Diabète gestationnel et insuline, comment ça marche ?
Le diabète gestationnel apparaît généralement au deuxième ou au troisième trimestre de grossesse. Lorsque le respect des mesures hygièno-diététiques ne suffit pas à l'équilibrer, une insulinothérapie peut être proposée. Le point avec le Dr Isabelle Héron, gynécologue médical et présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).
Le diabète gestationnel, également appelé diabète de grossesse, se caractérise par une intolérance au glucose chez la femme enceinte. Il se traduit par un taux de sucre anormalement élevé chez une patiente qui n'avait jamais souffert de diabète auparavant. Le risque principal pour le bébé est de présenter une macrosomie fœtale, c'est-à-dire un poids supérieur ou égal à 4kg à la naissance, ce qui complique l'accouchement et augmente le risque de césarienne. Il risque également de faire une hypoglycémie. La future maman est quant à elle plus exposée au risque d'hypertension artérielle gravidique et de pré-éclampsie. Le traitement repose sur le respect de règles hygièno-diététiques et la pratique d'une activité physique. Lorsque le respect de ces mesures ne suffit pas, un traitement par insulinothérapie peut être proposé.
A partir de quel taux le gynéco peut décider d'installer l'insuline ?
Un traitement par insuline est mis en place lorsque le diabète n'est pas suffisamment équilibré malgré le respect des règles hygiéno-diététiques pendant au moins 10 jours. Quand les glycémies sont au-delà des objectifs, c'est-à-dire supérieures à 1,20g après le repas ou supérieures à 0,95g avant le repas.
Insuline lente et diabète gestationnel / Insuline rapide et diabète gestationnel
Il existe différents types d'insuline que le médecin choisit en fonction du moment de la journée où la glycémie est trop élevée chez la future maman. " Les insulines lentes vont agir jusqu'à 10-12 heures, les très lentes pendant 24 heures, et les insulines rapides agissent très vite sur une courte durée ", explique la gynécologue. Ce type d'insuline est prescrit plutôt pour les patientes qui présentent des glycémies postprandiales élevées, c'est-à-dire des hyperglycémies induites par les repas. Si une patiente a des glycémies à 1,40g après le déjeuner, on va lui demander de faire une dose d'insuline rapide au moment du repas pour couvrir les besoins en insuline qui sont induits par le repas. " Quand ce sont les glycémies du matin qui sont trop élevées, on va demander à la patiente de faire une insuline la veille au soir afin de faire baisser la glycémie du matin ", continue-t-elle.
Faut-il déclencher l'accouchement avec la prise d'insuline ?
" La présence d'un diabète gestationnel traité par insuline ne constitue pas une indication au déclenchement. Ce dernier est décidé par l'obstétricien en fonction des antécédents de la patiente, des facteurs de risque, du poids du bébé et de l'équilibre du diabète ", informe notre interlocutrice.
Quel protocole d'insuline à l'accouchement ?
" Il n'existe pas de protocole à proprement parler. L'insuline est arrêtée au moment de l'accouchement parce que les besoins en insuline chutent à ce moment-là. Lorsque le diabète gestationnel est bien équilibré, l'accouchement peut se dérouler normalement ", indique la gynécologue.
Quels risques d'hypoglycémie pendant ou après l'accouchement ?
" Il n'y a pas de risque d'hypoglycémie pendant ou après l'accouchement pour la mère car l'insuline est arrêtée quand le travail démarre. Par contre, il y a un risque d'hypoglycémie chez le nouveau-né quand la mère a été traitée par insuline. Le bébé est surveillé à la naissance. Le plus souvent, les diabètes gestationnels n'ont pas besoin d'insuline ", note le Dr Isabelle Héron.