Jean-Michel Duriez, un parfumeur dans l'air du temps Jean-Michel Duriez, métier parfumeur

Être "nez" est avant tout une question de passion. Mais c'est aussi un métier qui demande une extrême précision et un travail constant. Jean-Michel Duriez nous explique.  

Quelles sont les étapes de la création d'un parfum ? 
J-M D :
Créer un parfum c'est un peu comme inventer une recette. On mélange 20, 30, 40, voire 50 ingrédients différents. Il faut savoir qu'avant, on pouvait aller jusqu'à 200 ingrédients. Puis, on fait des modifications petit à petit, jusqu'à ce que le résultat nous convienne et corresponde à notre idée initiale. Mais il y a toujours une part de hasard. Le parfumeur étudie également les jus concurrents pour connaître les formules type. 

Comment travaillez-vous au sein de votre laboratoire ?
J-M D : Quand je crée une nouvelle fragrance, je mélange des matières premières. J'en possède 1 000 en permanence dans mon laboratoire chez Rochas. J'ai également une centaine d'essais que je fais évoluer dans le temps. Ils portent un numéro ou un nom quand ils me rappellent un souvenir, une histoire. C'est un travail permanent car c'est un processus de création très lent. 

Vous parlez de souvenirs... Comment acquérez-vous une telle mémoire olfactive ? 
J-M D : Au départ, une odeur entre dans la mémoire par effraction. Mais une partie de ma mémoire est dédiée aux senteurs. C'est un travail qui demande de la concentration et de l'expérience. C'est un instinct qui se construit au fur et à mesure de la pratique du métier. Comme un sixième sens. Par exemple, on est considéré parfumeur junior pendant 10 ans d'expérience. Pour être nez, cela prend toute une vie. 

Est-ce qu'au-delà de votre mémoire, vous faites travailler votre odorat ? 
J-M D : Tout ceci est très lié bien sûr. L'odorat va de paire avec la mémoire. Pour le préserver intact au maximum, je prends soin de sens indispensable. Je fais donc en sorte de ne jamais tomber malade ! Ne pas attraper un rhume est presque devenu une obsession. 

Avez-vous des thèmes olfactifs de prédilection ?
J-M D : Je suis très attaché aux notes gourmandes comme la fleur d'oranger qui me renvoie toujours à mon enfance. Sûrement parce que j'adore cuisiner. Je suis un passionné de fleurs aussi. Elles sont comme des travaux appliqués car on peut les travailler à l'infini. 


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