Wassila Lkhadiri : boxeuse, maman solo et qualifiée pour les JO
Cette fois, elle sera de la partie. Wassila Lkhadiri, athlète de la FFBOXE, a obtenu en juin dernier son billet pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Une immense victoire pour la boxeuse de 28 ans, mère d'une petite fille de 2 ans.
Gravir une marche après l'autre. Depuis la naissance de sa fille Ayleen il y a deux ans, Wassila Lkhadiri s'attache à appliquer cette règle. Avec l'envie d'atteindre des sommets chevillée au corps et la volonté de ne jamais cesser d'y croire. Le parcours de la boxeuse, originaire d'Hyères les Palmiers, est singulier. Adolescente, la jeune fille souffre de son image. À la fin de ses années collège, elle décide d'entamer un régime, perd 15 kilos et cherche un sport pour se défouler. "J'ai hésité avec la danse, mais j'ai finalement opté pour la boxe. J'y ai trouvé un véritable esprit de famille. J'étais la première fille du club, tout le monde me considérait comme une petite sœur ". À 15 ans, Wassila Lkhadiri découvre la sensation de sérénité et d'apaisement qui survient après un entraînement, mais aussi la discipline et l'entraide si importante dans ce sport individuel : "C'est ce qui nous amène à nous dépasser." Talentueuse, elle intègre l'INSEP à 18 ans, puis l'équipe de France de boxe. Championne de France des poids coqs en 2014, Wassila Lkhadiri a un objectif en tête : se qualifier pour les Jeux olympiques. "En 2016, je rate ma qualification lors des championnats de France face à Sarah Ourahmoune. Elle sera médaillée d'argent à Rio. Pour les Jeux de Tokyo en 2020, j'échoue lors du tournoi de qualification contre Stoyka Krasteva, la Bulgare qui deviendra par la suite championne olympique." 2024 sera-t-elle enfin l'année de la boxeuse désormais âgée de 28 ans ?
Plus de plan B
L'olympiade qui la sépare des Jeux olympiques de Paris ne sera pas un long fleuve tranquille. Elle donne naissance à sa fille Ayleen en 2021 et prend 30 kilos durant sa grossesse : "On me disait que je n'allais jamais retrouver mon niveau, que la boxe, c'était fini pour moi. Mais j'ai vite compris que ces messages négatifs, ce n'était pas ma réalité, simplement celle que ces personnes projetaient sur moi. Je me souviens d'un arbitre qui, quelques mois après la naissance de ma fille et alors que je n'avais pas encore perdu tout le poids que j'avais pris, m'a dit : "Tu rêves si tu crois que tu vas faire Paris 2024". Le lendemain, à 9 heures, j'étais à l'entraînement. " Wassila Lkhadiri a aussi divorcé un mois après l'arrivée de sa fille, mais bien entourée, bien conseillée (notamment par la championne Estelle Mossely, elle aussi maman de deux enfants) et bien organisée, elle applique son mantra à la lettre : un pas après l'autre. Le retour à l'entraînement n'est pas facile : "J'avais du mal à assimiler que mon corps avait changé et mon mental aussi. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais perdu ma vitesse et mon explosivité." Si elle remonte sur le ring six mois après son accouchement, il lui faudra presque deux ans, et une organisation au cordeau, entourée des siens, pour se retrouver. Tout en étant toutefois un peu différente : "La maternité m'a apporté de la maturité. Quand je vais à l'entraînement, je sais pourquoi je le fais. Je dois me donner à fond. La boxe n'est plus un jeu, c'est mon métier. Avant, j'avais tout le temps un plan B. Désormais, je n'ai qu'un plan A et ça change tout. Je n'ai plus peur de perdre, mais j'ai envie de gagner. Pour moi, pour ma fille, pour ma famille."
Sous le regard d'Ayleen
Le travail de l'athlète de la FFBOXE, qui est aussi membre de l'armée des champions a payé. En juin dernier, elle a décroché son billet pour monter sur le ring des Jeux olympiques de Paris 2024. Wassila Lkhadiri nous confie avoir encore de la peine à réaliser que, cette fois, elle sera de la partie. Et elle ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. L'étape suivante : remporter "la plus belle des médailles". Les prochains mois, seront dédiés au travail sur sa technique, son mental et ses futures adversaires. Sous le regard de sa petite fille : "Ayleen baigne dans la boxe depuis qu'elle a un mois et demi. Au début, j'avais du mal à la laisser, alors je l'emmenais à l'entraînement. Une amie s'en occupait ou mon entraîneur promenait la poussette pendant que je boxais. Ça ne lui fait pas peur, elle vient même en compétition. Quand je lui demande quel est le métier de maman, elle bouge ses mains comme si elle boxait. Aux Jeux de Paris, elle aura conscience de tout ce qui se passe." En tribunes, nul doute que ses encouragements compteront plus que tous les autres pour aider Wassila Lkhadiri à remporter la course à l'or olympique.