Faire un parfum, c'est d'abord un accord avec soi-même Le temps de création

Comment se déroule la création d'un parfum ? Est-ce une recherche, une découverte ? Quel est le moment le plus palpitant ? La composition, le résultat ?... 

serge lutens à l'hôtel du ritz
Serge Lutens à l'hôtel du Ritz © Francesco Brigida

Il y a quelque chose qui se passe dans l'émotion et qui remonte en moi. Le temps de création est celui d'une grande tension. Bien sûr, il existe des moments de soulagement mais tant que le parfum n'a pas donné sa réponse finale, il ne peut y avoir de " oui ", donc pas de " ouf " et ainsi de page tournée. L'émotion mise en flacon, elle n'est plus de mon fait, elle ne m'appartient plus. Elle ira à la rencontre d'autres personnes.

Quelles sont les matières à partir desquelles vous travaillez et quelles sont celles que vous préférez ?
Un parfum n'est pas un citron pressé. C'est l'incubation, la création qui va donner un parfum et non de simples matières premières. Faire un parfum, c'est d'abord un accord avec soi-même. Pour le reste, c'est comme si on demandait à un écrivain son mot préféré...ça n'a pas de sens ! Tout cela est du même tabac et on ne le fume pas tous de la même façon.

Les noms de vos parfums sont très poétiques. Comment les choisissez-vous ?
Les noms de parfums doivent relater la justesse dans l'émotion. Ils doivent me et vous parler pour que certains s'y reconnaissent. En soi, un nom c'est le tombé d'une robe, la botte secrète du parfum. C'est ce qui fait que sur une étiquette, il nous parle déjà et établit la liaison entre ce nous possible.

Vos flacons sont de véritables œuvres d'art : tantôt ciselés, tantôt translucides et transparents, toujours très élégants, comment se déroule leur conception (Vous partez d'une idée, vous faites des dessins...)
Il existe deux types de flacons dans la marque me ressemblant : le flacon rectangulaire et le flacon des Eaux. Angulaires, rigoureux, d'une élégance vraie, ils ne se cherchent pas d'alibi. Quant au flacon de table du Palais Royal, il me représente dans un contexte particulier, celui de ce lieu qu'est le Palais Royal à Paris. Il est attaché à l'image de cet endroit. Comme vous le savez, certains lieux ont tellement de passé que, dès que vous y êtes, ce passé s'imprègne et vous en devenez, sinon son serviteur affecté, du moins son serviteur insolent !
Sachez en tous cas, que pour tous, je les ai dessinés, repris et aboutis de A à Z. Je vais toujours au bout du bout : je suis un a-boutiste.

Sommaire