Couple : est-ce plus dur de quitter ou d'être quitté ?
Quand une relation arrive à son terme, la question de la séparation est inévitable. Mais qui s'en remet le mieux ? Réponses d'Anne Landry, psychothérapeute.
"Il a le beau rôle", "C'est plus facile pour elle", "Il a tout brisé"... La personne qui quitte a généralement le mauvais rôle, celui du "méchant" : l'entourage compatit à la peine de la personne quittée et prend ainsi fait et cause pour elle, laissant de côté la personne responsable de la rupture. Or celui qui quitte souffre aussi, nous explique la psychothérapeute Anne Landry. Lorsque l'on en vient à prendre la décision de quitter l'autre, c'est au prix de toute une réflexion. Ce chemin peut être long (il peut durer des semaines, des mois voire des années) et il est souvent douloureux car quitter c'est rompre un couple, voire une famille. On peut ressentir de la culpabilité et des remords non seulement à briser l'harmonie familiale, mais aussi de faire souffrir l'autre.
"Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?"
À l'inverse, la personne quittée subit la décision de l'autre. Cela peut générer un sentiment d'abandon et d'impuissance, l'idée que l'on n'a pas été à la hauteur de la relation et des attentes de l'autre, qu'on l'a déçu. Dès lors, les regrets émergent. On subit également la solitude du jour au lendemain ce qui peut provoquer une forte douleur. "Ce qui est le plus douloureux c'est de se réapproprier sa vie sans l'autre. Dans les consultations que je donne, souvent les patients me confient ne plus très bien savoir qui ils sont. Qu'il s'agisse d'une relation passionnelle de deux ans ou d'un couple de quinze ans, la question est toujours la même : "Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?". Le vide que laisse la rupture à celui qui est quitté peut être abyssal" indique Anne Landry. C'est encore plus difficile si la personne est quittée sans explication : dès lors, la rupture est violente et peut entrainer une sérieuse remise en cause.
La souffrance ne se situe pas au même endroit
Est-ce alors plus facile de quitter ou d'être quitté ? Celui qui part a mûri sa décision et est plus autonome dans cette séparation, tandis que celui qui reste a le sentiment de subir, sans pouvoir rien faire ce qui peut rendre la situation plus complexe et difficile à accepter. "Pour autant, je ne pense pas que cela soit plus facile, analyse Anne Landry. La souffrance ne se situe pas au même endroit. Celui qui part prend une responsabilité, celle de m'être fin au projet du couple, ce qui peut susciter des remords et des regrets, notamment en faisant naître l'éternelle question "Ai-je bien fait ?" surtout dans une relation ou il y a des enfants. La douleur peut être immense, mais elle est tu, par honte et par peur de ne pas avoir la légitimité aux yeux des autres de la ressentir et encore moins de l'exprimer. Tandis que celui qui est quitté a le droit d'exprimer sa souffrance, et le fait de pouvoir être entendu à l'endroit de cette douleur aide à la traverser. Celui qui ne peut exprimer sa souffrance mettra plus de temps à s'en affranchir et c'est souvent le cas pour celui qui quitte."
Qu'elle soit choisie ou subie, il y a un deuil amoureux à faire pour les deux personnes de l'ex-couple. "Mais pas le deuil de la personne, le deuil de la relation : on quitte une histoire, un couple, une relation et non pas LA personne, remarque Anne Landry. C'est cette confusion qui fait souffrir celui qui se sent quitté. Mais que ce soit pour la personne qui quitte ou celle qui est quittée, il y a une phase de deuil incontournable à faire, celui de ce qu'on ne vivra plus ensemble. Les étapes sont similaires aux étapes du deuil : le déni, la négociation, la colère, la tristesse et l'acceptation. Ces différentes phases valent tant pour celui qui quitte que pour celui qui est quitté." Et elle demande du temps… "La période de chagrin est importante à considérer et à respecter. Il y a, dans ce vide, un trop plein qui a besoin de s'évacuer. Il est fondamental d'accueillir les émotions qui sont là et de se laisser le temps de guérir" ajoute la psychothérapeute. Au besoin, n'hésitez pas à faire appel à un professionnel pur vous aider à traverser cette douleur.
Merci à Anne Landry, psychothérapeute et auteure de " L'Hyperempathie " et de " Femmes Hypersensibles, cette sorcière qui s'ignore ", Eds. Guy Trédaniel.