Faut-il garder les affaires de son ex ? "Si ça vous fait sourire"

Parce qu'ils ont une valeur sentimentale, nous rappellent des souvenirs, on a parfois envie de garder certains objets de son ex. Bonne ou mauvaise idée pour avancer ? Réponse de notre psy.

Faut-il garder les affaires de son ex ? "Si ça vous fait sourire"
© 123rf-dragonimages

Un jour, il est venu dormir chez nous une première fois. Puis une deuxième. Puis une troisième. Il a ramené sa brosse-à-dents et s'est approprié notre tasse de café rouge. Il a utilisé notre serviette de bain bleue qui est devenue sienne. Il nous a accompagnée chez Ikea, il nous a offert des places de théâtre pour la Saint-Valentin et une peluche toute moche pour notre anniversaire. On a même pris un appartement ensemble et quand l'histoire s'est terminée, on a regardé autour de nous en se demandant si oui ou non, il valait mieux jeter ou conserver tous ces objets liés à lui. Réponses.

Pourquoi on garde les affaires de son ex ?

"J'ai gardé de mon amoureux d'enfance un porte-clés. Je ne sais pas ce que Simon devient mais cet objet me ramène à lui. C'est la preuve que nous avons vécu quelque chose", confie Aurélie, 35 ans, qui, chaque jour, manipule cet objet de rien du tout. Enfin, d'apparence. Car il détient une valeur sentimentale. "Les objets qui nous entourent n'ont pas qu'un rôle utilitaire ou décoratif. Ce sont aussi des symboles. Ils nous indiquent - et indiquent à tous ceux qui les voient - qui nous sommes, qui nous souhaitons être, qui nous avons été. C'est dire à quel point un simple billet de cinéma peut contenir une énorme valeur sentimentale, alors qu'objectivement, ce n'est qu'un petit morceau de carton", analyse la psychologue Laurence Einfalt, auteure de Apprendre à s'organiser c'est facile (éd. Eyrolles). Tous ces objets du passé évoquent des souvenirs et témoignent de notre histoire d'amour. D'où, parfois, l'impossibilité de les jeter.

Fonctionner par étape, à son rythme

Opérer un grand tri ou un ménage de printemps n'est jamais chose facile. "Se séparer d'un objet peut être perçu comme violent. Cela signifie 'plus jamais de la vie', comme disent les enfants. Il faut une bonne dose d'optimisme et de confiance en soi pour se dire que cette séparation signifie aussi un nouveau départ. C'est pour ça qu'on peut éprouver le besoin de fonctionner par étape, à son rythme", poursuit la spécialiste. Prendre son temps, c'est ce que fait Manon, 30 ans. "J'ai toujours le tee-shirt avec lequel il dormait, un truc du semi-marathon… Il est abîmé et ne porte même plus son odeur. Mais c'est devenu mon doudou", confie la jeune femme, séparée depuis un mois de Julien. Une rupture toute fraîche et un sentiment de vide que cet objet du quotidien remplit tant bien que mal. Cependant, la jeune femme a la farouche envie de s'en débarrasser, persuadée que conserver ce morceau de coton la freine dans son processus de guérison. "Amélie Nothomb parle de nostalgie heureuse. Parfois, remuer le couteau dans la plaie revient à se remémorer des temps où l'on était heureuse ou insouciante. Et ça, ça peut paradoxalement, faire du bien", explique la psychologue Laurence Einfalt. Pour remuer le couteau bien comme il faut, Élodie, 27 ans, visionne régulièrement les photos de son ex et continue de boire dans sa tasse. A chaque fois, c'est un coup dur, et pourtant, elle en a besoin.

Ne conserver que ce qui fait sourire

Une façon de le quitter un peu moins vite. Cependant, tout objet n'est pas bon à garder et regarder. "Je recommande de ne conserver que ce qui nous fait sourire, indépendamment de la valeur financière de l'objet. Conserver un tee-shirt du premier concert d'un groupe de rock auquel on est allé ensemble, même après notre séparation, peut faire plaisir", conseille la spécialiste. Justine, quant à elle, n'a rien pu conserver, et peu importe que les objets riment avec bons ou mauvais souvenirs. Une semaine après la rupture, la jeune femme a vu sa peine se transformer en colère si bien que tout a fini à la poubelle : "Je ne pouvais plus supporter la présence des objets de mon ex. Même ceux que je ne voyais pas. C'était un moyen pour moi de reprendre le dessus." L'essentiel reste alors de s'écouter : là, tout de suite, que m'inspirent ces objets ? Est-ce que je ressens le besoin de les garder non loin de moi ?

"Après une séparation, soit on est soulagé et on jettera avec joie tout ce qui représente ce passé désagréable, soit on est très sensible et tout nous rappellera notre chagrin, d'un sous-verre volé au café d'en bas en passant par n'importe quelle chanson ou pire, un parfum", précise Laurence Einfalt. Laure, 34 ans, est passée par plusieurs phases. D'abord, elle a tout enfermé dans un carton. Les bougies, les cadeaux, les petits mots d'amour. Impossible de jeter le contenu. "Cela revenait à faire une croix sur mon passé. Et même si la rupture n'a pas été des plus joyeuses – infidélité et compagnie, après cinq ans de relation, je voulais protéger ces souvenirs qui font partie de moi", détaille-t-elle. Résultat, avec le temps et les rencontres (depuis), les objets se sont accumulés. Dans son nouvel appartement, elle a créé "une pièce à ex" : les toilettes. Elle y a accroché les cartes postales, déposé quelques objets, même un tee-shirt de foot. Un concept qui lui file le sourire.

Autour du même sujet