Enceinte après une fausse couche : quelles précautions ?

Fertilité, délai pour retenter une grossesse, risque de récidive… Après la difficulté de l'épreuve de la fausse couche vient le temps des questions. Le Pr Xavier Carcopino, gynécologue et vice-président de la société française de colposcopie, répond à toutes nos questions.

Enceinte après une fausse couche : quelles précautions ?
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Une fausse couche est un phénomène physiologique qui correspond à l'élimination d'une grossesse qui n'était pas vouée à se développer. Elle peut survenir au premier ou au deuxième trimestre de la grossesse, le plus souvent au premier, et résulte dans la majorité des cas d'une erreur du développement de l'embryon. "Il s'agit d'un phénomène assez fréquent, puisque la probabilité de faire une fausse couche est de l'ordre de 1 grossesse sur 6-7. La plupart du temps, elle va être très précoce et il arrive que la femme ne s'en rende même pas compte. Elle remarquera simplement un décalage dans son cycle et des règles un peu plus hémorragiques que d'habitude. Plus rarement, la fausse couche peut être associée à des pathologies maternelles (maladies auto-immunes, anomalies, malformations utérines)", précise le Pr Xavier Carcopino. 

Enceinte après une fausse couche : quelles précautions ?

"Bien que la fausse couche constitue un phénomène extrêmement banal et quasiment normal, c'est toujours traumatisant pour les femmes qui le vivent", admet le gynécologue. Sur le plan médical, on va commencer à parler de fausses couches à répétition chez une patiente a fait plus de trois fausses couches spontanées consécutives. "En revanche, il n'y a pas lieu de faire un bilan chez une femme qui fait une fausse couche spontanée, pour qui c'est la première grossesse et qui n'a pas d'autre antécédent. Beaucoup de femmes le vivent mal, il y a toujours un travail de deuil à faire, et c'est une douleur qu'il ne faut jamais minimiser, mais sur le plan médical, il faut être rassurant car c'est un phénomène tout à fait normal", continue-t-il. Un sentiment de culpabilité est souvent associé "je n'ai pas su garder le bébé", "je n'ai pas fait ce qu'il fallait". Or, le Pr Xavier Carcopino est catégorique : une fausse couche spontanée n'est jamais du fait de la mère ! Ce n'est pas parce qu'on travaille, qu'on ne dort pas assez ou qu'on fait trop de sport que l'on va provoquer une fausse couche. Il s'agit d'un mécanisme physiologique : l'organisme élimine une grossesse qui n'est pas vouée à se développer normalement. 

Enceinte après une fausse couche : combien de temps attendre ?

"Pendant longtemps, on a dit aux patientes qui avaient fait une fausse couche que c'était mieux d'attendre pour retomber enceinte. Or, on sait aujourd'hui que cela est complètement faux. Si la patiente désire une grossesse et qu'elle se sent prête à retenter, ce n'est pas justifié de proposer une contraception parce que dès que l'organisme est prêt à recevoir une grossesse, celle-ci va se développer normalement. Il n'a jamais démontré que c'était bien d'attendre, c'est même plutôt l'inverse. Il faut laisser la nature faire les choses", nuance le Pr Xavier Carcopino. Sur le plan médical, le retour des règles indique que le corps est prêt à recevoir une grossesse

Est-on plus fertile après une fausse couche ?

Le fait de faire une fausse couche n'a aucune incidence sur la fertilité. "C'est une croyance populaire, on n'est pas plus ou moins fertile après une fausse couche", réagit le spécialiste. De la même manière, ce n'est pas parce que l'on a fait une fausse couche que l'on a plus de risque d'en refaire une à la grossesse suivante. "Néanmoins, plus les fausses couches s'accumulent et sont consécutives, plus le risque d'en faire d'autres augmente et plus la probabilité qu'il y ait une cause, un problème de santé associé, augmente", poursuit-il. 

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