Faut-il admirer pour aimer vraiment ?
Si le sentiment d'admiration est inhérent aux débuts amoureux, est-il pourtant nécessaire d'admirer pour faire durer une relation ?
Les yeux qui pétillent dès que l'autre se met à parler, le regarder comme personne d'autre… L'admiration amoureuse apparaît dès la rencontre et serait même une condition au développement de la relation selon le psychologue Pascal Anger. "On a besoin de se sentir admiré pour aimer, c'est ce qui donne des ailes. L'autre va nous soutenir, nous porter. Grâce à ce sentiment, un dépassement de soi est possible : on est regardé différemment donc on s'envole" décrypte le professionnel. "On est ébloui par l'autre, on est étonné et exalté par ce qu'il nous propose" poursuit Pascal Anger.
L'admiration peut être portée par le métier de l'autre, comme ceux du spectacle. Les personnes qui ont naturellement du charisme peuvent aussi être plus facilement sources de fascination "car elles savent se faire admirer" commente Pascal Anger. Mais "pour être admiré, il n'y a pas besoin de faire des choses extraordinaires. Les petites attentions valent d'être admirées" observe le professionnel qui souligne qu'il est "important d'aimer quelqu'un qui a une certaine valeur pour soi".
Si elle nourrit le sentiment amoureux, l'admiration doit toujours être dosée. Pour qu'elle soit saine, l'admiration doit être soumise à l'épreuve de la réalité et non se nourrir de l'illusion des débuts. En effet, lors d'une rencontre, l'autre est souvent fantasmé avec ce que l'on projette sur lui mais une fois la période de lune de miel terminée, il est indispensable de percevoir son compagnon tel qu'il est. "Même si l'admiration est présente, il faut arriver à percevoir les défauts de l'autre" souligne le spécialiste. "Sinon on risque d'être dans une distorsion."
Plus grave encore, "on peut tomber dans la fascination et se mettre dans une position inférieure, ce qui peut être compliqué en amour" prévient notre interlocuteur. Les risques ? Etre à la merci de l'autre, rester dans l'ombre et ne jamais être dans la lumière voire tomber dans une relation toxique avec de la manipulation. "Prendre du recul à certains moments de la relation peut aider à vérifier que l'on est soi-même, qu'on est libre et non assujetti." Tout est donc une question d'équilibre, admirer oui, mais pas trop. "On aime l'autre pour ce qu'il est et non pour ce qu'il nous renvoie. Il faut distinguer le paraître, le faire et l'avoir et donc faire la différence entre ce que l'autre donne à voir de ce qu'il fait et est véritablement" conclut Pascal Anger.