BDSM : définition, plaisir, comment s'initier à cette pratique ?

Si le BDSM vous fait envie, mais que vous faites face à des a priori, découvrez les conseils, recommandations et règles, pour s'initier sans risque.

BDSM : définition, plaisir, comment s'initier à cette pratique ?
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Ces dernières années, le BDSM se voit popularisé par le cinéma avec Cinquante nuances de Grey ou la série Bonding sur Netflix. De moins en moins taboues, ces pratiques peuvent apporter du plaisir, de l'épanouissement sexuel, pour soi comme dans sa relation de couple. D'après l'étude annuelle de 2023 de la boutique Dèmonia, 40,4 % des amateurs de BDSM le pratiquent plusieurs fois par mois. Parmi eux, 53,1 % font du BDSM avec leur partenaire, 27,6 % avec des partenaires occasionnels. Pourtant, si les initiés sont à l'aise avec les différentes techniques, les novices peuvent faire face à des doutes, des préjugés et des peurs, liés au manque d'information. Pour s'initier à ces pratiques, des conseils et des règles sont à suivre, Morgane Beauvais, sexologue et créatrice du podcast Sin Eden Sublime, livre ses recommandations.  

Que veut dire BDSM ?

L'acronyme BDSM signifie Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sadomasochisme. Il désigne les différentes activités impliquant majoritairement, mais pas exclusivement, des relations de pouvoir. "Il y a de nombreuses définitions pour présenter le BDSM mais il y a un point sur lequel on est tous d'accord, c'est qu'il n'y a pas de BDSM sans consentement", débute Morgane Beauvais. 

En quoi consiste le BDSM ?

"Le BDSM consiste à un ensemble de pratiques intimes, érotiques et/ou sexuelles consenties", ajoute la sexologue. Les partenaires participent à des dynamiques de pouvoir qui mette en place une logique de maître/esclave, d'actif/passif. "Cela se caractérise par l'éveil et l'érotisation des sens, ainsi que la mise en place de possibles jeux de rôle dans un cadre défini par les parties prenantes". Le BDSM peut inclure différentes pratiques, les plus répandues sont : 

  • L'asphyxie érotique
  • La fessée 
  • La flagellation
  • Le bondage/shibari 
  • Le facesitting 
  • Le déni d'orgasme
  • Le piétinement du corps
  • Les jeux de rôles (être au service, pet-play, scénariser les fantasmes)

Toujours d'après l'étude menée par Dèmonia, 75,2 % des répondants pratiqués majoritairement du bondage, 72,6 % des jeux de pénétration, 52,5 % des châtiments corporels. Cependant, comme le rappelle Morgane, "le BDSM n'implique pas forcément des rapports sexuels au sens strict". 

Comment se lancer ?

Réfléchir à ses envies.
"J'invite toutes les personnes à se demander ce qui les motive à s'intéresser au BDSM", commence la créatrice du podcast Sin Eden Sublime. Est-ce parce que vous en avez entendu parler et que vous souhaitez faire pareil ? De la curiosité ? Est-ce qu'il y a un désir de nouveauté dans le couple ? A-t-on besoin de sortir de la routine ? Est-ce pour créer une nouvelle dynamique dans sa relation ? Avez-vous envie de ressentir de nouvelles sensations ? Qui a eu l'idée de s'intéresser au BDSM et pourquoi ? "La raison qui motive votre désir d'exploration doit être motivée par un choix libre et éclairé". En posant le cadre de vos envies et de vos besoins, vous pourrez ouvrir le champ des possibilités. 

En discuter avec son partenaire.
Une fois que vous pouvez exprimer ce qui vous donne envie et pourquoi, il est nécessaire d'en discuter avec votre partenaire ou les partenaires potentiellement impliqués. À deux ou à plusieurs, vous pourrez aborder les questions sur les motivations, sur vos fantasmes respectifs et mettre en place votre pratique.

Se renseigner 
"Ensuite, j'invite les personnes à se renseigner sur le sujet grâce aux nombreuses ressources existantes", continue la sexologue. Il y a des blogs, des livres, des podcasts sur le BDSM, qui pourront vous fournir des informations pour mieux comprendre cet univers et l'appréhender.

Se former avec des professionnels compétents sur le sujet
"Il est aussi possible de s'orienter vers un·e professionnel·e expert·e du BDSM".  Il existe notamment des écoles qui forment dans un cadre sérieux et sécurisé. "Il y a les Munchs, qui sont des événements qui permettent de rencontrer des personnes du milieu et d'échanger sur les différentes pratiques. Ces événements existent partout en France et accueillent toutes les personnes curieuses et désireuses d'en apprendre plus sur le sujet", conseille Morgane Beauvais. Pareillement, il existe des festivals qui permettent d'explorer le BDSM étape par étape. 

Commencer en douceur
Enfin, Morgane recommande de commencer crescendo. "Il y a différents degrés d'intensité dans le BDSM et je pense que commencer avec des pratiques softs permet déjà d'avoir un avant-goût de ce qui peut nous plaire ou non". Cela peut être en débutant avec des pratiques non-invasives : "la fessée, mordiller, utiliser les objets de chez moi pour créer de nouvelles sensations corporelles (une plume, des glaçons), explorer des rôles de domination ou de soumission, la contrainte douce (attacher les poignets de son partenaire)".

Comment peut-on avoir du plaisir ?

Lorsque le BDSM est pratiqué dans un cadre sécurisant, dans le respect du consentement des partenaires, il peut procurer beaucoup de plaisir. Tout d'abord, il a des effets analgésiques. "Ces derniers sont liés aux endorphines et à l'adrénaline qui sont relâchés dans le corps". Ainsi, ils créent un état de bien-être et de plénitude. Le BDSM offre une exploration de soi, il apparaît alors comme une réflexion sur le corps, la sexualité et le rapport de pouvoir. Ces pratiques peuvent permettre de retrouver de l'estime de soi, contribuer à une confiance en soi, et également participer au retour d'une libido, lorsque celle-ci est en baisse. Dans le couple, "cela peut créer une véritable complicité", commente la sexologue. Avec les différentes pratiques du BDSM, il est possible de renforcer les liens de sa relation, grâce à la créativité qui les inspire, la communication installée en amont, pendant et après. "Le BDSM peut favoriser, nourrir et consolider les liens du couple si les deux ont ce désir d'exploration et qu'ils communiquent dessus". Pour bien le pratiquer, des rituels sont mis en place, ce qui "rassure beaucoup de couple". Il est alors possible de vivre l'expérience pleinement, et de lâcher prise. 

Quelles règles si on pratique le BDSM ?

Le consentement
"Il n'y a pas de BDSM sans consentement". Celui-ci doit être libre (sans contrainte), enthousiaste, spécifique et éclairé. "Sans état modifié de conscience lié à un traitement ou des substances, comme l'alcool et la drogue". Enfin, le consentement est révocable à tout moment.

La communication
"Rien ne se fait si les deux partenaires n'ont pas communiqué sur leurs attentes, leurs besoins, leurs envies, leurs limites (corporelles, émotionnelles et psychologiques)". Pour bien pratiquer le BDSM, il est nécessaire de communiquer de façon non-violente, afin de construire des bases saines et solides. 

Avoir un safeword
"Il est important d'avoir conscience des risques de ce type de pratique", avertit Morgane. En instaurant un safeword (mot de sécurité), qu'il soit verbal et non-verbal, vous pourrez protéger tous les partenaires durant une session de BDSM. Ce mot doit être facile à mémoriser, simple et court. "Il ne doit rien à voir avec les jeux organisés pour éviter tout malentendu". Le plus souvent, des codes couleurs sont utilisés : vert (tout va bien), orange (attention), rouge (on arrête tout). 

Organiser sa pratique de BDSM
Le BDSM s'organise, ainsi, il est nécessaire de prévoir une petite trousse de sécurité en cas d'éventuel accident. Si vous faites du bondage ou du shibari, il est nécessaire de conserver une paire de ciseaux à proximité, afin de couper rapidement les cordes en cas de besoin.

S'offrir un "before care", du temps avant de pratiquer 
"Avant de pratiquer, il est bien de prendre le temps de poser le cadre, de fixer les limites, de prendre la température sur les émotions de chacun avant de se lancer dans un jeu". Si vous êtes fatigué ou si vous vivez une période difficile, le BDSM pourrait ne pas être bien reçu. Ainsi, cet instant de communication vous permettra de poser les bases.

Prendre du temps après la pratique
Pareillement, il est nécessaire de prendre du temps pour soi et pour l'autre après la session de jeu. "Un moment pour redescendre doucement et revenir à la réalité de l'instant présent". Il peut s'agir d'un verre d'eau, de quelque chose à grignoter, d'un câlin ou de se laisser à chacun l'espace nécessaire. Pour finir la session, un debrief est toujours intéressant. "Il permet de connaître les ressentis. Je vous invite même à créer un espace pour en rediscuter quelques jours après, à tête reposée", conclut Morgane Beauvais. 

Merci à Morgane Beauvais, sexologue, sexothérapeute, créatrice du podcast Sin Eden Sublime.

  • Étude annuelle sur le BDSM, Dèmonia, mai 2023.  
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