Infections urinaires et grossesse : risques, traitements ?

Pendant la grossesse, les infections urinaires telles que les cystites se manifestent par des douleurs lors de la miction et des envies fréquentes d'uriner. Elles peuvent parfois être asymptomatiques et s'accompagner de complications si elles ne sont pas traitées. Les explications du docteur François-Xavier Aubriot, gynécologue obstétricien.

Infections urinaires et grossesse : risques, traitements ?
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L'infection urinaire est provoquée, dans 75 à 90 % des cas, par une bactérie appelée Escherichia coli mais d'autres bactéries comme Staphylococcus saprophyticus, Protéus mirabilis, Klebsiella pneumoniae et enterobacter peuvent être en cause tout comme les streptocoques ou les pseudomonas. "Plus rarement, il s'agit d'un germe responsable d'urétrite comme ceux retrouvés dans les infections sexuellement transmissible (IST) (chlamydia, gonocoque)", explique le Dr François-Xavier Aubriot, gynécologue obstétricien et auteur de l'ouvrage "L'endométriose, mieux la comprendre, mieux la vivre" (éditions Mango). Quels sont les risques pendant la grossesse ? Explications.

Pourquoi la grossesse est-elle propice aux infections urinaires ?

Une cystite est est une inflammation de la paroi vésicale, le plus souvent liée à une infection bactérienne. 1 à 4% des femmes enceintes ont une cystite pendant ces 9 mois de grossesse. "La fréquence des infections urinaires pendant la grossesse est liée aux sécrétions hormonales et en particulier à la sécrétion de progestérone. Cette hormone relâche les muscles comme c'est le cas pour la vessie qui se vide mal et de manière incomplète", explique le Dr François-Xavier Aubriot. Cette stase urinaire est aussi le fait de la compression de la vessie par l'utérus qui augmente de volume et qui gêne la vidange complète de la vessie à la suite des mictions. Elle favorise par ailleurs la prolifération des germes responsables de la cystite. Enfin, la baisse de l'immunité pendant la grossesse accompagnée d'une augmentation de la présence de glucose dans les urines favorise la prolifération des germes dans la vessie", ajoute le spécialiste.

Est-ce grave d'avoir une infection urinaire enceinte?

Rassurez-vous : les infections urinaires pendant la grossesse sont le plus souvent bénignes. Mais, si elles ne sont pas traitées, elles peuvent s'accompagner de complications. "Les infections urinaires pendant la grossesse débutent souvent par une simple cystite. Mal soignée, l'infection urinaire peut s'aggraver et par exemple remonter dans le rein et provoquer une pyélonéphrite caractérisée par de la fièvre et des douleurs lombaires et abdominales" prévient le gynécologue. En effet, le passage des germes dans le sang peut être responsable de septicémies. "Il y a alors un risque d'accouchement prématuré, de retard de croissance intra-utérin voire d'infection de l'enfant. Il faut, en cas d'infection urinaire et en particulier de pyélonéphrite, penser aussi à la possibilité d'un obstacle sur les voies urinaires comme la présence d'un calcul dans les voies urinaires", souligne le Dr François-Xavier Aubriot.

Quels sont ses symptômes d'une infection urinaire pendant la grossesse ?

  • Souvent les signes sont modestes voire absents et le dépistage de l'infection urinaire se fait par des tests urinaires répétés par des bandelettes, qui peuvent être proposés régulièrement durant la grossesse. "Il existe parfois des signes cliniques comme la fréquence des mictions répétées souvent avec de faibles quantités d'urine. Il s'agit néanmoins d'un symptôme fréquent du fait de la pression de l'utérus sur la vessie" précise le spécialiste. 
  • la présence de brûlures en urinant,
  • des urines troubles
  • une mauvaise odeur des urines.
  • La présence de sang dans les urines doit aussi faire rechercher une infection urinaire.
  • Les pesanteurs pelviennes si fréquentes pendant la grossesse sont remplacées alors par des douleurs abdominales et une gêne au niveau du bas-ventre voire par des troubles digestifs.
  • La présence de fièvre, de douleurs lombaires unilatérales, de frissons, de contractions sont aussi des signes de gravité nécessitant une hospitalisation avec une prise en charge urgente en raison d'un risque de pyélonéphrite", note le Dr Aubriot.

Comment détecter une infection urinaire pendant la grossesse ?

"Les tests par bandelette urinaire sont faciles à faire en particulier par la patiente elle-même. Ils dépistent la présence d'une augmentation dans les urines de globules blancs et de nitrites, témoin de la présence d'une infection urinaire" explique le gynécologue qui recommande néanmoins de consulter son médecin rapidement et d'éviter les automédications. "Le médecin pourra prescrire un traitement antibiotique immédiat après la réalisation d'un examen cytobactériologique des urines et ceci sans en attendre les résultats. Le médecin recherchera aussi des signes de gravité", explique le Dr Aubriot

Comment soigner une cystite pendant la grossesse ?

Le traitement des cystites pendant la grossesse est le même que celui qui est proposée en dehors de la grossesse. "Il repose sur la prise d'un traitement antibiotique. Le plus souvent, on met en place un traitement monodose sur un seul jour voire sur 3 à 5 jours. Le traitement est mis en place rapidement après la pratique d'un examen bactériologique des urines (ECBU) sans attendre les résultats de celui-ci. En fonction des résultats de cet examen, l'antibiotique peut-être secondairement modifié, si il ne correspond pas à la sensibilité du germe retrouvé (antibiogramme.) (...) En cas de pyélonéphrite, une hospitalisation est en revanche nécessaire avec mise en place d'un traitement antibiotique par voie parentérale (intraveineux). On surveille alors l'état de l'enfant et on prévient le risque d'accouchement prématuré ou celui de fausse couche observée en début de grossesse", explique le Dr Aubriot.

Comment éviter les infections urinaires quand on est enceinte ?

"Il faut boire abondamment soit environ 2 litres de liquide par jour en particulier de l'eau. Il faut éviter les boissons agressives pour l'appareil urinaire comme des grandes quantités de thé ou de café" recommande le médecin. "On peut augmenter le pouvoir bactériostatique des urines en acidifiant celles-ci par exemple par de l'eau citronnée. Le jus de cranberries est aussi indiqué", souligne le Dr Aubriot qui donne aussi des conseils d'hygiène. "Les germes peuvent remonter de l'anus vers l'urètre et la vessie. Il faut alors penser à s'essuyer après les selles d'avant vers l'arrière. Il faut aussi aller uriner après les rapports. La stase urinaire peut aussi être évitée en allant fréquemment uriner. Il faut aussi éviter les traitements agressifs pour la flore vaginale comme des toilettes vaginales avec des savons trop agressifs. Une flore vaginale normale évite la prolifération de germes opportunistes qui pourraient remonter du vagin dans la vessie du fait d'un urètre court chez la femme et de la proximité de l'anus, du vagin et de l'orifice urétral", précise le Dr Aubriot. Enfin, évitez aussi de porter des pantalons ou collants trop serrés ou des matières qui favorisent la rétention d'humidité !

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