tard. Laure Manaudou s'envole vers la victoire tandis que ses adversaires doivent se partager les places restantes sur le podium. Du début à la fin, elle n'aura jamais lâché la tête de course. Avec un temps de 4 min 5 secondes et 34 centièmes (record de France et record d'Europe), elle devient ainsi la première championne olympique française en natation depuis 1952 et Jean Boiteux, lui aussi vainqueur sur 400 m.

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Laure Manaudou à Athènes le 15 août 2004 © DPPI-SIPA

La naissance d'une star

Une fois la tête sortie de l'eau, Laure Manaudou lève les bras et ses ongles peints en bleu blanc rouge au ciel. Derrière ses lunettes aux verres bleutés, on ne distingue pas son regard. Pas d'explosion de joie. Mais un accomplissement qu'elle est venue chercher avec force et détermination. Dans les tribunes, ses parents, Jean-Luc et Olga, et ses frères, Nicolas et Florent, exultent. Couronne de lauriers dans les cheveux, Laure Manaudou savourera sa Marseillaise sur le podium : "J'étais venue à Athènes avec l'objectif de remporter cette finale. Je m'entraîne depuis trois ans pour cette journée. Je suis heureuse, bien sûr. Mais surprise, pas vraiment, car je savais que le titre était à ma portée", expliquera-t-elle aux médias. "Laure olympique", titre le journal l'Équipe au lendemain de cette victoire historique. Mais la nageuse a encore de l'appétit. À Athènes, elle décrochera deux autres breloques : l'une en argent sur le 800 m nage libre, l'autre en bronze sur le 100 m dos. Une star est née.

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