Mathilde et Marie-Eve Hoarau, jumelles et championnes de beach tennis

Les joueuses de beach tennis Mathilde et Marie-Eve Hoarau ont répondu à nos questions à l'occasion de l'Open international des Brisants.

Mathilde et Marie-Eve Hoarau, jumelles et championnes de beach tennis
© Mathilde et Marie-Eve Hoarau à l'Open des Brisants en 2023 par Delphine Prévot/FFT

Elles font partie des figures incontournables du beach tennis en France. Les jumelles Mathilde et Marie-Eve Hoarau, 36 ans et toutes les deux professeures d'EPS, ont participé cette année à l'Open des Brisants. Rencontre avec ces natives de l'île de la Réunion qui font rimer plaisir et performance. 

Journal des Femmes : Depuis quand pratiquez-vous le beach tennis ? 
Marie-Eve Hoarau :
Si on a commencé le tennis à l'âge de 7 ans, il aura fallu attendre nos 23 ans pour pour qu'on se lance dans le beach tennis. Un ami nous a fait découvrir la discipline et ça nous a tout de suite plu. On a pris part à des compétitions rapidement. 

À quoi ressemble le quotidien de deux joueuses de beach tennis comme vous ? 
Marie-Eve Hoarau :
On est toutes les deux professeures d'EPS donc ça occupe la majorité de notre temps. On a un entraînement de beach tennis fixe par semaine et on peut ajouter des séances en fonction de nos possibilités. Au total, cela représente trois ou quatre sessions hebdomadaires. Mais tout dépend de notre travail. C'est ce qui nous permet de gagner notre vie. On a toujours été très scolaire, c'est important pour nous de garder les pieds sur terre et que le beach tennis soit réellement une plus-value dans notre vie, pas quelque chose qui nous mette la pression ou trop de contraintes.
Mathilde Hoarau : On essaie vraiment de conserver cet équilibre. Mais cette année, le beach tennis a obtenu le statut de haut niveau, donc cela pourrait peut-être nous aider dans notre organisation, en nous libérant du temps sur notre temps de travail pour l'entraînement et les compétitions. Le beach tennis oblige à faire de nombreux déplacements. On ne peut donc pas participer à toutes les compétitions, ce qui nous fend le cœur parfois. On mise sur une programmation qualitative, car au regard de nos conditions de travail, on ne peut pas miser sur la quantité. J'espère que le statut de haut niveau nous facilitera la tâche à ce niveau-là. 

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Mathilde et Marie-Eve Hoarau lors de l'Open des Brisants 2023 © Delphine Prévot / FFT

Ce sport reste encore méconnu en métropole…
Mathilde Hoarau :
Le beach tennis fait vraiment partie de l'identité réunionnaise depuis plusieurs années. On peut y jouer toute l'année. En métropole, l'activité un peu moins développée à cause du climat. Il n'est pas facile de jouer en hiver. Il faut des structures indoor mais ici, on est plutôt privilégiées. Il y a des clubs et des structures proches de la mer qui se sont construites. 
Marie-Eve Hoarau : Mais il y a tout un tas d'indicateur qui montrent que le beach tennis se développe. Dans les écoles ou avec les clubs de tennis qui élargissent leurs pratiques, les tournois… La discipline fait son chemin. 

Vous êtes aussi très engagées pour la promotion du sport en milieu scolaire…
Mathilde Hoarau :
Nos élèves nous connaissent en tant que professeur, mais aussi en tant qu'athlète. Quand on est absentes, quand on doit remplacer nos heures, iels savent pourquoi nous ne sommes pas là. Il leur arrive de nous voir dans le journal ou à la télévision et nous parlons beaucoup. Même si c'est un détail, la vertu de l'exemple est importante. On est convaincues que le sport, quand il fait partie de l'équilibre général de vie d'un.e enfant ou même d'un.e adulte, est quelque chose de génial. Ça permet de vivre de belles émotions, c'est un levier social, un levier pour apprendre sur soi-même, pour être mieux dans sa vie. 
Marie-Eve Hoarau : Puis à la Réunion, le beach tennis est sur liste académique. Les élèves peuvent être évalués sur ce sport au baccalauréat.

Comment appréhendez-vous cet Open des Brisants ? 
Marie-Eve Hoarau :
C'est le plus gros tournoi à l'île de la Réunion, donc c'est évident que c'est un tournoi qui nous tient à cœur à toutes les deux. On est Réunionnaises, on a grandi ici et on a évolué sur cette plage. Le niveau est très relevé, mais on est là pour se donner au maximum afin d'aller le plus loin possible. 
Mathilde Hoarau : Et surtout, on veut se faire plaisir. On est à un stade de notre carrière auquel on a vraiment envie de jouer, tout en ayant de belles émotions. On a déjà vécu beaucoup de choses, mais on aimerait que ça continue. L'ambiance est géniale ici. On est comme à la maison, les gens nous connaissent, on nous supporte, on nous soutient, on nous suit. 

Qu'aimez-vous faire avant un match ? 
Mathilde Hoarau :
Nous avons changé de routine récemment. On aime discuter, s'amuser, danser et mettre en avant les aspects positifs de notre équipe. 
Marie-Eve Hoarau : Avant, nous étions beaucoup dans le contrôle. Mais s'isoler, se créer une bulle rajoute parfois du stress. Donc nous essayons de miser sur le lâcher-prise

Quelles sont vos qualités sur le terrain ?
Marie-Eve Hoarau :
On nous surnomme les "warriors". On a un jeu plutôt défensif et on s'accroche quelque soit les points. Sur le terrain, on est très fusionnelles et complémentaires. Mathilde a un côté un peu plus rigoureux que moi et on peut dire que je suis plus spontanée.
Mathilde Hoarau : C'est un papillon sur le terrain !
Marie-Eve Hoarau : On s'équilibre bien. Quand je pars un peu dans tous les sens, Mathilde est là pour me cadrer et inversement. Si elle est un peu rigide, j'apporte un peu de folie. 

Quelles sont les différences entre le beach tennis et le tennis ? 
Mathilde Hoarau :
Du point de vue technique, il y a énormément de ressemblances, mais ce qui va différencier les deux, c'est qu'il n'y a pas de rebond au beach tennis. On a un plan de frappe plus avancé, moins de préparation des coups. Et on est sur du sable, donc il faut des qualités différentes en terme de déplacement, d'appuis, d'agilité. Le temps de réaction doit être aussi un peu plus rapide. 
Marie-Eve Hoarau : Ça demande énormément d'explosivité, d'être agile et d'aller vite sur une surface qui n'est pas aussi réactive que le béton. Puis la pratique de référence en beach tennis, c'est le double. On s'organise à deux.

Avez-vous un modèle dans ce sport ? 
Mathilde Hoarau :
Dans le monde du beach tennis, on adore le duo Nicole Nobile et Sofia Cimatti. C'est pour moi un exemple de lâche-prise. Elles peuvent danser entre les points, tout en conservant un niveau d'efficacité dans le jeu incroyable. Ce sont des jeunes femmes qui sont très ouvertes, très sociables, qui montrent de belles valeurs.
Marie-Eve Hoarau : Et au tennis, on adorait Monica Seles et Steffi Graf. La première, pour sa combativité sur le terrain et la deuxième, pour sa rigueur et sa qualité technique lorsqu'elle jouait. 

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