Yohji Yamamoto, un Japonais à Paris

C'est l'un des couturiers les plus talentueux d'Asie de l'Est. Retour sur ce qui a fait la renommée mondiale de Yohji Yamamoto.

Yohji Yamamoto, un Japonais à Paris
© Gil-Gonzalez Alain/ABACA

Yohji Yamamoto voit le jour le 3 octobre 1943, à Tokyo. Il grandit au côté d'une mère couturière, qui a perdu son mari lors des combats de la Seconde Guerre mondiale. En 1966, il décroche son diplôme à la Keiō University. Il poursuit ses études de droit, puis intègre le Bunka Fashion College de Tokyo — il se fait rapidement remarquer, puisque c'est l'un des rares hommes à y étudier. Son diplôme de fin d'études en poche, il décroche deux prix : l'un d'eux lui offre la chance de partir en voyage à Paris. C'est dans la capitale française qu'il tente de se faire connaître en vendant ses croquis. Malheureusement sans succès. Il décide donc de rentrer au Japon. Sa mère, dont la couture est le métier, l'aide à créer sa marque, Y's, en 1972.

Début de carrière et reconnaissance timide

La rigueur est de mise : il présente ses toutes premières créations à la semaine de la mode de Tokyo quelques années plus tard. Il faudra attendre 1981 pour qu'il revienne à Paris présenter cette fois une collection dans la célèbre Cour carrée du musée du Louvre. Il n'en fallait pas plus pour lancer officiellement sa carrière. Son style ? Des dimensions XXL, et des couleurs sombres pour un résultat unique qui fait sensation. Il fait du "noir enveloppant", une couleur qu'il a ainsi nommée à cause de sa profondeur unique, un élément central dans ses collections. Il ouvre une première boutique dans le quartier des Halles, au cœur de Paris, dans les années 80. En 1989, le réalisateur Wim Wenders lui consacre un documentaire : Carnets de notes sur vêtements et villes explore le processus créatif du couturier, tout en s'interrogeant sur les rapports entre l'identité, le vestiaire mode et les villes du monde.

Un talent aux multiples facettes

Couturier de métier, Yohji Yamamoto est un artiste complexe dont les collections pour homme et femme sont souvent qualifiées d'importables, notamment à cause des volumes importants de ses pièces. Lui préfère ignorer complètement les critiques et continue de clamer haut et fort que ses créations sont achetées pour être mises dans la vie de tous les jours. Il pioche ses influences dans les esthétiques vestimentaires d'Orient et d'Occident, mais également dans le vestiaire de Gabrielle Chanel à qui il rendra hommage dans sa collection printemps-été 1998. En 1999, il est couronné du Prix International du Conseil des créateurs de mode américains. En 2001, Adidas chausse de baskets les mannequins de son défilé. Une collaboration qui marque le début d'une longue histoire entre la griffe sportive et le créateur japonais. Ensemble, ils lanceront la ligne Y3.

Un créateur bien entouré

En 2002, Yohji Yamamoto présente sa toute première collection de haute couture. Côté vie privée, il s'entoure de talents : il a notamment été le compagnon de Rei Kawakubo, créatrice de la marque Comme des Garçons. En 2009, c'est la banqueroute. Tout laisser tomber ? Hors de question : l'année suivante, après avoir fait une courte pause, il lance une collection de pièces unisexes. Aujourd'hui, Yohji Yamamoto, c'est une dizaine de lignes de mode, dont S'YTE, LIMI feu, ou encore B Yohji Yamamoto et des collaborations avec des marques aux univers très différents. Au fil des années, il a ainsi travaillé avec Supreme pour une collection de sweats et de T-shirts, ou encore avec Dr. Martens pour concevoir des chaussures.