S'étrangler pendant le sexe (choking) : une pratique risquée qui favoriserait l'orgasme

Choking, breath play, asphyxie érotique, étranglement érotique… Une étude américaine publiée dans le Journal of Sexual Medicine, a révélé que 21% des femmes avaient déjà été étranglées lors d'un rapport sexuel, contre 11% des hommes. Ce sont principalement ces derniers qui pratiquent cela, souligne Marianne Auguet, sexologue et thérapeute de couple, "notamment dans un rapport de domination car ce geste leur confère du pouvoir". Attention à ne pas aller trop loin.

C'est quoi le choking ?

"Le choking consiste à restreindre temporairement et volontairement la respiration de son partenaire pendant l'acte sexuel en effectuant une pression sur les mains placées sur la carotide", décrit Marianne Auguet. À travers cette action, l'idée est d'augmenter le plaisir. L'étranglement durant un rapport sexuel s'est vu popularisé par le porno, où de nombreuses scènes montrent des hommes les mains autour des cous de femmes durant un rapport. Mais aussi au cinéma comme dans le film 50 nuances de Grey. "Cette pratique fait dorénavant partie des scripts sexuels courants, au même titre que la fessée", sans mettre en évidence les risques qu'elle comporte.

Comment peut-on avoir du plaisir avec l'étranglement ?

Autour du choking, plusieurs facteurs accentuent l'excitation des différents partenaires :

► Rapport de domination : "Il y a une sensation de tout pouvoir sur son partenaire, cela procure une sensation de puissance très grisante", développe la sexologue. Cependant, "il peut y avoir un côté pernicieux dans cette pratique, il peut s'agir de violence sexuelle sous couvert d'expérience inspirée du BDSM".

► Sensation de planer : Cet acte provoque des sensations d'une grande intensité, "pouvant aller jusqu'à un état de conscience modifié". Ainsi, certaines femmes apprécient tout particulièrement l'asphyxie érotique.

Des lésions irréversibles en quelques secondes de trop

► Sortir du sexe traditionnel (sexe vanille) : "Certaines personnes souhaitent s'extraire de la rengaine monotone qu'offre le trio préliminaires-pénétration-éjaculation", confie la sexologue.

Peut-on avoir un orgasme ?

Le choking seul ne mènera pas à l'orgasme mais il peut participer à l'excitation globale durant un rapport sexuel. "C'était effrayant, mais ensuite, c'était plutôt excitant", peut-on lire dans une étude publiée en 2022 par le Journal of Sexual Medicine. Les participantes y ont partagé différents scénarios : avec une main, avec deux mains, une asphyxie étant "plus agressive que sexy et ressemblant davantage à une agression", certaines participantes indiquaient même avoir "l'impression que leur partenaire était sur le point d'essayer de les tuer".

Quels risques ?

Si le terme français "asphyxie érotique" peut renvoyer à quelque chose d'excitant, elle n'est pas à prendre à la légère : chaque année, de nombreuses personnes décèdent des suites d'un étranglement durant un rapport sexuel."Le choking comporte un vrai risque pour la santé et la sécurité : évanouissements, lésions cérébrales, dans les cas les plus extrêmes cela peut aller jusqu'à la mort", prévient la professionnelle. Selon elle "le bénéfice risque/plaisir est très grand puisqu'il peut s'agir d'une question de secondes pour que le partenaire ait des lésions irréversibles". Dès lors, si l'étouffement est quelque chose qui vous confère du plaisir, que vous souhaitez essayer ou que vous pratiquez régulièrement, "il est important d'avoir conscience des risques et d'adapter sa pratique en fonction".

Comment le pratiquer sans risque ?

► Le consentement de l'autre : Le choking ne doit pas être pratiqué par surprise, sans que la personne ait donné son accord, il s'agit sinon d'une agression sexuelle. "Le consentement est l'étape première et primordiale" insiste la thérapeute qui "recommande de le faire avec une personne que l'on connaît et en qui on a confiance".

► Un code : avec l'asphyxie érotique, il y a un premier pas dans l'univers du BDSM. Parmi les "jeux" dans le Bondage et Disciplines, Domination et Soumission, Sadomasochisme, on retrouve le choking. Mais dans le BDSM, il y a un "safe word" pour annoncer lorsque "la pratique devient trop intense, afin de tout arrêter".

► Communiquer pendant l'acte : "Il est essentiel de mentionner le niveau d'intensité, dire quand s'arrêter, utiliser le safe word…".

► Des alternatives plus sûres : comme le rappelle la sexologue, le choking peut aussi prendre la forme d'une main posée sur la gorge, sans pression, sans sensation de suffocation. Serrer les poignets à la place du cou peut aussi être une alternative plus sécurisée qui participe à la propagation du désir et à la mise en place d'un rapport dominant-dominé.

Merci à Marianne Auguet, sexologue et thérapeute de couple.