Faut-il laisser bébé pleurer la nuit ?
Les pleurs de bébé peuvent être déconcertants pour les jeunes parents et il n'est pas toujours facile de savoir comment réagir, en particulier lorsque le tout-petit semble inconsolable pendant la nuit. Florence Pinon, spécialiste du sommeil, nous aide à y voir plus clair.
"Laisse le pleurer, ça lui fera les poumons !", "Ne le prend pas dans tes bras s'il pleure, tu vas lui donner de mauvaises habitudes", autant de recommandations et de croyances dont on sait aujourd'hui qu'elles sont sans fondement. "Les pleurs ne sont pas un outil de communication au sens propre pour les bébés, mais plutôt un moyen d'expression des émotions", explique Florence Pinon. "Bébé pleure lorsqu'il a faim, froid, lorsqu'il a besoin d'être changé ou réclame la proximité de ses parents. Il pleure pour exprimer un besoin", ajoute-t-elle. Un bébé qui pleure, c'est donc absolument normal ! Et il faut également accepter que certains pleurent plus que d'autres.
Doit-on laisser bébé pleurer la nuit ?
Sur cette question, la spécialiste est formelle. "Jusqu'à l'âge de trois mois, on ne laisse pas pleurer bébé volontairement", explique-t-elle. Florence Pinon rappelle toutefois que laisser pleurer bébé pour aller aux toilettes, prendre une douche ou respirer un peu est évidemment très différent. Cela n'a rien à voir avec le fait de laisser pleurer un tout petit la nuit en se disant qu'il va ainsi comprendre qu'il doit dormir. "Entre 0 et 3 mois, on est dans ce qu'on appelle le quatrième trimestre de la grossesse. Il s'agit d'une période de transition pendant laquelle bébé a un grand besoin d'être collé à ses parents. A cet âge, un bébé qui pleure la nuit appelle aussi ce besoin de proximité physique. Le système d'attachement se met en place", détaille Florence Pinon.
Rappelons également que nous nous réveillons tous la nuit, même s'il ne s'agit que de micro-réveils ! Au-delà du besoin alimentaire, physiologique, il y a également un radar qui se met en route chez bébé qui pleure parce qu'il veut s'assurer que ses parents sont bien là. "Il est nécessaire que les parents interviennent pour rassurer leur enfant, sans néanmoins intervenir au moindre couinement de l'enfant", explique la consultante en sommeil.
Les pleurs nocturnes et les difficultés de sommeil dépendent souvent du déroulé de la journée ou de l'endormissement. Ils ont souvent deux grandes causes. "Il faut s'assurer qu'on est bon en terme de sécurité émotionnelle : pas trop de sollicitations pour l'enfant, de personnes différentes qui s'occupent de lui. Il faut également s'assurer que l'on passe régulièrement des moment où on est à 100 % avec lui", ajoute Florence Pinon. Il y a également une notion d'habitude : on encourage l'enfant à s'endormir dans son lit, au lieu des bras. Les pleurs liés à l'angoisse nécessitent un travail dans la journée !
Peut-on laisser bébé pleurer après 3 mois ?
A partir de 3 mois, la donne change légèrement. "Les pleurs deviennent plus tolérables. Un bébé qui n'a mal nulle part, est cool, éveillé, on va pouvoir l'accompagner vers un endormissement autonome", explique la spécialiste. Comme cette dernière le répète, "les larmes accompagnées, ça c'est ok "!. On ne laisse pas bébé pleurer pendant des heures, mais on l'accompagne, on lui fait des papouilles sur la tête, on le rassure. On réessaie encore et encore. Attention toutefois à ne pas trop en demander ! "L'acharnement commence quand les ressources du parent sont épuisées. Il faut savoir s'arrêter, faire ce qui fonctionne et retenter le lendemain.", observe-t-elle. Cette dernière appelle les trois piliers que sont la cohérence, la stabilité et la prévisibilité. Si on demande à bébé de changer de repères, on doit le comprendre mais aussi être à l'écoute de ce qu'il nous dit. Cela prend parfois plusieurs jours voire plusieurs semaines. Le plus compliqué est de trouver le bon équilibre entre les besoins de l'enfant et ceux des parents, mais aussi de choisir le bon moment et la bonne méthode.
Pleurs nocturnes de bébé : comment l'accompagner dans l'apprentissage du sommeil ?
Aider bébé à s'endormir dans son lit
La première chose est de faire en sorte que bébé s'endorme dans son lit ! Imaginez que bébé s'endorme dans les bras de son parent et qu'il se réveille à un autre endroit. Son inquiétude est légitime et il va donc réclamer les bras, ce qui est normal. "Soit on accepte le fait de devoir le bercer pour l'aider à se rendormir, soit on met des choses en place pour l'aider à s'endormir seul", explique la spécialiste.
S'assurer qu'il dort assez la journée
Il arrive qu'un enfant pleure la nuit parce qu'il est trop fatigué, il faut donc s'assurer que la quantité de sommeil pendant la journée est bonne, qu'il fait plusieurs siestes. "Faire sauter une sieste à bébé en se disant qu'il dormira mieux la nuit est un mauvais calcul", rappelle Florence Pinon.
Le rituel du soir
"Il faut instaurer un rituel d'endormissement, le même tous les jours, de 15 à 20 minutes. L'idéal est que les deux parents soient présents, car le second parent doit être capable de gérer en l'absence de l'autre", ajoute-t-elle. Cela doit être un moment de retrouvailles en famille. Il est également important de s'octroyer de petits moments avec bébé, une bulle de douceur de 10/15 minutes de calme pour recharger le réservoir affectif de bébé. Ce n'est qu'après cela que l'on peut commencer à travailler sur les habitudes. "S'il y a vraiment un problème d'environnement, c'est très souvent lié à un déséquilibre au niveau de la sécurité émotionnelle", rappelle Florence Pinon.
Un environnement propice au sommeil
L'environnement doit être propice à l'endormissement avec un espace de sommeil bien déterminé, une chambre rangée, pas trop de décoration. La spécialiste recommande également d'installer le lit de telle sorte que l'enfant puisse avoir une vue sur une porte ou une fenêtre.
Pleurs de bébé la nuit : il faut déculpabiliser les parents !
"Etre parent est difficile ! Et s'il est important de comprendre le développement de l'enfant et de mettre ses besoins au centre, l'enfant lui, ne doit pas être au centre. Il faut trouver trouver un équilibre qui convienne à tout le monde, et ne pas renvoyer à l'enfant l'exemple de parents sacrificiels", analyse Florence Pinon. Il faut accompagner son enfant, mais pas au détriment de sa propre santé mentale. "Un parent épuisé, sans ressources, ne peut plus accompagner son enfant. Il est donc important de savoir aussi passer le relais, s'absenter quelques heures pour mieux revenir", ajoute-t-elle. Dans certaines familles, les réveils et pleurs nocturnes sont acceptés et chacun trouve sa place. "Mais il est important d'être au clair avec ça. Les parents ont aussi le droit de dire qu'ils n'en peuvent plus, une maman a le droit de dire que l'allaitement à la demande la nuit, elle n'en peut plus. "A partir du moment où il y a un déséquilibre, il faut un changement", conclut la spécialiste.