Ce qui se passe dans le cerveau quand on est amoureux à 50 ans : "Les priorités changent, l'amour est plus vrai"

Le cerveau amoureux n'est pas le même à 20 ans qu'à 50. La neurobiologiste Lucy Vincent explique pourquoi nous n'avons plus les mêmes envies et pourquoi l'amour est encore plus beau.

Ce qui se passe dans le cerveau quand on est amoureux à 50 ans : "Les priorités changent, l'amour est plus vrai"
© nimito - stock.adobe.com

Les papillons dans le ventre, le coeur serré, l'estomac noué... Autant de sentiments typiques de l'amour que nous avons tous connu au moins une fois. "L'amour est une alchimie chimique : dopamine, ocytocine, noradrénaline, mémoire émotionnelle. Ce cocktail n'a pas d'âge, mais il s'ajuste avec le temps" explique la neurobiologiste Lucy Vincent, rencontrée lors d'une conférence de presse organisée par DisonsDemain. L'amour évolue tout au long de la vie "et c'est une très bonne chose" selon l'experte, "il devient plus vrai".

Une nouvelle étude menée par le site de rencontres des plus de 50 ans confirme qu'avec les années, la raison l'emporte sur le coup de foudre, À 20 ans, les priorités sont l'attirance physique (52% des sondés) et la passion (56%). A 50 ans, le plus important pour tomber amoureux c'est "le feeling", le partage et la complicité. "A cet âge-là, on est en connaissance de cause, on a du recul sur les choses. On a du plaisir mais on n'est plus aveuglément addict" poursuit Lucy Vincent. Ce changement de priorités amoureuses s'explique au niveau biologique. "Il y a en réalité deux types d'amour dans la vie et ils ont chacun leur raison d'être" explique la neurobiologiste.

"Il ne faut pas se fier à l'amour passion"

Le premier c'est l'amour "passion" : "On ne voit pas les défauts de l'autre, on est addict. C'est un état particulier du cerveau, comme une folie" décrit-elle. Cet amour dure deux à trois ans. La famille, les amis peuvent émettre des critiques sur le partenaire, "le cerveau ne les entend pas, il s'en fiche, il est fait pour rester tout le temps à côté du partenaire". Cet amour passionnel colle avec l'âge de la reproduction, "c'est sa raison d'être : faire un enfant. Ce n'est pas le signe que l'on a trouvé la bonne personne mais d'une personne qui "fera l'affaire" pour se reproduire". A l'âge de l'amour passionnel, le taux d'hormones dans le cerveau est élevé.

© nimito - stock.adobe.com

Puis le temps passe, on arrive à 40 ans, "les taux hormonaux commencent significativement à changer et la partie du cerveau responsable de l'addiction amoureuse change aussi sous l'influence des hormones. Cela modifie nos priorités et le type de stimuli qui activent le circuit de récompense. Résultat : on vit la rencontre avec autant d'émotion, mais avec moins de panique et moins de dépendance affective. C'est une forme de liberté émotionnelle." La passion se transforme. "À 50 ans, on peut ressentir autant d'intensité, mais cette intensité est plus canalisée, plus consciente. C'est une passion moins dictée par les hormones, plus nourrie par la complicité, la curiosité mutuelle, la sécurité affective. Ce n'est pas une perte : c'est une autre profondeur. On parle de maturité du cerveau amoureux."

De l'amour passion, on est à "l'amour de long cours". Ce glissement vers un amour plus réfléchi traduit une meilleure connaissance de soi. Avec le temps, les membres de DisonsDemain se disent plus lucides (81 %) et apaisés (61 %). Ils doutent moins, se questionnent autrement. On sait ce qui est bon pour soi et ce qui ne l'est plus. Finalement, pour Lucy Vincent, "l'amour, le vrai, appartient aux plus de 50 ans".

Autour du même sujet

Vie amoureuse