Célia Lerouge-Bénard : "Molinard a de belles histoires à raconter" "Le parfum, c'est mon berceau"

Vous baignez dans le parfum depuis votre enfance. Votre route était toute tracée ?
Le parfum c'est mon berceau. C'est une éducation. Enfant, quand j'étais dans le jardin avec mon père, mon réflexe était de cueillir les feuilles, de les froisser et de les faire sentir. Aujourd'hui, je vois que je fais la même chose avec mes enfants. A l'adolescence, j'ai eu ma période de rébellion et je me suis dit : "non", je ne ferai pas cela comme métier ". Je suis donc partie à Paris. J'ai fait des études puis j'ai travaillé dans une maison de production, puis j'ai monté une start up de parfum et puis un jour mon père m'a appelé pour me dire que sa directrice commerciale était malade et qu'il avait besoin de recruter quelqu'un pour la remplacer. Il a pensé à moi en se disant que ce serait l'occasion pour moi de revenir travailler à Grasse.

Enfant, j'avais pour réflexe de froisser les feuilles entre mes mains. J'ai instinctivement appris la même chose à mes enfants

Comme j'avais ma petite vie à Paris, je n'étais pas vraiment certaine de vouloir revenir dans ma région natale et je n'étais pas sûre non plus que le travail allait me plaire. Donc, je lui ai dit " d'accord " à condition qu'on signe un CDD de 6 mois" et aujourd'hui, ça fait dix ans (sourire).

Vous êtes très proche de votre papa, quel regard porte t'il sur votre travail ?
Il est présent et me donne des conseils techniques, mais pour tout le reste, la passation est faite. Il m'a dit : "des erreurs, tu vas en faire et c'est normal car c'est comme ça qu'on apprend, mais si quelque chose me dérange je t'en ferai part, mais tu fais comme tu veux".  Mon père respecte mes choix. Pourtant, j'imagine que ça ne doit pas être évident pour lui car Molinard c'est un peu son bébé. En fait, je travaille dans un contexte idéal. J'ai le côté rassurant car je sais qu'il n'est pas très loin si j'ai besoin de conseils et en même temps j'ai toute la liberté voulue car il sait que toutes les valeurs qu'il m'a transmises seront respectées.

la maison molinard à grasse
La maison Molinard à Grasse © S de P / Molinard

Avez-vous souffert de l'image de " fille de ", sans compter que vous êtes la première femme à diriger la maison ?
Cela n'a pas été évident car quand je suis arrivée dans l'entreprise je n'avais que 27 ans et les employés étaient là depuis 17 ans en moyenne.
J'ai dû faire mes preuves car on m'attendait au tournant. Aujourd'hui si j'ai ce poste, ce n'est pas par ce que je suis la " fille de ", mais surtout parce que j'ai travaillé dur et que je suis imprégnée de cette marque. Cela n'a pas été facile car c'était au détriment de beaucoup d'autres choses : mon mari est lillois et nous sommes installés là bas avec nos enfants. Je fais donc le trajet une semaine sur deux pour être avec eux. 

Sommaire