Incompatibilité rhésus entre mère et père : conséquences
La compatibilité sanguine entre une mère et un père est particulièrement surveillée pendant la grossesse. Quels sont les risques en cas d'incompatibilité rhésus ? Pourquoi les femmes enceintes, qui ont déjà un enfant, sont-elles plus concernées par l'incompatibilité fœto-maternelle ? Réponses de Léa Marchal, sage-femme.
Certains rhésus ne sont pas compatibles entre eux. Dans un couple, au quotidien, cette inadéquation n'a aucun impact mais elle pose problème lorsqu'un projet bébé se concrétise. L'incompatibilité rhésus intervient lorsque la mère à un rhésus négatif, et que bébé est rhésus positif comme son père. Le système immunitaire de la maman se met alors en branle pour créer des anti-corps anti-rhésus, au moment de la deuxième grossesse. Voici pourquoi.
Qu'est-ce que l'incompatibilité rhésus ?
Derrière ce terme se cachent beaucoup d'angoisses et de questions pour les futurs parents. Pourtant, la prévention permet de limiter très efficacement les risques pour le bébé. Lors d'une grossesse, la recherche du groupe sanguin de la mère fait partie des examens obligatoires du premier trimestre et ce, pour deux raisons. La première, pour pouvoir en cas de besoin pratiquer une transfusion de "sang compatible". La deuxième, pour savoir si la mère et l'enfant ne sont pas "incompatibles". En effet, un rhésus négatif en contact avec un rhésus positif se protège et fabrique des anticorps anti-rhésus, les agglutinines, destructeurs des globules rouges porteurs de ce rhésus. Ainsi, le système immunitaire de la mère pourrait mettre en danger le fœtus et causer des accidents plus ou moins graves (anémie, séquelles cérébrales...). Pour vous aider à mieux comprendre ce qu'est l'incompatibilité rhésus, on fait le point sur les groupes sanguins et les différentes situations entre le rhésus de la mère et du papa.
Rhésus et groupe sanguin : comment savoir ?
Un groupe sanguin comprend une lettre A, B ou O et un signe + ou –. Le rhésus est une particularité génétique : on est toujours du même rhésus qu'il soit positif ou négatif. Le signe + ou - correspond au rhésus.
- Une personne est rhésus positif (+) si ses globules rouges portent, à leur surface, une certaine molécule, appelée molécule rhésus.
- Une personne est rhésus négatif si ses globules rouges ne portent pas à leur surface de molécule rhésus.
- Une femme rhésus négatif enceinte d'un homme rhésus positif peut donner naissance à un enfant rhésus positif.
Incompatibilité rhésus foeto-maternelle : quels sont les risques ?
Seuls les couples dont la femme est rhésus négatif et l'homme rhésus positif (et pas l'inverse !) feront l'objet d'une surveillance rapprochée. En effet, leur bébé a une chance sur deux d'hériter du rhésus positif de son père et donc de courir un risque. Il n'existe donc aucun risque d'incompatibilité fœtale entre :
- une mère Rhésus +, un père rhésus + et un enfant rhésus + ou -
- une mère rhésus +, un père rhésus - et un enfant rhésus + ou -
- une mère rhésus -, un père rhésus - et un enfant rhésus -
- une mère rhésus -, un père rhésus + et un enfant rhésus -.
Néanmoins, un risque d'incompatibilité fœtale existe lorsque la mère est rhésus -, le père rhésus + et l'enfant rhésus +.
Incompatibilité rhésus fœto-maternelle : quels risques lors de la première grossesse ?
"Il n'existe pas de risque pendant la première grossesse, mais il faut effectuer une prévention rhésus lorsque l'on est rhésus négatif pour ne pas s'immuniser contre les embryons de rhésus positif" explique Léa Marchal, sage-femme. Au cours d'un premier accouchement (ou d'une FCS ou FCT ou IVG) : des globules rouges du fœtus ou embryon rhésus positif peuvent passer dans le sang maternel. La mère fabrique alors des anticorps anti-rhésus, appelés agglutinines irrégulières. "Elle va alors s'immuniser contre les embryons/fœtus de rhésus positif" précise la sage-femme.
Deuxième grossesse et rhésus négatif : qu'est-ce que ça change ?
Lorsqu'une mère de rhésus négatif met au monde son 2e enfant rhésus positif et que son partenaire est également positif, il faut prêter attention à l'incompatibilité rhésus. L'immunisation s'effectue le plus souvent au moment de l'accouchement. Le risque survient lors d'une grossesse suivante, même si la première n'a pas été menée à son terme, soit à cause d'une fausse couche, soit à cause d'une Interruption volontaire de grossesse. Si l'embryon ou fœtus est encore rhésus positif, les anticorps anti-rhésus maternels peuvent traverser le placenta et attaquer les globules rouges du fœtus.
Incompatibilité rhésus fœto-maternelle : quels risques pour le fœtus ?
Le passage des anticorps maternels dans le sang fœtal peut entraîner une anémie, un œdème, un ictère ou des lésions cérébrales.
Incompatibilité rhésus fœto-maternelle : quels traitements ?
En cas d'incompatibilité, on vérifiera par prise de sang que la réaction maternelle contre les globules du bébé n'a pas débuté malgré les précautions. 72 h après l'accouchement, une injection d'anticorps est effectuée permettant ainsi de neutraliser les globules rouges rhésus positifs du fœtus/bébé, avant que la mère ne développe des anticorps."Cette même injection peut être également administrée pendant la grossesse à 28 semaines d'aménorrhée environ. L'injection est systématique pour les femmes de rhésus négatif, sauf les cas où l'on est certain que le fœtus est rhésus négatif" rappelle Léa Marchal. L'injection est également réalisée à chaque fois qu'il y a une possibilité de contact entre le sang du bébé et celui de la mère, à l'occasion d'une opération chirurgicale par exemple, d'une amniocentèse, ou d'une prise de sang du bébé, d'un traumatisme abdominal.
Le traitement dépendra ensuite du degré d'anémie de l'enfant. Comme l'explique Léa Marchal : "L'enfant peut n'avoir besoin que d'une photothérapie intensive. Il est alors placé sous une rampe de lumière bleue qui permet d'éliminer la bilirubine à l'origine de l'ictère du nouveau-né." Dans les cas graves d'allo-immunisation rhésus, heureusement plus rares, lorsque l'anémie est très sévère : "On peut effectuer une transfusion sanguine et remplacer le sang de l'enfant par exsanguino-transfusion."
Merci à Léa Marchal, sage-femme.