Marie Bochet, championne paralympique de ski : "Être ambassadrice L'Oréal Paris n'était pas un rôle auquel je me destinais"

Les odeurs qui ponctuent son quotidien ? Celles vestiaires de ski, entre baume à lèvres, crème solaire et chaussettes mouillées. Mais depuis 2018, chaque année, Marie Bochet délaisse sa Savoie natale pour défiler dans la capitale avec L'Oréal Paris. Un défi que la championne paralympique a encore une fois relevé haut la main, lors d'un show 2023 sur le parvis de la Tour Eiffel. Le Journal des Femmes a rencontré l'athlète à quelques heures de l'événement, pour parler de sport, de beauté et de représentation.

Journal des Femmes : Vous êtes égérie L'Oréal Paris depuis cinq ans. Qu'est-ce que ce rôle représente pour vous ?
Marie Bochet : Petite, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je n'ai jamais répondu : "Défiler à la Fashion Week". Ce contrat, pour moi, était complètement inattendu, surprenant dans le bon sens du terme. Au début, je n'arrivais pas à y croire, puis nous avons signé le contrat et la relation qui s'est nouée entre nous a tout de suite été très humaine. La marque et moi avions vraiment envie de travailler ensemble. J'ai découvert un milieu qui n'est pas très éloigné de celui du sport. Il y a, dans ce secteur aussi, un staff, une prépa spécifique, un objectif, cette effervescence à quelques minutes de l'aboutissement... J'ai trouvé quelques repères, même si au début, j'étais très mal à l'aise sur les shootings et lors des défilés.

Qu'est-ce que cette fonction vous apporte ?
Des rencontres, déjà. Parmi les égéries, qui ne sont pas toutes mannequins, il y a une vaste représentation des femmes d'aujourd'hui [la chanteuse Yseult, l'actrice Andie MacDowell, la top Cindy Bruna ou encore la comédienne Leïla Bekhti font partie des ambassadrices de la marque, ndlr]. Les défilés m'ont permis d'apprendre à m'assumer. C'est un moment assez impressionnant : il faut se lancer sur le catwalk, s'exposer au regard du monde dans une tenue que je n'ai pas l'habitude de porter. Cette expérience a développé ma confiance en moi dans un domaine que je ne connaissais pas et dans lequel j'ai finalement réussi à trouver ma place. En fait, ce partenariat m'apporte une réelle évolution de ma valorisation personnelle, il me permet de m'épanouir. On m'a aussi choisi pour représenter les femmes en situation de handicap, même si mon handicap est très léger par rapport à d'autres [Marie Bochet est née avec une malformation de l'avant-bras gauche, ndlr]. Je pense à cette responsabilité à chaque fois que je défile.

Y a-t-il un message que vous souhaitez faire passer grâce à ce partenariat ?
Être ambassadrice L'Oréal Paris n'était pas un rôle auquel je me destinais, mais il s'est présenté au gré des aventures de ma vie. Je suis une petite savoyarde des montagnes, mes parents sont agriculteur-rice-s... Personne n'aurait pu imaginer que je défilerais un jour à la Fashion Week de Paris. Bien sûr que je me suis demandé si j'étais à ma place ! Mais le message que je veux porter, c'est qu'il ne faut pas se fermer de portes, il ne faut pas avoir peur et il faut absolument saisir les opportunités qui se présentent.

Est-ce que vous avez même trac lors d'une compétition et quand vous défilez pour L'Oréal Paris ?
Je suis moins stressée, mais il faut dire que les enjeux ne sont pas les mêmes. Et puis l'ambiance générale, le message que l'on nous transmet permet d'aborder sereinement le show : on ne veut pas que je joue un rôle. Cela dit, les premiers défilés étaient très impressionnants. Je me souviens du catwalk dressé sur la Seine en 2018, j'étais l'une des premières à m'élancer, l'adrénaline commençait à monter…

Est-ce que vous pouvez nous emmener dans les coulisses du show et nous décrire les 48 dernières heures avant le coup d'envoi ?
C'est là que tout se passe. J'arrive le samedi pour me rendre au fitting et découvrir la tenue que je vais porter lors du défilé. L'idée, c'est de vérifier que je suis à l'aise dans les vêtements, parce que ce look va me représenter. Le soir, les égéries et la famille L'Oréal Paris se rassemblent pour partager un moment intime, ensemble, avant de s'exposer à tout le monde. C'est à cette occasion que se rencontrent les autres ambassadrices. L'année dernière, par exemple, j'y ai fait la connaissance d'Yseult. Le lendemain matin, je vois ma sœur qui vit à Paris, c'est devenu notre tradition. Puis en début d'après-midi, on prend la direction du défilé pour passer entre les mains des expert-e-s. On répète une dernière fois derrière la scène, on découvre l'endroit où l'on va marcher, et ensuite, on se laisse porter par l'ambiance.

De manière plus générale, quel est votre rapport à la beauté et à la mode ?
Je prends soin de ma peau et de mon corps; après tout, il s'agit de mon outil de travail. La mode, je m'y intéresse, j'ai une certaine affinité pour les belles matières, les beaux vêtements.

Est-ce qu'il y a des choses que vous aimeriez voir changer dans ces secteurs ?
La représentation du modèle de beauté évolue, L'Oréal Paris est l'un des chefs de file en la matière. Mais il y a encore à faire dans les mondes de la beauté et de la forme pour que chaque femme se sente représentée. Par ailleurs, je porte une attention toute particulière à l'écologie. Je vis en montagne, à proximité de la nature et je suis témoin de ce que le réchauffement climatique est en train de produire. Les marques doivent être vigilantes sur ce sujet-là. Il est impératif de comprendre qu'il faut prendre soin de nous et de ce qui nous entoure.

Vous êtes une multi médaillée paralympique et multi championne du monde, vous avez tout gagné. Quels sont les prochains objectifs de votre carrière ?
Je vais terminer ma carrière en me préparant pour une dernière saison sur les skis. Il est temps. J'ai la chance d'avoir vécu beaucoup d'émotion, mais aujourd'hui, j'ai envie de mettre mon énergie ailleurs.