Calvin Klein, histoire d'un self-made man

Calvin Klein est le créateur américain par excellence. Les jeans, les T-shirts, les sous-vêtements... Il peut se vanter d'avoir popularisé une silhouette et un "way of life" bien au-delà des frontières états-uniennes. Parcours d'un self-made man.

Calvin Klein, histoire d'un self-made man
© Van Tine Dennis/ABACA

Calvin Klein voit le jour le 19 novembre 1942. Il grandit dans une famille d'immigrés juifs hongrois, dans le Bronx à New York — le même quartier, d'ailleurs, que Ralph Lauren. Passionné de mode et de dessin depuis toujours, il intègre le Fashion Institute of Technology de New York avant de travailler quelques années dans diverses boutiques de la capitale américaine de la mode. Il y fait la connaissance du baron français Nicolas de Gunzburg (qui a notamment été rédacteur pour Harper's Bazaar et Vogue), qui le prendra sous son aile.

La naissance d'une griffe iconique

Il faudra attendre 1968 pour qu'il fonde sa société, avec l'un de ses amis d'enfance, l'entrepreneur américain Barry Schwartz. Sa ligne directrice ? De la simplicité et de l'élégance, pour une garde-robe à la fois moderne et luxueuse. Ses défilés font sensation lorsqu'il fait marcher ses mannequins en slip — les sous-vêtements deviendront d'ailleurs l'une de ses marques de fabrique, et représentent pas moins de 100 millions de dollars de chiffre d'affaires. Il s'intéresse ensuite au denim, en 1979, avec cK Calvin Klein Jeans (un marché qui pèse 700 millions de dollars dans le chiffre d'affaires de Calvin Klein en 1996) et propose des coupes qui épousent parfaitement les corps. D'ailleurs, ce sera l'un des premiers couturiers à avoir la chance de voir l'un de ses jeans exposé dans Vogue. C'était en 1978. L'une de ses publicités, mettant en scène une très jeune Brooke Shields, fera alors scandale.

Dans les années 80, Calvin Klein intègre le clan très prisé des marques qui font rayonner la mode américaine à travers le monde : "À grand usage de publicités, Calvin Klein, Ralph Lauren et Donna Karan incarnent nouvellement des marques refuge, stables comme le sont Hermès et Chanel. Le succès est vérifié. Ils identifient un luxe nouveau, adapté à la vie moderne sans ostentation", écrit Olivier Saillard dans Le Bouquin de la Mode* (Éditions Robert Laffont). Il participe également à révolutionner la photographie de mode, en faisant appel notamment à Bruce Weber et en proposant des univers visuels riches et chiadés, plutôt que de simples double-pages mettant en scène ses créations.

Un éventail de produits large

Peu à peu, le designer ajoute des cordes à son arc, en proposant non seulement des vêtements pour homme et femme, mais aussi des parfums (comme le célèbre CK One, fragrance unisexe la plus vendue au monde, Calvin Klein Eternity ou encore Calvin Klein Euphoria), des lunettes de soleil (comme celles de la ligne CK Sun), des montres, des chaussures, des sacs et sacoches, du linge de maison, via Calvin Klein Home, ou encore des maillots de bain.

Banqueroute et nouveaux créateurs

Coup dur en 1992 lorsque l'entreprise Calvin Klein manque de faire faillite. Prêt à tout pour faire perdurer sa marque, Calvin Klein revend sa société au groupe Phillips-Van Heusen Corporation (aujourd'hui rebaptisée PVH) dix ans plus tard, mais perd le titre de designer des collections. En 2016, le créateur belge Raf Simons, ancien directeur artistique de Dior, arrive à la tête de la marque. Il n'y reste que deux ans mais prend néanmoins le temps d'y développer de nouvelles lignes pointues.

Début 2021, la marque s'associe cette fois-ci avec le designer américain Heron Preston pour une collection unisexe, fabriquée à partir de matières durables. "Ces collaborations avec plusieurs personnalités visionnaires et créatives nous permettent de raconter l'histoire de Calvin Klein à travers leur prisme et leur expérience de la marque", avait confié au moment du lancement Jacob Jordan, en charge des nouveaux projets de la griffe, dans une interview accordée au WWD.