Paul Smith, créateur britannique à la tête d'un empire
Dans le monde de la mode, on le surnomme l'homme aux rayures. Et pour cause : l'Anglais Paul Smith a fait de cet imprimé l'emblème de ses collections. Retour sur sa carrière.
Paul Smith voit le jour à Nottingham, au cœur de l'Angleterre le 5 juillet 1946. C'est là, dans la maison familiale qu'il commence par développer une passion pour la photographie — son père lui offre, alors qu'il est âgé de 11 ans, son tout premier appareil photo. Quelques années plus tard, il reçoit un vélo : ni une, ni deux, il roule vers un nouvel hobby et se lance dans les courses. Au point de vouloir devenir coureur professionnel. Mais un grave accident, lorsqu'il n'est âgé que de 17 ans, met fin à ce rêve.
Comment a débuté sa carrière ?
Pendant sa longue convalescence (il passe six mois à l'hôpital), il a le temps de se faire de nouveaux amis qu'il conserve une fois sorti d'affaires. Leur lieu de rencontre privilégié ? Un pub où se pressent les étudiants en art et en design. Une population qui le captive et dont il a envie de faire partie. Une certaine Pauline Denyer — qu'il épousera par la suite —l'encourage à prendre des cours de tailleur. Une fois diplômé, il ouvre une première boutique de 3 mètres carrés en 1970, dans sa ville natale. C'est là qu'il propose une sélection de ses pièces et d'autres marques, jusqu'à ce que, bien installé, il se lance dans le prêt-à-porter pour homme et crée ses propres collections. La première est présentée à Paris en 1976 dans l'appartement de l'un de ses amis rue de Vaugirard. À l'aube des années 80, il inaugure un nouveau magasin, à Londres cette fois, au cœur du célèbre Covent Garden. C'est un succès international.
Très actif et tout aussi curieux, Paul Smith a plus d'une corde à son arc. Lorsqu'on lui demande de se définir, il répond volontiers alterner entre le stylisme, la vente de vêtements et la photographie. Ses pièces sont bien loin des traditionnels costumes anglais : sur ses tailleurs, il mixe les rayures à des matières audacieuses et colorées, adore imprimer des photos sur ses tissus... Son style ? Il le décrit comme étant un mélange entre Savile Row (la célèbre rue des tailleurs londoniens) et Mr. Bean (héros de télévision à l'humour très britannique). Pour son logo, qu'il aime discret, il a choisi d'écrire "Paul Smith" en caractères cursifs, signe de son authenticité. Bien décidé à conserver son héritage british, il produit ses collections au maximum en Angleterre.
Pourquoi est-il connu à l'étranger ?
Le styliste anglais porte haut et fier les couleurs de son pays, et fait des adeptes aux quatre coins du monde. Au fil du temps, il ouvre des boutiques partout. À Paris, celle nichée dans le Marais et celle installée boulevard Raspail (qui a d'ailleurs entièrement été rénovée en 2013) sont les plus célèbres. À Los Angeles, son magasin rose fuchsia en forme de cube installé sur Melrose Avenue est l'un des plus photographiés au monde. Au total, il compte désormais quelque 17 000 points de vente répartis dans 70 pays. Jamais fatigué, il complète au fil du temps son offre masculine avec des lignes Paul Smith femme (lancée en 1993) et Paul Smith Junior, des collections de chaussures et pléthore de polos. Il lance également PS by Paul Smith, plus jeune, plus dynamique.
Comment a-t-il été distingué au cours de sa carrière ?
En 2000, il devient Knight Bachelor — un rang de distinction chevaleresque. En 2016, on lui remet l'insigne d'officier de la Légion d'honneur. En 2020, enfin, il est nommé à l'ordre des compagnons d'honneur. La popularité de ses designs et l'originalité de ses pièces font aujourd'hui de lui l'un des créateurs anglais les plus connus (et réputés) au monde. D'ailleurs, le Design Museum de Londres lui avait consacré, en 2013, une rétrospective. Les aficionados de sa mode avaient alors pu découvrir la reconstitution de son studio, ses vélos, ses photographies et (bien sûr) ses créations les plus cultes.