Jean-Paul Goude, artiste prolifique

Homme aux multiples talents, Jean-Paul Goude est aussi un artiste dont la carrière a été marquée par certaines polémiques. Retour sur son parcours.

Jean-Paul Goude, artiste prolifique
© Wyters Alban/ABACA

Artiste fantasque et touche-à-tout, la carrière de Jean-Paul Goude est aussi riche qu'éclectique. 

Les débuts de Saint-Mandé à New York

Jean-Paul Goude naît le 8 décembre 1940 à Montreuil-sous-Bois. Il grandit à Saint-Mandé, en banlieue parisienne, avant d'intégrer l'École nationale supérieure des arts décoratifs. Il travaille ensuite pour les magasins du Printemps, en tant qu'illustrateur, puis devient directeur artistique du magazine américain Esquire en 1970. Avant-gardiste, il prône la transformation des corps : paraître plus grand avec des talonnettes, plus élancé avec un faux nombril sur le ventre ou encore plus carré avec des épaulettes. C'est lorsqu'il habite à New York qu'il rencontre Grace Jones, l'une de ses premières muses et compagne dont il a eu un enfant, Paulo. Jean-Paul Goude aime les femmes et les place bien haut sur un piédestal pour leur rendre le plus beau des hommages. Il met aussi en scène quelques spectacles, dont A One Man Show et publie son premier livre, baptisé Jungle Fever.

Une carrière pas toujours Goude

Sa ligne directrice ? Les corps, les arts visuels, les contes de fée et ce qu'il considère comme exotique. Il réalise des films sans dialogue, et les qualifie de "ballet" — clin d'œil à sa mère, qui avait ouvert une école de danse. Il se fait rapidement repérer par de grandes marques, telles que Chanel, Perrier, Kodak ou encore Citroën. Il tisse des liens avec celui qu'il surnommera le "génie miniature, adorateur de géantes sublimes" : Azzedine Alaïa. En juillet 1989, c'est le gouvernement français qui se tourne vers lui pour la conception d'un défilé sur les Champs-Élysées à l'occasion du bi-centenaire de la Révolution française. Il propose des tableaux, qui mettent en scène ce qu'il définit comme des "tribus planétaires". Une façon pour lui de "défendre le mélange et le métissage", confiait-il dans une interview accordée au Monde en 2019. "J'ai toujours rêvé de faire dialoguer les cultures, quand certains font primer le mot origine sur le mot culture", avait-il expliqué, précisant qu'il avait toujours défendu une approche "ironique du blackface" — pour rappel, cette pratique raciste consiste à se grimer le visage en noir.

Un provocateur talentueux

Provocateur, mais pas moins lucide, il remarquait au cours de cet entretien que ce genre de spectacle n'aurait pas été bien reçu aujourd'hui. Au fil des années, celui qui a eu deux enfants, Loreleï et Théo, avec sa femme Karen Park Goude, a en fait façonné sa mythologie personnelle, s'inventant un style qui lui est propre, un univers fort et plein de caractère. Jusqu'à être surnommé "Pygmalion". Un terme qui ne plaisait pas tout à fait au sociologue Edgar Morin : "Goude transforme et transfigure ses fantasmes, qui tournent autour du même trou noir que la beauté féminine : il les transfigure en mythe." Au début des années 2000, Jean-Paul Goude devient directeur artistique des publicités des Galeries Lafayette — il gardera ce rôle jusqu'en 2015. En 2012, il est élevé au grade de commandeur de l'Ordre des arts et des lettres. Depuis, les expositions qui lui sont consacrées s'enchaînent. Mais loin d'être muséifié, Jean-Paul Goude poursuit ses activités artistiques : en 2015, il immortalise par exemple Kim Kardashian nue et de dos en couverture du magazine Paper. En plus, en 2018, la marque espagnole Desigual — qu'il n'hésite pas à comparer à Gucci — fait appel à lui, ajoutant designer à son arc déjà bien rempli, puisque dessinateur, photographe, vidéaste et réalisateur sont autant de mots pour le définir.