Couple : est-ce qu'on fait suffisamment l'amour ?

"Tous les couples se posent cette question à un moment donné" reconnait la thérapeute de couple Evelyne Dillenseger.

Couple : est-ce qu'on fait suffisamment l'amour ?
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39% des femmes et 55% des hommes n'ont pas l'impression de faire suffisamment l'amour selon une étude Ifop x Lelo publiée en février 2024. Une personne en couple sur cinq admet ne pas ou ne plus avoir de rapports sexuels avec sa moitié, toujours selon cette même étude. Alors comment savoir si la fréquence des rapports est normale dans son couple ? "Tous les couples se posent cette question à un moment donné" observe Evelyne Dillenseger, thérapeute de couple et sexologue. "Au début d'une histoire, on fait souvent tout le temps l'amour car on apprend à se connaître. Au bout d'un an, voire deux ou trois ans, avec les habitudes -surtout si on vit ensemble- on a moins de rapports." Les chiffres le prouvent.

Parmi les personnes en couple interrogées par l'Ifop, 60% des hommes ont déclaré avoir un rapport sexuel par semaine et 52% des femmes. Des chiffres qui baissent au fil de la longévité du couple :

  • 75% des hommes et 77% des femmes en couple depuis moins de 3 ans ont en moyenne 1 rapport sexuel par semaine
  • 77% et 61% pour les couples ensembles depuis 3 à 7 ans
  • 81% et 60% pour les couples ensembles depuis 7 à 10 ans
  • 66% et 56% pour les couples ensembles depuis 10 à 20 ans
  • 44% et 40% pour les couples ensembles depuis plus de 20 ans

En moyenne, les hommes et les femmes interrogées (en couple ou non) rapportent 6 à 7 rapports sexuels par mois soit 1 à 2 par semaine, contre 9 par mois en 1970 (donc plus de deux par semaine). La fréquence hebdomadaire des rapports sexuels des Français(es) est donc en baisse. La gestion des enfants, la fatigue, le stress et la charge de travail influent sur le couple et son intimité.

"On se met beaucoup la pression"

Sans compter que l' "on se met aussi beaucoup la pression" estime la sexologue. "Nous sommes dans une société où l'on entend beaucoup parler de sexe. Il y a une forme d'injonction : on a l'impression que ça fait partie de notre santé et de notre bien-être de faire l'amour. Cela devient comme un devoir, alors que c'est d'abord un plaisir."

Si évidemment chaque couple est différent et qu'une fréquence satisfaisante dépend de chacun, il ne faut surtout pas perdre de vue que la sexualité fonctionne avec le désir. "Il n'y a pas de normalité dans la sexualité, on fait l'amour parce qu'on en a envie" avance la professionnelle. Il ne faut pas se lancer dans un ébat à deux juste parce que cela fait deux semaines ou un mois que l'on n'a rien fait sous la couette. Il faut en avoir "envie".

La question de la frustration est importante

A ce sujet, il est intéressant d'observer l'éventuel sentiment de frustration car il peut mettre sur la piste. En effet, lorsque l'un des partenaires se sent sexuellement frustré et en manque de sexe, c'est peut-être que les rapports ne sont pas suffisamment fréquents. En parler à l'autre peut permettre de débloquer la situation et de trouver ensemble une solution qui puisse satisfaire l'un et l'autre des partenaires. "Il faut trouver une façon de s'entendre et ne surtout pas se forcer" prévient la sexologue. "On peut aussi trouver une autre façon de ne pas être frustré si notre partenaire n'a pas les mêmes envies que nous sur le moment. Cela peut passer par de la masturbation ou des sextoys."

Le désir sexuel peut aussi varier selon les périodes et les partenaires ne pas toujours être synchro face à leurs envies. "Il peut y avoir des décalages entre les besoins de l'un et de l'autre mais le plus important, ce n'est pas la quantité. Il vaut mieux peu de rapports mais que ce soit du sexe de bonne qualité avec une bonne connexion. Et ne surtout pas bâcler le rapport" conseille en concluant Evelyne Dillenseger.

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