Grossesse alitée : dans quels cas, que faire ?

Il arrive qu'une future maman soit contrainte de réduire ses activités afin d'éviter d'accoucher prématurément, même si on recommande aujourd'hui de moins en moins un alitement strict. Les explications du Dr Cécile Pénager, gynécologue-obstétricienne.

Grossesse alitée : dans quels cas, que faire ?
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Dans quels cas doit-on rester alitée pendant la grossesse ?

"On utilise de moins en moins ce terme, car il est rarissime qu'on alite les patientes. On ne les met plus au repos strict, sans pouvoir se lever pendant des mois", explique le Dr Pénager. Dans certaines circonstances, on peut demander à la patiente de limiter son activité. Cela peut survenir à n'importe quel stade de la grossesse. Comme le détaille la gynécologue, il y a deux grandes causes majeures.

► La menace d'accouchement prématurée

En tant normal, le col mesure plus de 30 mm. Lorsque sa taille est inférieure à 25 mm, on est face à un tableau de menace d'accouchement prématurée (MAP) qui nécessite parfois l'hospitalisation de la patiente. "Si le col est légèrement modifié et raccourci, on prescrit juste un arrêt de travail et on recommande à la femme enceinte de diminuer son activité, de ne pas marcher longtemps, de ne pas faire de grosses courses, d'arrêter le sport", explique le Dr Pénager. 

"Si la menace d'accouchement prématuré est plus sévère, avec un col modifié et très court, là les patientes doivent rester à la maison, et sortir le moins possible. En revanche, il n'est pas nécessaire de rester strictement allongée, l'observation a montré que cela ne changeait rien", précise la gynécologue. La future maman va toutefois devoir réduire notablement ses activités. "Elle doit se faire aider pour toutes les choses du quotidien, ne pas faire les courses, le ménage, ne pas porter", détaille le Dr Pénager. "Il faut éviter au maximum de sortir, mais elle peut tout à fait se lever de son lit, s'asseoir dans le canapé pour lire ou cuisiner", ajoute-t-elle. Rien ne s'oppose donc à effectuer quelques déplacements dans la maison, tout en se ménageant.

► Le placenta bas inséré

Lorsque le placenta se situe très près du col, voir sur ce dernier, on parle de placenta bas inséré. "Avec les contractions, il y a un risque de saignements, qui sont parfois très importants et peuvent entraîner de nouvelles contractions. C'est un cercle vicieux. Les patientes sont souvent hospitalisées, et quand elles rentrent chez elles, elles doivent prendre les mêmes précautions que pour la menace d'accouchement prématurée, une activité limitée pour éviter les contractions et donc de nouveaux saignements", recommande la gynécologue. 

Il arrive également qu'il soit nécessaire que la future maman lève le pied dès le début de la grossesse en raison d'un petit décollement du placenta. "On prescrit un arrêt de travail d'une semaine ou deux le temps que le décollement se colmate. La patiente doit alors éviter les gros efforts physiques mais encore une fois, le fait de rester complètement allongée ne change rien. Cela n'empêchera pas une fausse couche si celle-ci doit se produire", rappelle le Dr Pénager. 

Pourquoi l'alitement strict pendant la grossesse est-il moins recommandé ?

Si l'on avait coutume d'aliter strictement les femmes en cas de menace d'accouchement prématuré ou de placenta bas inséré, ce n'est plus le cas aujourd'hui. "On s'est rendu compte que cela ne changeait rien. Un femme qui doit faire une fausse couche prématurée, elle la fera. En cas de menace d'accouchement prématuré,  en réalité, une immense majorité des femmes vont finalement accoucher à terme", explique la gynécologue. S'il est important de diminuer l'activité physique pour éviter les contractions, il ne faut pas rester allongée car cela peut apporter d'autres soucis. "Les patientes peuvent faire des phlébites, le sang va alors coaguler et se bloquer au niveau des jambes ou plus grave au niveau des poumons. Ce sont des choses que l'on observe en cas d'alitement strict", remarque le Dr Pénager. Cette dernière alerte également sur le risque pour ces femmes de perdre du muscle. Autre point très important, celui du moral ! "C'est extrêmement difficile de rester allongée, on sait que c'est mieux de pouvoir avoir une activité, même si on reste à la maison", ajoute-t-elle. 

Grossesse alitée : quels exercices pour rester en forme ?

Il est important de bouger un peu chez soi, même si ce ne sont que de petits déplacements d'une pièce à l'autre. Pour éviter une prise de poids trop importante, il faut également faire attention à son alimentation. "On a tendance à déprimer un petit peu et donc à manger plus. Mais de devoir limiter son activité n'empêche pas de faire de petits exercices d'étirement pour libérer les muscles, des flexions/extensions des jambes et des bras", recommande la gynécologue.  Attention bien sûr à y aller en douceur afin d'éviter de provoquer des contractions. "Il est important de se faire aider, mais aussi de recevoir la visite de ses amis, de penser à autre chose. Même si c'est long, il faut prendre son mal en patience. Dans la majorité des cas, les patientes vont quand même accoucher à terme, il est donc important de respecter ces petites mesures pour que bébé reste au chaud le plus longtemps possible", conclut le Dr Pénager.

Merci au Dr Cécile Pénager, gynécologue-obstétricienne. 

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