Libertinage : définition, c'est quoi un couple libertin ?

De nombreuses idées reçues entourent le libertinage. Qu'est-ce que c'est précisément ? Faut-il forcément pratiquer le BDSM ? Couple libertin et couple libre, est-ce pareil ? Comment se met-on au libertinage ?

Libertinage : définition, c'est quoi un couple libertin ?
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Tester de nouvelles expériences, pimenter sa vie sexuelle, ouvrir son couple, se sentir désiré, assouvir sa curiosité, s'affranchir des standards… Le libertinage est motivé par plusieurs raisons. Cette philosophie de vie tend à offrir une sexualité décomplexée, malgré les nombreuses idées reçues qui y sont associées. Si les mentalités évoluent, la monogamie reste très centrale dans les relations. Sites de rencontres dédiés, pratiques, couple libertin… Pour mieux comprendre ce qui se joue derrière le libertinage, Gwen Ecalle, sexologue spécialisée dans l'accompagnement des personnes en situation de non-exclusivité et éducatrice à la sexualité, revient sur cette façon de percevoir le couple et la sexualité. 

C'est quoi le libertinage ?

Le terme libertinage vient du latin "libertinus", qui signifie "s'affranchir". À l'origine, ce terme, définissait une personne qui s'affranchit des conventions et mène sa vie selon ses désirs. Au fil du temps, le mot s'est ouvert à l'univers de la sexualité. "Selon moi, c'est avant tout une liberté de penser, de vivre selon sa propre norme, au-delà de celles attendues par la société en termes de relation affective et sexuelle", débute Gwen Ecalle. Cette manière de concevoir les relations s'inscrit souvent (mais pas pour tous) comme une philosophie de vie. Les personnes pratiquant le libertinage ont une vie sexuelle totalement libre qui ne se cantonne pas aux deux membres du couple et à l'exclusivité. Toutefois, comme la sexologue le rappelle, "ce n'est pas toujours lié à la sexualité sans sentiment, on peut être libertin et polyamoureux par exemple". Il existe de nombreuses façons de pratiquer le libertinage : 

  • Le mélangisme : faire l'amour avec un autre couple, mais ne pratiquer la pénétration qu'avec son partenaire. 
  • L'échangisme : échanger son partenaire avec celui d'un autre couple.
  • Le côte-à-côtisme : avoir un rapport sexuel aux côtés d'un ou plusieurs autres couples. 
  • Le candaulisme : regarder son partenaire avoir un rapport sexuel avec quelqu'un d'autre.
  • Le triolisme : connu sous le nom de plan à trois, il peut s'agir d'inviter une personne extérieure à rejoindre son couple lors d'un rapport.
  • Les pratiques BDSM (Bondage, Discipline (ou domination), Sadism, and Masochism): elles sont aussi considérées comme des jeux libertins, à réaliser à deux ou à plusieurs avec des accessoires.

"Tous les libertins ne pratiquent pas le BDSM ou l'échangisme (etc.), il existe de nombreuses façons de vivre son libertinage", ajoute Gwen. S'il est souvent associé à des pratiques "extrêmes" dans l'imaginaire, on peut très bien être libertin et avoir une sexualité dite plus "classique".

Qu'est-ce qu'un couple libertin ? Comme un couple libre ?

Le couple libertin n'est pas un couple libre. Les couples libres ne se catégorisent pas comme "libertin". Les membres d'un couple libre peuvent avoir des relations sexuelles en dehors, mais sont exclusifs "émotionnellement", et mettent en place des règles entre eux. Sous certaines conditions, ils s'autorisent à avoir des rapports sexuels avec un autre partenaire, généralement l'un sans l'autre. Les couples libertins pratiquent le libertinage régulièrement ensemble. "Souvent, les personnes utilisent le terme "couple libre" pour ne pas s'étiqueter, elles ne veulent pas fermer la porte et ne pas être exclusif, mais ne savent pas comment être un couple ouvert", explique la sexologue. Dans un couple libertin, cette ouverture fait partie de leurs vies. Il s'agit d'exploration, de découvrir plein de sphères au niveau de la sexualité. Dès lors, le couple libertin ne s'encombre pas de la morale, ni des "règles" que l'on peut retrouver dans les situations traditionnelles inclusives. Ici, les membres prennent du plaisir dans la relation, mais aussi à l'extérieur. Ils peuvent avoir des rapports intimes avec d'autres partenaires, ensemble ou séparément. Dans les couples libertins, il y a une volonté de se défaire des interdits. "Quand ça se passe bien, ce mode de vie offre une meilleure estime de soi", commente Gwen Ecalle. Cette forme d'exploration aide à se sentir bien dans son corps, à se sentir désiré. 

Comment pratiquer le libertinage ?

"Il y a des milliers de façons de libertiner", annonce la sexologue. Il n'existe aucun cahier des charges à respecter, pour pratiquer le libertinage, il suffit de se laisser porter par ses envies et ses fantasmes. "Il faut se demander "Est-ce que j'ai envie de ça ?" et "Pourquoi ça m'attire", mais aussi en parler avec son partenaire – dans le cas d'une relation de couple. "Cette étape n'est pas toujours facile, on n'est parfois pas raccord, certains peuvent mettre de la pression, c'est un cheminement à suivre petit à petit", continue-t-elle. Différentes occasions peuvent provoquer le libertinage. "Cela peut être des rencontres ou des lieux, qui vont inviter à explorer cette facette de la sexualité", énonce Gwen. Aujourd'hui, des applications axées sur les relations affectives, sexuelles, BDSM sont disponibles. Également des lieux de rencontres – clubs, spas, saunas, des soirées privées, des festivals ou encore des clubs libertins. 

Faut-il respecter des règles ?

► "Il n'y a pas de règle, toutefois, il y a certaines choses à garder en tête", souligne la sexologue. Tout d'abord, la communication. Il est important de se mettre d'accord avec son partenaire sur différents aspects du libertinage : comment on veut le pratiquer, à quel endroit, dans quel espace. Il est nécessaire de beaucoup parler, non pas pour se contraindre, mais pour mettre en place un espace qui satisfera les deux membres. "Des espaces de consentement évolutifs, certaines choses peuvent être ok un jour et puis finalement ne plus l'être". C'est pourquoi, la communication constante est indispensable. 

► Pareillement, comme dans toutes les formes de relation, le consentement est indispensable. "Il y a une différence entre la théorie et la pratique", avertit Gwen. "Devant l'acte accompli, certaines personnes le vivent mal, car elles n'avaient pas imaginé que c'était possible. Elles se sentent trahies". Il est alors nécessaire d'évoquer les situations, les envies, les non-envies, pour que tout acte soit consenti par les membres du couple et toléré dans le cadre de la relation. "Au sein de chaque couple, des conversations permettent de définir un cadre spécifique : les pratiques que l'on accepte ou non, les limites. Une sexualité libérée ne veut pas dire ne pas respecter l'autre et les limites de son couple".

► Pour que cela se passe dans les meilleures conditions, l'usage d'un sas de sécurité peut être intéressant. "Il faut établir ce que l'on fait avec son couple dans le cas où ça n'irait pas pour l'un ou l'autre, comment on communique avec son partenaire pour dire oui/non et pour vérifier le consentement". La sexologue rappelle aussi la nécessité de jauger son état émotionnel et celui de son partenaire avant, pendant et après. 

"Pour pratiquer le libertinage, il faut bien se connaître"

Quelles précautions prévoir ?

Comme dans toutes les sphères de la sexualité, des précautions doivent être prises. L'usage de protection classique – préservatif, mais aussi des précautions d'hygiène de vie. "Pour pratiquer le libertinage, il faut bien se connaître". Gwen suggère la nécessité d'être en bonne santé, "on ne va pas rencontrer de nouveaux partenaires si on est immunodépressif, si on a des plaies dans la bouche. Il faut être bien dans son corps pour diminuer les risques de transmission". Toutefois, ce ne sont pas les seules précautions à prendre. Comme elle l'indique, l'ordre émotionnel entre aussi en jeu. "Se préparer à ouvrir son couple, à vivre des formes de liberté, ce n'est pas toujours facile. Entre fantasmes, envies, théories et pratiques, il y a beaucoup de choses à mettre en place", conclut-elle.

Merci à Gwen Ecalle, sexologue spécialisée dans l'accompagnement des personnes en situation de non-exclusivité et éducatrice à la sexualité.