Cette militante française s'est battue toute sa vie pour que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques

Née en 1884, Alice Milliat fait partie de ses personnalités qui ont changé la face du sport féminin. Pourtant, elle est longtemps restée méconnue du grand public.

Cette militante française s'est battue toute sa vie pour que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques
© Alice Milliat par Agence Rol - 1920

Des femmes qui courent un 100 mètres, disputent une finale de tennis ou s'affrontent lors d'un match de football : en 2024, lors des Jeux olympiques de Paris, le public aura la chance d'assister à des épreuves 100 % paritaires. Pourtant, elles ne l'ont pas toujours été. Loin de là : au début du XXème siècle, il aura fallu beaucoup de détermination à une sportive, originaire de Nantes, pour faire accepter aux hommes la présence d'épreuves féminines aux Jeux olympiques. Son nom : Alice Milliat.

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Portrait en noir et blanc d'Alice Milliat © Agence Rol - 1920

Une femme à l'avant-garde

Si elle voit le jour en 1884, Alice Milliat se marie vingt plus tard, à Londres à Joseph Milliat. C'est dans la capitale anglaise qu'elle découvre l'aviron, mais aussi la natation et le hockey sur gazon. La jeune femme fait son retour en France en 1908, après la mort de son époux. Elle s'engage alors dans le combat d'une vie : celui d'apporter de la reconnaissance au sport féminin. Pour arriver à ses fins, Alice Milliat se fait élire à la présidence de la Fédération des sociétés féminines sportives de France qui regroupe plusieurs clubs. En 1919, elle fait la demande au Comité international olympique (CIO) d'inclure des épreuves féminines lors des prochains Jeux olympiques. Le refus ne tarde pas. À l'époque, le président du CIO, Pierre de Coubertin juge le sport féminin "inintéressant, inesthétique et incorrect". La place des femmes selon lui ? Au pied des podiums pour remettre les médailles. Sauf qu'Alice Milliat ne compte pas abandonner au de sitôt.

Quand les femmes ont-elles pu participer aux Jeux olympiques ?

La Nantaise se mett en tête de prouver leur erreur au CIO et à Pierre de Coubertin. Elle commence par organiser en 1921 le premier meeting international féminin à Monte-Carlo, puis les Jeux mondiaux féminins en 1922. Des succès sportifs et publics qui vont faire bouger les lignes. En 1928, les femmes obtiennent enfin le droit de participer aux épreuves d'athlétisme lors des Jeux olympiques d'Amsterdam. Alice Milliat fait d'ailleurs partie du jury chargé de départager les athlètes. Elle se retire quelques années du plus tard du milieu sportif et décède le 19 mai 1957 à Paris.

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Alice Milliat entourée d'hommes dans un stade © BNF

Une fondation pour continuer le combat

Plus d'un siècle après sa disparition, tard, le sport féminin a toujours besoin de soutien. En mars 2016, la fondation Alice Milliat voit le jour. Reconnue d'utilité publique, cette structure travaille notamment à l'amélioration de la médiatisation du sport féminin dans toute l'Europe grâce à de nombreux projets, ainsi qu'à travers un label qui met en avant l'égalité femme-homme dans le milieu du sport.

L'héritage d'Alice Milliat

La figure d'Alice Milliat est longtemps restée méconnue du grand public. Depuis quelques années, de nombreuses municipalités ont néanmoins donné le nom de la talentueuse dirigeante à certaines infrastructures sportives. À Paris, on trouve un gymnase Alice Milliat, tout comme à Romainville ou Ivry-sur-Seine. À Bourgoin-Jallieu et Pantin, c'est une piscine qui a été nommée en l'honneur de celle qui s'est battue pour que les femmes participent aux Jeux olympiques. Les villes de Montreuil et d'Échirolles comportent, elles, un stade Alice Milliat. Le 8 mars 2021, une statue en son honneur a également été dévoilée. Elle trône aujourd'hui dans le hall du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), à côté de celle de Pierre de Coubertin. Une juste reconnaissance du travail accompli. 

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