Christian Louboutin, l'homme aux mille et un souliers  

Créateur engagé, Christian Louboutin a rendu célèbres ses semelles rouges, et ce partout dans le monde. Retour sur une carrière marquante — qui est loin d'avoir dit son dernier mot. 

Christian Louboutin, l'homme aux mille et un souliers  
© Christian Louboutin au festival de Cannes le 17 juillet 2021 par Marechal Aurore/ABACA

Christian Louboutin naît le 7 janvier 1964, à Paris. Petit dernier d'une fratrie de quatre enfants bretonne-camerounaise, il grandit entouré de ses sœurs, de sa mère et de son père ébéniste. Très jeune, il s'intéresse au théâtre, qu'il fréquente régulièrement. Mais c'est, à l'âge de 10 ans, la vision d'une affiche au musée des Arts d'Afrique et d'Océanie interdisant le port de talons aiguilles pouvant rayer le parquet, qui le mènera vers sa passion : la chaussure. Il redessine le soulier frénétiquement, avec un certain sens pour le détail. "Dans mon travail, je me rends compte aujourd'hui de l'importance et de l'influence de mon père [adoptif, ndlr]. Il m'a appris à regarder les objets", a-t-il confié dans un entretien à Gala en 2017. 

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Christian Louboutin enfant © Christian Louboutin

Comment Christian Louboutin a-t-il débuté sa carrière ?

Après des voyages en Egypte et en Inde, Christian Louboutin est de retour à Paris. Là, il décroche un stage aux Folies Bergères, dans le IXème arrondissement, où il vend des prototypes de chaussures aux danseuses. Son tout premier ? Il le confectionne en peau de maquereau. Puis il quitte le théâtre, sans pour autant s'éloigner du monde de la nuit. Habitué du Palace aux côtés de Vincent Darré et Eva Ionesco, il côtoie aussi Thierry Ardisson, Arielle Dombasle ou encore la famille Putman — pour ne citer qu'eux. En 1982, il se met en quête d'un travail dans le monde de la couture. Il contacte plusieurs maisons, et se décide finalement à partir vers Romans-sur-Isère, souvent décrite comme la "capitale française de la chaussure". Humainement, le succès n'est pas au rendez-vous. Professionnellement, en revanche, il apprend les techniques de modéliste. Une expérience enrichissante, qui lui permet d'intégrer ensuite les rangs d'Hervé Léger puis de Chanel. 

Quand a-t-il lancé sa marque ?

En 1988, le jeune créateur entre chez Roger Vivier. "Je suis devenu son assistant personnel pour orchestrer son exposition au musée des Arts de la mode. Il est devenu mon mentor. […] Pendant six mois, à ses côtés, j'ai mis la création entre parenthèses", a confié Christian Louboutin à Stéphane Bern dans une entrevue au Madame Figaro, en juillet 2011. Une parenthèse qu'il prolonge en devenant paysagiste : l'occasion pour lui de travailler la couleur, les mélanges de matières, la brillance ou en opposition la matité. Il faudra attendre 1991 pour qu'il trouve à nouveau chaussure à son pied, en lançant une entreprise à son nom. L'usine trouvée, il inaugure sa première boutique à Paris, au cœur du Ier arrondissement, sous les arcades de la galerie Véro-Dodat.

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Les fameuses semelles rouges de Christian Louboutin © Christian Louboutin

Pourquoi les Louboutin ont-elles une semelle rouge ?

Christian Louboutin a pignon sur rue : pourtant, le succès auprès du grand public n'est pas vraiment au rendez-vous. Quelques visites de pontes dans le domaine de la mode changent la donne : le créateur se retrouve dans les pages du Vogue américain et du magazine W. Ce qui ne l'encourage pas à lever le pied pour autant. Et puis, en 1992, Christian Louboutin a une illumination. Alors qu'il essaye de mettre au point un modèle pour sa nouvelle collection, le créateur avise l'une de ses collaboratrices en train de se vernir les ongles. Il se saisit du pinceau de vernis rouge, repeint la semelle de sa chaussure et fait naître le mythe Louboutin. Dans la foulée, il devient le chausseur officiel de Jean Paul Gaultier, de Diane von Fürstenberg ou encore d'Yves Saint Laurent. Depuis, Christian Louboutin laisse parler pour chaque collection sa créativité, mêlant modèles aux couleurs pop et teintes plus élégantes. Au fil du temps, il agrandit sa gamme en proposant également des baskets, pour homme comme pour femme et des sacs à main. Sa célèbre semelle rouge foule aussi bien les tapis rouges que les plus grandes avenues du monde et lui permet d'arriver 111ème au classement des plus grandes fortunes de France selon le magazine Challenges. En 2022, elle est estimée à 1, 05 milliard d'euros.

Bien conscient d'avoir une voix et une plateforme, Christina Louboutin n'hésite pas à se servir de sa marque éponyme pour prendre des engagements sociétaux. L'un de ses plus gros coups date de 2021 : il demande alors à la militante antiraciste Assa Traoré de promouvoir ses escarpins, et s'engage à reverser l'argent des ventes à des organisations œuvrant pour la justice sociale. La même année, il achète les Jardins de Kerdalo, à Trédarzec — un site inscrit à l'inventaire des monuments. De quoi revenir à ses premières amours de paysagiste.