Nélia Barbosa : "Aujourd'hui en France, beaucoup d'athlètes de haut niveau sont dans des situations de précarité"

Nélia Barbosa est l'un des plus grands espoirs de la France aux Jeux Paralympiques de 2024. Jonglant entre préparation mentale et physique, l'athlète a accordé une rencontre exclusive au Journal des Femmes.

Nélia Barbosa : "Aujourd'hui en France, beaucoup d'athlètes de haut niveau sont dans des situations de précarité"
© Nelia Barbosa par Optic 2000

À seulement 25 ans, Nélia Barbosa s'apprête à disputer ses deuxièmes Jeux Paralympiques dans sa discipline fétiche : le paracanoë, un sprint sur 200 mètres, seule épreuve à laquelle peuvent participer les kayakistes en situation de handicap lors de la compétition. Amputée du pied droit à 19 ans, elle irradie une motivation à toute épreuve.

Nélia Barbosa a commencé la discipline qui a fait d'elle une médaillée paralympique à 12 ans, complètement par hasard. Lors d'une colonie de vacances, elle tombe amoureuse des sports nautiques. Dès son retour en région parisienne, elle s'inscrit dans un club de canoë. Quelques années plus tard, la jeune femme fête son arrivée en équipe de France, et dispute ses premières compétitions internationales. En 2021, c'est la consécration, elle termine deuxième au sprint des Jeux paralympiques de Tokyo. "J'ai gagné une véritable crédibilité. Je suis entrée dans le cercle très fermé du très haut niveau.", se félicite la jeune sportive.

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Nelia Barbosa en échauffement © Optic 2000

Pour atteindre cette étape, le chemin n'a pas été de tout repos. Pour pouvoir pratiquer sa discipline dans des conditions optimales, Nélia Barbosa a besoin d'une prothèse adaptée. Un équipement spécifique qui coûte cher. Faute de financement, l'athlète a été contrainte de créer une cagnotte participative"Quand on entre dans la sphère du haut niveau, il faut gagner sa crédibilité. Je n'avais qu'une médaille en championnat d'Europe, donc il était assez compliqué de démarcher une entreprise à 20 ans et de leur demander de me faire confiance.", confie-t-elle, lucide sur la situation du sport professionnel en France. "Aujourd'hui, beaucoup d'athlètes de haut niveau sont dans une situation de précarité."

La préparation mentale, indispensable pour ne pas céder à la pression

Pour rester sereine avant de disputer les Jeux Paralympiques qui se dérouleront du 28 août au 8 septembre 2024, Nélia Barbosa n'a pas fait de changement dans son entraînement. "L'épreuve reste un 200 m. Il ne faut pas en demander plus à son corps pour qu'il ne nous lâche pas avant l'échéance". La jeune femme sait aussi qu'il ne faut pas non plus négliger la pression mentale qui s'accumulera jusqu'aux Jeux à domicile. "J'essaye de ne pas y penser", admet Nélia Barbosa. L'athlète préfère mettre sa confiance dans son équipe de préparation et dans ses sponsors, dont Optic 2000, son sponsor et fournisseur de lunettes. "Je vais aussi m'entourer d'un préparateur mental. C'est dur, mais il faut s'accrocher", explique-t-elle.

Féministe, proche de la nature et engagée, Nélia Barbosa compte reprendre ses études de graphisme après les Jeux qui, pour elle, se dérouleront sur le site du Stade nautique de Vaires-sur-Marne. Pour l'instant, elle n'a pas assez de temps pour pratiquer ses passions, le dessin et la musique. Elle tente tout de même de profiter de son temps libre dès qu'elle le peut. Une "soupape de décompression" qui se fait de plus en plus rare, contrariée par un entraînement intensif afin d'être la plus performante aux Jeux de Paris.

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