Déni d'orgasme : comment prendre plus de plaisir au lit... en se retenant !

L'edging ou déni d'orgasme propose de jouer avec la frustration sexuelle pour provoquer un intense plaisir aussi bien à la personne stimulée qu'à son partenaire. Prêt(e) à essayer ?

Déni d'orgasme : comment prendre plus de plaisir au lit... en se retenant !
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Retarder ou interdire l'orgasme pour décupler son plaisir durant un rapport sexuel. Cette pratique qui séduit les amateurs de BDSM peut plus largement faire découvrir de nouveaux plaisirs à tout le monde car "la frustration peut décupler l'orgasme" confirme Marianne Auguet, sexologue et thérapeute de couple. "Avec le déni d'orgasme, la tension sexuelle est dans le corps, mais aussi dans le psychisme." Réalisé en solo, lors d'une session masturbatoire ou avec son partenaire, le déni d'orgasme peut fournir un plaisir intense.

C'est quoi le déni d'orgasme ?

Le déni d'orgasme – ou "edging" en anglais, qui signifie "bord", invite à "aller flirter avec le bord de l'orgasme", décrit Marianne Auguet. À pratiquer seul ou en couple, il s'agit de s'approcher de la limite qui mène à l'orgasme et de s'arrêter avant, pour jouer avec cette zone juste avant le plaisir total. "Avec l'edging, on apprend à contrôler l'orgasme, pour vivre un état d'excitation sexuelle très intense, sans basculer et arriver au feu d'artifice qu'est l'orgasme". Il s'agit d'un jeu sexuel associé au BDSM (Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sadomasochisme). "On retrouve la dynamique de dominant et de soumission, le dominant va être celui qui a le pouvoir sur le désir du soumis, avec le but de l'emmener jusqu'aux prémisses de l'orgasme, sans basculer". Cette manière soft de faire du BDSM, permet de s'initier aux jeux sexuels et au rapport dominant-dominé tout en douceur.

Ce qui se passe dans le cerveau

Cet usage peut intriguer puisque l'orgasme est encore très souvent perçu comme le but ultime d'un rapport sexuel, mais l'edging vient prouver le contraire. Il invite à essayer de nouveaux actes pour s'exciter, à prendre son temps et à ne pas courir simplement après l'orgasme. En effectuant le déni d'orgasme, le cerveau va libérer à plusieurs reprises des hormones, dont la dopamine qui va faire durer le plaisir. Au fur et à mesure de l'excitation, on reste dans cette phase préorgasmique plus longtemps qu'à l'accoutumée. Cette frustration sexuelle gérée par le dominant, mêlée à une excitation supplémentaire, décuplent le plaisir partagé par les deux partenaires. "Jouer avec la frustration crée beaucoup de choses dans la tête, la tension sexuelle dans le psychisme est intense", ajoute la sexologue. Beaucoup de choses se passent dans l'imaginaire, en apprenant à contrôler son orgasme et à le retarder, le plaisir dure longtemps, "on accumule une attente mentale de cet orgasme, qui une fois qu'on est autorisé à y accéder, peut être très puissant"Toutefois, Marianne Auguet précise qu' "il y a des gens chez qui ça ne procurera pas un orgasme plus puissant ou davantage de plaisir. On peut ressentir une sensation d'orgasme inaboutie, cela peut être un vrai flop".

Comment on pratique le déni d'orgasme ?

Toutes les stimulations se prêtent au déni d'orgasme, aussi bien chez les hommes que chez les femmes : la masturbation, le sexe oral, le sexe anal, la pénétration… Le déni d'orgasme peut par exemple s'effectuer pendant une fellation, lorsque son partenaire est attaché ou encore durant la pénétration. Il suffit de définir ensemble, du moment durant lequel on souhaite jouer avec cette limite.

Communiquer avec son partenaire : "Il est important d'en parler à son partenaire afin de lui expliquer ce que c'est, s'il ne connaît pas, et pourquoi on en a envie", rappelle la sexologue. "On mentionne ce qu'on a envie de mettre dans sa sexualité et on s'assure d'être tous les deux ouvert à cela." L'edging, comme toute autre pratique sexuelle, doit être consentie par les partenaires. Demander au début du rapport si on peut pratiquer le déni d'orgasme, et s'assurer tout au long du rapport que le consentement est maintenu, est indispensable pour vivre un moment agréable et une sexualité épanouis pour chaque personne.

"Quand on se masturbe, lorsque l'on est entre 8 et 9, on s'arrête, on laisse redescendre les sensations d'excitation"

► Tester en solitaire : "Pour avoir connaissance de son corps et de ses sensations corporelles, il peut être bien de pratiquer le déni d'orgasme seul pendant une session masturbatoire", recommande Marianne. Elle conseille alors un exercice pour graduer ses sensations : 0 étant l'absence d'excitation et 10 l'orgasme. Cela permet de chiffrer et de se rendre compte. "Quand on se masturbe, lorsque l'on est entre 8 et 9, on s'arrête, on laisse redescendre les sensations d'excitation jusqu'à une moyenne de 6, puis on reprend", explique-t-elle. De la sorte, on apprend à connaître ses sensations de plaisir. "Une fois que l'on connaît son corps, c'est comme lorsque l'on se masturbe et que l'on va jusqu'à l'orgasme, il s'agit de s'arrêter avant le moment fatidique."

Pratiquer le déni d'orgasme avec son partenaire : Il existe différentes façons : guider son partenaire, lui indiquer quand s'arrêter à temps, et l'aider à maintenir un certain rythme. Le partenaire doit être à l'écoute du corps et des réactions, pour définir quand le plaisir devient presque incontrôlable et s'arrêter d'un coup, recommencer et maintenir la tension sexuelle. Cela peut être répété à plusieurs reprises, jusqu'à ce que le dominant donne la permission d'avoir un orgasme, moment où le dominé lâchera prise totalement.

► Ajouter des accessoires : pour accentuer le plaisir du déni d'orgasme, vous pouvez ajouter des accessoires dans votre rapport sexuel – comme des sextoys, ou encore des accessoires BDSM, pour renforcer le rapport de soumission. 

Un temps pour soi après la pratique permet aux partenaires de redescendre doucement, en se câlinant par exemple et d'échanger sur l'acte qu'ils viennent de partager, pour connaître les ressentis.

Merci à Marianne Auguet, sexologue et thérapeute de couple.

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