Rupture amoureuse brutale : pourquoi, que faire ?

Une relation amoureuse qui se termine brutalement est difficile à encaisser et il peut être (très) long de s'en remettre. Que faire pour aller de l'avant ? Comment passer à autre chose ? Conseils d'une psychologue.

Rupture amoureuse brutale : pourquoi, que faire ?
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Une rupture n'est jamais facile à encaisser. Quand elle est brutale, elle peut laisser des séquelles. L'autre s'en va et emporte tout sur son passage. De nombreux symptômes peuvent survenir : angoisse, perte d'appétit, de sens… Il est alors difficile de sortir la tête de l'eau. Pourquoi les ruptures brutales nous mettent dans ces états ? Comment la surmonter ? Réponses et conseils de Claire Petin, psychologue clinicienne.

Quelles sont les causes d'une rupture amoureuse brutale ?

Selon les chercheurs de l'université de Cornell à New-York, une cause spécifique de rupture serait la plus douloureuse. Les résultats qui ont été révélés dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin, indiquent que se faire quitter pour quelqu'un d'autre, serait la cause la plus brutale. La raison derrière cela, réside dans les sentiments que cela renvoie : la peur d'être abandonné, la remise en question incessante, se demander ce que l'autre a de plus que soi. A cette cause, Claire Petin ajoute "se faire quitter par quelqu'un qui était proche du couple". Pareillement, la psychologue mentionne le fait de se faire quitter sans explication, par ghosting, avec un effet de surprise. "Derrière ces ruptures, il y a souvent une communication défaillante, une perte d'intérêt pour l'autre, de la lassitude et de l'ennui, un manque d'engagement et de projets communs, une intimité en berne, de l'infidélité… ", commente-t-elle. Ces justifications engendrent de grandes souffrances et la rupture peut alors être très difficile à accepter.

Quels sont les symptômes lors d'une rupture amoureuse brutale ?

"La rupture amoureuse brutale peut être la cause d'une crise existentielle : on perd ses repères, ses habitudes, on peut avoir l'impression que tout s'écroule, que la vie n'a plus de sens, que l'on va devoir tout reconstruireannonce Claire Petin. Voulue ou subie, la rupture amoureuse engendre une grande souffrance qu'il ne faut pas banaliser. Elle est souvent comparée aux étapes du deuil. "Il n'y a pas de proportionnalité entre la durée de la relation et l'intensité de la douleur ressentie : cette douleur est bien réelle sur le plan neurochimique et peut concerner tout le monde." 

"Les neurotransmetteurs et les hormones jouent un rôle clé lors d'un chagrin d'amour"

Nombreuses sont les études qui pointent du doigt les zones cérébrales activées lors d'une douleur émotionnelle, qui sont les mêmes que lorsque l'on ressent une douleur physique. Claire Petin rappelle que l'amour est une question de chimie "les neurotransmetteurs et les hormones jouent un rôle clé, également lors d'un chagrin d'amour". Lors de la rupture, la production de certaines hormones augmente ou diminue, et avec elle, déclenche différents symptômes :

  • Tristesse
  • Anxiété
  • Irritabilité
  • Difficultés à se concentrer
  • Variabilité de l'appétit (perte ou prise de poids)
  • Troubles digestifs (maux de ventre, diarrhée, constipation)
  • Sommeil perturbé (insomnies, cauchemars, ruminations lors du coucher)
  • Risque de glissement vers un trouble dépressif

"Sous l'effet du stress, les taux de cortisol et d'adrénaline augmentent, plaçant le corps en état d'alerte permanent, la pression sanguine accroît et le rythme cardiaque est plus élevé", développe Claire. Ainsi, la baisse de la sécrétion des "hormones du bonheur" - ocytocine et dopamine, affecte le système immunitaire. "Des études ont montré que les régions cérébrales et les neurotransmetteurs impliqués dans la passion amoureuse l'étaient aussi dans les comportements d'addiction aux substances." Dès lors, un "sevrage" est nécessaire, afin de supporter le manque, passer outre les symptômes et aller de l'avant.

Comment surmonter une rupture amoureuse brutale ?

Chaque personne réagit à la rupture à sa façon. Claire Petin souligne qu'il n'y a pas "de recette magique pour se remettre d'une rupture amoureuse". Toutefois, certains points de repère peuvent aider à accepter le flot d'émotions et à traverser cette période, afin de s'adapter à ce changement. "Une rupture amoureuse brutale peut être particulièrement traumatisante et nous laisse avec de nombreux questionnements. Il est donc d'autant plus important de mettre en place certaines actions pour faire face au choc.", argumente la spécialiste.

Identifier et accepter ses émotions. "Accepter ses émotions, ça ne veut pas dire accepter la rupture", confit la psychologue. La première étape nécessaire consiste à reconnaître que l'on ne va pas bien, mettre des mots dessus : tristesse, rancœur, colère, impuissance, honte… Identifier ses sentiments, pour pouvoir les ressentir, avant de les laisser circuler.

Se concentrer sur soi-même et écouter ses envies. Durant cette période de vide, elle recommande de prendre le temps de se concentrer sur soi-même. Si l'être aimé a choisi de mettre un terme brutalement à la relation, il ne faut pas cesser de s'aimer soi et de prendre soin de son être.

"La rupture est une occasion de faire le point, de reconsidérer ses besoins, ses envies"

"La rupture est une occasion de faire le point, de reconsidérer ses besoins, ses envies." L'ex ne voulait pas voyager, n'aimait pas la nourriture mexicaine ou recevoir des proches ? Dorénavant, plus besoin de faire de compromis, il suffit de vivre selon ses envies. Alors si vous rêvez de partir à Bali, cela peut être le bon moment.

S'habituer à l'absence de l'autre. Lorsque l'on se retrouve un après avoir vécu à deux, le fantôme de l'ancien partenaire peut rôder. Il est difficile de s'habituer à l'absence de l'autre, il faut donc y aller étape par étape : si vous souhaitez conserver le logement dans lequel vous avez des souvenirs, vous pouvez le redécorer, déplacer les meubles. Créez-vous une nouvelle routine en allant dans de nouveaux lieux, plutôt que ceux que vous partagiez à deux.

Prendre le temps et ne pas se fixer d'échéance. "Il faut prendre son temps et être à l'écoute de ce qui se passe en nous. Il n'y a pas de délai idéal pour "passer à autre chose", il n'y a pas de normalité dans la temporalité post-rupture", développe la psychologue. Pour pouvoir vivre sa rupture et aller mieux, il est nécessaire de ne pas se mettre la pression et de prendre le temps. Petit à petit, la douleur s'atténuera.

Solliciter ses proches. C'est dans les moments les plus difficiles, que l'on a un aperçu des personnes qui sont présentes dans notre vie. Demandez de l'aide à vos amis et à votre famille et acceptez leurs mains tendues. "Lorsque l'on a le cœur brisé, il y a un risque de se replier sur soi-même, de s'isoler et de s'enfoncer dans une symptomatologie dépressive", livre Claire Petin. En prenant le temps de voir ses amis, de discuter de ce qu'il s'est passé, vous vous sentirez soutenu et épaulé.

Scruter les réseaux sociaux de l'autre n'est pas sain.

► Prendre ses distances. Après une rupture, certaines personnes voudront reprendre contact, tenter d'avoir des nouvelles. De la même façon, comme l'explique Claire, "la tentation peut être très grande de scruter ses réseaux sociaux, de rentrer en contact avec lui/elle, d'espérer qu'il/elle regarde notre story, de lui faire passer des messages via nos publications, qu'il/elle nous en envoie…". Mais si ces attitudes peuvent soulager un besoin immédiat, elles ne sont pas saines. La psychologue recommande alors de supprimer son ex des réseaux sociaux, de bloquer son numéro et d'effacer toutes photos et vidéos souvenirs de la relation. Ainsi, il sera possible d'entamer le processus de sevrage.

Demander de l'aide si nécessaire. Si la rupture est trop difficile à accepter, qu'elle vient remuer de nombreuses choses et que l'on sent sa santé mentale défaillir, il ne faut pas hésiter à se tourner vers un psychologue ou un psychiatre. "Une rupture amoureuse brutale peut venir raviver certains traumatismes infantiles et faire émerger des blessures d'abandon, de rejet", ajoute la psychologue. Ainsi, comprendre ses modalités d'attachement, ses schémas relationnels, peut aider à passer cette période et vivre plus sainement ses prochaines relations.

Merci à Claire Petin, psychologue clinicienne.

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