Agnès b., créatrice de mode philantrope

Créatrice française, Agnès Troublé a excellé dans la mode et la beauté, mais aussi en tant que mécène. Retour sur sa riche carrière, et son emblématique "b".

Agnès b., créatrice de mode philantrope
© Benegas Raul/ABACA

Agnès Troublé voit le jour à Versailles, le 26 novembre 1941. Elle passe son enfance dans une famille de militaire où le voussoiement est d'usage. Elle déménage à Paris dans les années 60, intègre l'École du Louvre, plus la rédaction du magazine ELLE en tant que rédactrice mode. Elle est ensuite styliste pour la marque Dorothée Bis, puis devient indépendante et collabore notamment avec Cacharel ou encore V de V.

Agnès b., une marque de mode et de beauté iconique

C'est en 1975 qu'elle décide de voler de ses propres ailes et lance sa marque : agnès b., soit l'association de son prénom et de l'initiale de Christian Bourgois, le père de ses jumeaux qui fût un temps son époux. Un nom en lettres minuscules, sobre et efficace. Elle fait de la salamandre son animal totem — on le retrouve encore aujourd'hui sur une multitude de ses créations. Elle ouvre immédiatement une première boutique rue du Jour, dans le très animé quartier des Halles, à Paris. En 1979, elle lance son modèle le plus emblématique, encore très prisé aujourd'hui : le classique cardigan à boutons pressions. "Le French Style, comme l'appellent les Anglais, ce sont des vêtements très simples, de couleurs neutres", avait-elle confié à son sujet à l'époque. Le look agnès b. ? Des robes noires sobres et chics, des marinières confortables et des basiques à mix et matcher à l'envie. Tout est indémodable : il suffit d'ailleurs de faire un tour sur les plateformes de seconde main pour s'en rendre compte. En plus de son activité dans la mode pour homme et femme, Agnès b. lance en 1987 Le club des créateurs, un catalogue de vente à distance de produits de beauté, maquillage et cosmétiques signés par elle-même (L'embelisseur abricot était le produit phare des années 2000), mais aussi par Cosmence et Professeur Christine Poelman.

La mode oui, la solidarité et la culture aussi

À partir de 1988, agnès b. vend des écharpes rouges à prix coûtant, au profit des malades du sida. Plusieurs artistes amis acceptent de designer gracieusement des emballages de préservatifs, destinés à être distribués gratuitement. Elle sera également marraine de la Fondation Abbé-Pierre. Véritable passionnée, elle s'intéresse également au 7ème art : elle finance une partie de la restauration du film Playtime, de Jacques Tati, et produit le long-métrage de Gaspard Noé, Seul contre tous. À la tête d'une société de production cinématographique, elle soutient des artistes telles que Claire Denis et Harmony Korine. Elle édite également un périodique qui traite de l'art, baptisé Point d'ironie. Véritable amatrice d'art, elle peut se vanter de collectionner pièces d'art contemporain et photographies — ses pépites ont d'ailleurs été exposées à plusieurs reprises. Elle finit par ouvrir son propre espace d'exposition, la Galerie du Jour, à Paris en 1984, dont une deuxième antenne est ensuite inaugurée à Tokyo. En 2019, elle publie son tout premier roman, Je crois en l'âme (Éditions Bayard). Début 2020, elle a inauguré La Fab, dans le XIIIème arrondissement parisien, le premier lieu d'envergure consacré à sa collection d'art contemporain — qui compte plus de 5 000 pièces. Toujours avec l'envie d'allier la mode à la culture, elle s'associe en 2018 avec Seine Zoo Records, le label de Nekfeu, pour une collection aux motifs pop mais aux coupes toujours aussi indémodables.

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