Grossesse môlaire : qu'est-ce que c'est, quelle prise en charge ?

Causée par une anomalie lors de la fécondation, une grossesse môlaire, également appelée môle hydatiforme, aboutit inévitablement à son interruption. On fait le point sur cette complication rare, avec le Dr François-Xavier Aubriot, gynécologue obstétricien.

Grossesse môlaire : qu'est-ce que c'est, quelle prise en charge ?
© belchonock-123RF

La grossesse môlaire est une complication rare de la grossesse qui concerne une à trois grossesses sur 1000. Provoquée par une anomalie chromosomique qui se produit au moment de la fécondation de l'ovule par le spermatozoïde, elle se manifeste par le développement anormal du placenta. Ce sont les jeunes femmes de moins de 20 ans et les femmes âgées entre 45 et 50 ans qui sont les plus à risques de développer ce type d'anomalie. Le Dr François-Xavier Aubriot, gynécologue obstétricien et auteur de l'ouvrage "L'endométriose, mieux la comprendre, mieux la vivre " (éditions Mango), répond à nos questions. 

Qu'est-ce qu'une grossesse môlaire ?

Il existe deux types de grossesse môlaire : la môle complète et la môle partielle. "La grossesse môlaire complète (aussi appelée môle hydatiforme) est provoquée par la fécondation d'un ovule sans noyau, c'est-à-dire sans capital génétique par deux spermatozoïdes, et conduit à une grossesse sans embryon. Seul le placenta se développe et prend alors un aspect multi-kystiques (en grappe de raisin)" précise le gynécologue. La grossesse môlaire partielle est quant à elle causée par la fécondation d'un ovocyte par deux spermatozoïdes ou par un spermatozoïde anormal. "Un embryon se forme, mais il sera dans tous les cas non viable. Le placenta se développe aussi d'une manière anarchique. Dans tous les cas, la grossesse môlaire ne peut pas permettre de donner naissance à un enfant viable " souligne le Dr François-Xavier Aubriot.

Quels sont les symptômes d'une grossesse môlaire ?

Une grossesse môlaire se manifeste par des signes de grossesse comme des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales, mais dans un tiers des cas, elle est asymptomatique. L'examen clinique révèle alors une augmentation du volume de l'utérus en raison du développement anormal du placenta et des gros ovaires. "Le diagnostic est principalement fait grâce à une échographie. Parfois, on découvre la présence d'une grossesse môlaire à l'occasion d'une fausse couche, en particulier lorsque celle-ci est aspirée lors d'un curetage et le diagnostic est alors histologique " note le Dr Aubriot.

Grossesse môlaire : quelle prise en charge ?

Quelle que soit sa forme, une grossesse môlaire est non viable et nécessite une évacuation par un curetage avec aspiration sous contrôle échographique. "Il est important de contrôler que l'aspiration est complète et qu'il n'y a pas de rétention en réalisant une échographie dans les 15 jours qui suivent l'aspiration. En cas de rétention, il faut alors refaire un curetage " souligne le Dr François-Xavier Aubriot.

Grossesse môlaire et hormone HCG

Le suivi d'une grossesse môlaire repose essentiellement sur le dosage de l'hormone HCG qui doit diminuer progressivement. Ce contrôle doit être fait pendant six mois pour les môles partielles et pendant 6 à 12 mois pour les môles complètes. Très souvent, le gynécologue propose une contraception afin d'éviter une nouvelle grossesse pendant la durée de la surveillance. "Si le taux HCG augmente de nouveau ou stagne, il faut alors évoquer le diagnostic de tumeur trophoblastique qui survient dans 15% des môles complètes et dans 0,5 à 5% des môles partielles. Le risque, c'est le développement anarchique de la rétention placentaire sous la forme d'une dégénérescence maligne appelée choriocarcinome. Dans ces cas le traitement doit être fait par chimiothérapie et permet d'obtenir une guérison dans 80 à 100% des cas, mais la surveillance est obligatoire durant 12 à 18 mois " explique le Dr Aubriot.

Que se passe-t-il après une grossesse môlaire ?

Après le curetage et l'évacuation de la môle, des saignements peuvent survenir pendant quelques jours et les règles font leur retour dans la plupart des cas dans les deux mois qui suivent. Sachez que la reprise de la pilule peut avoir lieu après le traitement et qu'un stérilet peut être posé 6 semaines après l'intervention. Rassurez-vous, une fois la guérison complète de la môle, une nouvelle grossesse est tout à fait envisageable ! Le risque de récidive ne concerne, en effet, que 0,5 à 1% des cas.

Autour du même sujet