Fausse couche tardive : symptômes, quelle prise en charge ? 

La fausse couche tardive se définit comme l'interruption spontanée et involontaire de la grossesse qui survient entre la 14ème et la 22ème semaine d'aménorrhée. Causes, symptômes, prise en charge…Le Pr Cyril Huissoud, chef du service de gynécologie obstétrique de l'HFME et secrétaire général du CNGOF, nous éclaire. 

Fausse couche tardive : symptômes, quelle prise en charge ? 
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Si les fausses couches se produisent le plus souvent au cours du premier trimestre de grossesse, elles peuvent aussi survenir entre 12 et 20 semaines de grossesse, soit entre 14 et 22 semaines d'aménorrhée, auquel cas il est question de fausse couche tardive

Qu'est-ce qu'une fausse couche tardive ? 

La fausse couche tardive correspond à l'arrêt ou à l'expulsion d'une grossesse entre la fin du premier trimestre (14SA) et le début du seuil de viabilité du fœtus (22SA), ce qui correspond environ au cinquième mois de grossesse. Au premier trimestre, on parle plutôt de fausse couche précoce, qui est généralement liée à une anomalie du développement du fœtus, tandis qu'au-delà du seuil de viabilité (22SA), on parle plutôt de mort fœtale in utero ou d'accouchement prématuré.

Quel est le pourcentage des fausses couches tardives ?

Les fausses couches tardives concernent 1% des grossesses. Rappelons qu'une femme sur dix est concernée par une fausse couche au cours de sa vie. 

Qu'est-ce qui peut causer une fausse couche tardive ? 

Avant toute chose, il faut savoir que le risque de fausse couche augmente avec l'âge. Certaines grossesses s'arrêtent de manière tardive pour des raisons inexpliquées, mais l'hypothèse la plus probable serait une anomalie chromosomique de l'embryon. D'autres facteurs peuvent être à l'origine d'une fausse couche tardive : une infection, un dysfonctionnement du placenta, une malformation de l'utérus, une anomalie de la cavité utérine, des bouleversements hormonaux ou encore des anomalies de la coagulation sanguine. Mais la cause la plus fréquente de fausse couche tardive avec expulsion ou menace d'expulsion du fœtus, est "une béance cervico-isthmique, c'est-à-dire un col de l'utérus qui n'est pas suffisamment compétent d'un point de vue mécanique et qui s'ouvre trop facilement sous l'influence de l'augmentation de la pression dans l'utérus. Autrement dit, le col est trop faible et ne dispose pas des capacités nécessaires pour maintenir une grossesse", explique le Pr Cyril Huissoud. 

Quels sont les symptômes d'une fausse couche tardive ? 

"Une fausse couche tardive ou une menace de fausse couche tardive se manifeste essentiellement par une pesanteur et des douleurs au niveau du ventre, liées au fait que le col s'est ouvert sans que la patiente ait eu la perception de ses contractions", informe le gynécologue obstétricien. Parfois, la poche des eaux se rompt, entraînant la perte de liquide amniotique et l'expulsion du fœtus. Des saignements peuvent être associés, mais ils ne sont pas systématiques.

"Une fausse couche tardive se manifeste essentiellement par une pesanteur et des douleurs au niveau du ventre".

Est-il possible de faire une fausse couche à 4 mois ? À 6 mois ? 

Au-delà du seuil de viabilité du fœtus de 22 semaines d'aménorrhée, on ne parle plus de fausse couche mais de mort in utero ou d'accouchement prématuré. 

C'est quoi une fausse couche tardive silencieuse ?

Contrairement à une fausse couche précoce qui saigne quasiment tout le temps, la fausse couche tardive peut être silencieuse et ne s'accompagner d'aucun saignement. L'ouverture du col peut éventuellement provoquer des saignements, mais ils ne seront jamais aussi abondants qu'au premier trimestre. "La poche des eaux peut envahir le vagin avec le fœtus qui est à moitié dans le vagin et à moitié dans l'utérus. Dans certains cas, la fausse couche tardive ne s'accompagne d'aucun symptôme, elle est alors qualifiée de silencieuse", détaille le spécialiste. 

Quelle est la prise en charge d'une fausse couche tardive ?

Après 16 semaines d'aménorrhée, le curetage par aspiration n'est plus possible. Il est alors nécessaire de procéder à un véritable accouchement. En cas de suspicion de béance cervico-isthmique ou en cas d'antécédent de FCT, un cerclage du col de l'utérus peut être réalisé pour préserver la grossesse suivante. "Une surveillance régulière, notamment via des échographies endovaginales pour mesurer la longueur du col, sera instaurée. L'administration de capsules de progestérone en intravaginal pourra être préconisée pour éviter tout raccourcissement du col. En effet, la progestérone vise à renforcer le tonus du col utérin et à limiter les contractions, réduisant ainsi le risque d'accouchement prématuré", développe le Pr Cyril Huissoud. Le CNGOF précise que, "en cas d'antécédent de FCT après 16 SA, si la grossesse ultérieure est une grossesse singleton, il est recommandé de réaliser un cerclage uniquement en cas de col court (moins de 25 mm) à l'échographie avant 24 SA , car celui-ci réduit le risque de prématurité et la morbi-mortalité périnatale". 

Merci au Pr Cyril Huissoud, chef du service de gynécologie obstétrique de l'HFME et secrétaire général du CNGOF
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