Qu'est-ce que le mois d'or, qui consiste à choyer la maman après l'accouchement ?

Baby blues, manque de sommeil, fatigue, douleurs… Si le premier mois suivant l'accouchement est magique, il peut aussi se révéler éprouvant. Cette période est unique en son genre et chaque femme devrait pouvoir profiter de son bébé sans négliger ses propres besoins de repos et d'attention. Tel est le principe du mois d'or, une tradition dans de nombreuses civilisations, notamment au Japon et en Chine. Mais peut-on vraiment le respecter et comment ? Réponses et conseils de Marie Mahé-Poulin, psychologue clinicienne, formatrice pour les professionnels du postpartum et co-auteure du livre Le mois d'or – Bien vivre le premier mois après l'accouchement (éd. Presses du Châtelet). 

En quoi consiste le mois d'or ? 

Le mois d'or désigne la période qui débute au moment de l'accouchement et qui s'étend sur 40 jours. C'est une phase hors du temps, ponctuée d'enjeux spécifiques pour la jeune maman, tant du point de vue psychologique qu'identitaire, mais aussi physiologique et gynécologique. Pratiqué dans de très nombreux pays dans les traditions ancestrales, le mois d'or consiste à prendre soin de manière très spécifique de la femme qui vient d'accoucher. "Outre des pratiques corporelles, des soins à la mère sont prodigués, tout est mis en œuvre pour l'aider dans son quotidien afin qu'elle puisse se reposer et se remettre de son accouchement car il y a un temps de "dégestation", on ne sort pas de la grossesse en trois jours. Cette période vise à permettre au corps de retrouver un équilibre, d'éviter à la maman de faire des efforts afin qu'elle puisse se remettre et tisser des liens avec son bébé", développe Marie Mahé-Poulin. 

"Tout est mis en œuvre pour l'aider dans son quotidien afin qu'elle puisse se reposer et se remettre de son accouchement car il y a un temps de dégestation"

Comment soutenir la maman après la naissance de bébé ?

Marie Mahé-Poulin et Céline Chadelat ont étudié les différentes pratiques du mois d'or dans de très nombreux pays, de la Chine à l'Inde en passant par l'Afrique et l'Amérique du Sud ainsi que chez les Inuits et en ont extrait le meilleur pour la rendre accessible au monde actuel. Une communauté se dresse autour des mères et des familles pour les soutenir pendant toute cette période (préparer les repas, s'occuper des aînés, de la logistique), et lui apporter des conseils sans jugements.

"Dans nos sociétés occidentales, il y a énormément d'attention portée sur la maman pendant la grossesse, mais dès qu'elle accouche, tous les regards se tournent vers le bébé".

D'où l'importance de prendre soin de cette dernière. Le mois d'or permet de favoriser l'équilibre émotionnel de la mère, car on sait que la dépression postpartum concerne au moins 1 femme sur 5 et qu'elle est souvent causée par l'isolement. Autrement dit, le mois d'or va permettre à la femme de se reposer autant que possible, même si c'est difficile avec un bébé. 

Au Japon, les mamans dorlotées, mais isolées

L'idée n'est pas de se confiner ni de ne pas poser un pied par terre pendant 40 jours comme c'est le cas au Japon, car ce n'est pas réalisable. Il faut choisir qui on laisse entrer dans notre bulle, et s'autoriser à vivre dans une fenêtre hors du temps en préservant l'envie de maternage sans basculer dans un isolement qui augmente le risque de dépression post-partum. 

Quelle alimentation privilégier durant le mois d'or ? 

L'idée, c'est d'apporter de la chaleur à la femme pour la soutenir au niveau hormonal et corporel. On mise donc sur le fait de manger chaud, mais aussi de consommer des aliments réchauffants comme les épices (curcuma, gingembre, cannelle), en veillant à privilégier des aliments digestes car le système digestif est perturbé après l'accouchement, il a besoin qu'on lui facilite le travail. Au menu : des fruits, des légumes, des protéines (œufs, viande, poisson, tofu, graines, noix), des oméga 3 (noix, colza, saumon, maquereau, hareng, sardine), des céréales complètes.