Ces plantes qui ont mauvaise réputation
Herbes magiques utilisées par les sorcières, fleurs vénéneuses ou encore psychotropes, ces plantes sont précédées par une réputation désastreuse. Pour autant, toutes ne sont pas "démoniaques" !

Les fleurs ensorceleuses et dangereuses doivent souvent leur réputation à l'utilisation qu'on en fait. Même la mandragore, entourée de tant de fantasmes, est utile dans la médecine contemporaine, bien loin des mixtures empoisonnées qui l'ont fait connaître. Le pavot, l'ipomée ou l'absinthe ont retrouvé une place bien méritée dans les jardins, mais qu'en est-il du datura et du tabac ? Leurs propriétés décoratives ne sont plus à prouver. Pourtant, on répugne encore à les adopter dans nos plates-bandes, car elles ont une histoire complexe. Céder à l'originalité de ces plantes est une bonne chose... Mais il faut tout de même se méfier de toutes les plantes toxiques lorsque le jardin est parcouru par des enfants ou des animaux sensibles à leurs poisons.
La belladone, alliée des sorcières
Son nom indique la beauté de cette vivace, mais pas ses capacités à empoisonner. Longtemps utilisée dans les recettes des sorcières pour tuer ou sauver, la belladone apparaît dans certains domaines de la médecine aujourd'hui. Ses fleurs foncées et la baie noire qui lui succède permettent de ne pas la confondre avec d'autres plantes.
Culture : elle pousse à l'état sauvage mais il est possible de la multiplier par division ou semis. Ne pas la laisser à proximité des enfants.
Le tabac d'ornement
On connaît bien le tabac, plante funestement célèbre. En France, sa culture est soumise à des conditions très strictes. Toutefois, on aurait tort de croire que le genre Nicotiana se résume aux feuilles du tabac commun. Il existe plusieurs formes de tabacs d'ornement dont les très jolies fleurs sont souvent oubliées. Car le tabac ailé (nicotiana alata) et le tabac sylvestre (nicotiana sylvestris) sont deux plantes très décoratives. Quelques hybrides existent également, qu'on conseille pour leurs fleurs colorées.
Culture : plante assez facile qui fleurit en été, parfois jusqu'aux gelées. Rustique, elle s'adapte à tous les climats. On la sème de mars à avril dans une terre bien drainée.
Le datura, magnifique poison
Peu de plantes souffrent d'une réputation aussi sulfureuse que le datura. Sa fleur d'une beauté sans pareille est également très toxique. Autrefois, elle était utilisée par des sorciers et des brigands comme poison. Surnommée "trompette des anges", elle est souvent confondue avec le brugmansia ou "trompette du jugement", une espèce arbustive au port retombant aux caractéristiques et à la toxicité similaires. Pour peu qu'on ne les cultive que pour leur aspect décoratif, datura et brugmansia sont agréables au jardin.
Culture : les brugmansias se plantent en pot et à l'abri du vent. Les daturas aiment le soleil et trouvent leur place dans des massifs. On les sème en mars pour les planter en mai, leur floraison a lieu l'été. Le bouturage se fait en juillet. Attention à ne pas les mettre à la portée des enfants car elles sont toxiques.
La mandragore, au pied des pendus
Cousine de la belladone, la mandragore est certainement la plante toxique qui a le plus enflammé les imaginations. La croyance populaire veut que la mandragore ne pousse qu'au pied des gibets où se trouvent les pendus, et qu'elle soit capable de crier lorsqu'on l'arrache. Elle a sa place dans le panier des sorcières et attise les craintes. Aujourd'hui, cette fleur est protégée. Il ne faut donc pas la cueillir, même si vous souhaitez vérifier les légendes à son sujet.
Culture : semer à l'automne dans un grand pot en hauteur. Il lui faut un sol riche, pas trop humide, et du soleil. Si les graines parviennent à germer, elles le font au printemps. A ne pas laisser à la portée des enfants.
La griffe-de-sorcière, terrifiante invasive
Avec un nom pareil, on se doute que la griffe-de-sorcière (ou carpobrotus) possède une mauvaise réputation ! En réalité, si elle n'est pas connue pour sa toxicité ou ses utilisations diaboliques, cette plante succulente originaire d'Afrique est surtout une dangereuse invasive. Sur les littoraux où elle était utilisée au départ pour fixer le sable des dunes, elle a rapidement détruit la végétation indigène et s'est étendue. Déconseillée près de sites naturels, elle peut tout à fait trouver sa place dans les terrains sablonneux de vos jardins. Ses corolles aux couleurs vives et ses feuilles triangulaires feront leur effet.
Culture : plutôt en pot au Nord ou bien dans une rocaille, elle peut être plantée n'importe où dans la Sud, à condition d'être au soleil. Elle fleurit à la fin du printemps. On la multiplie par bouture essentiellement, au printemps ou en été.
Le pavot aux méfaits oubliés
Les pavots sont aujourd'hui très présents dans nos jardins, au point qu'on en oublierait presque que c'est de ces ravissantes fleurs qu'on tire l'opium. On leur prête depuis plusieurs siècles des origines diaboliques ainsi que de terribles pouvoirs. Bien que ses belles couleurs et son air de fleur des champs séduisent les jardiniers, le pavot conserve une réputation démoniaque ! On notera quand même que toutes les espèces ne sont pas dangereuses. Il y a donc de fortes chances que les pavots de votre jardin ne contiennent aucun psychotrope.
Culture : tout dépend de la variété que vous souhaitez planter. Généralement, on les sème au printemps pour une floraison en été. Facile à faire pousser, ils ne nécessitent pas vraiment d'entretien.
Vert absinthe
L'absinthe, cet alcool ravageur interdit durant une grande partie du XXe siècle, provient de l'artemisia absinthium, une variété d'armoise. Avant de devenir ennemi public numéro un au XIXe siècle, l'armoise commune et sa cousine l'absinthe faisaient plutôt figure de plantes bénéfiques. La culture de cette vivace herbacée n'est pas interdite, et on l'utilise de plus en plus en jardinage bio. L'absinthe possède des fleurs jaunes et des feuilles vertes aux reflets d'argent. Dans les jardins, on trouve l'armoise condimentaire appelée estragon, moins jolie mais très bonne !
Culture : l'armoise se multiplie au printemps et se plante dans des terres calcaires. De préférence au soleil et dans un sol bien drainé, elle n'aura pas besoin de soins spécifiques. Par contre, son rhizome peut empêcher la croissance d'autres plantes.
Vénéneuse digitale
Très dangereuse pour la santé à cause de sa toxicité, la digitale a longtemps été utilisée comme poison. Pourtant, elle doit ses noms de "doigt de la Vierge" ou de "gant de Notre-Dame" à une supposée capacité de guérison. En réalité, il ne faut pas la toucher car le moindre contact peut-être dangereux. Mais ses clochettes portent d'agréables couleurs, qui peuvent rehausser vos massifs.
Culture : il faut la semer en été ou les planter en début d'automne. Évitez le soleil direct, et préférez les sols humides. La digitale est facile à cultiver et s'adapte à tous les terrains.
Le millepertuis ou "herbe aux fées"
Non toxique, le millepertuis a de nombreuses propriétés bénéfiques, allant d'une action anti-inflammatoire au traitement de la dépression. Cette simple plante aux coquettes fleurs jaunes a pourtant fait trembler à l'époque de la sorcellerie ! On lui prêtait une capacité à faire parler les êtres impurs. Longtemps associée à la chasse aux sorcières, elle conserve une part de mystère qui intrigue et inquiète.
Culture : ce petit arbuste rustique apprécie le soleil ou la mi-ombre et un sol pas trop sec. On le bouture pour le multiplier en été, ou on le sème à l'automne.
Le "trip" de l'ipomée
Le volubilis était utilisé dans les rites divinatoires d'Amérique du Sud, en raison de la substance psychotrope proche du LSD contenue dans ses graines. Surnommée alors "herbe de serpents", elle offre des visions de démons. Hormis les propriétés hallucinogènes des graines, particulièrement nocives pour la santé, les volubilis ou ipomées sont des grimpantes totalement inoffensives. On les trouve très souvent dans nos jardins, où leur feuillage en forme de cœur et leurs fleurs en entonnoir sont très décoratifs.
Culture : semer au printemps dans un sol bien drainé et exposer au soleil. Un tuteur est nécessaire.
La ciguë et ses ombelles empoisonnées
La fameuse ciguë, par laquelle Socrate aurait été condamné à se suicider, est une plante à ombelles qu'on trouve facilement à l'état sauvage. Longtemps considéré comme un ingrédient de la sorcellerie, ce poison violent est aujourd'hui en train d'être réhabilité car certains de ses composants semblent aider à la guérison du cancer. A ne pas laisser pousser près du potager, au risque de la confondre avec des plantes comestibles.
Culture : on ne cultive généralement pas la ciguë, qui est une plante à tendance invasive et s'installe toute seule au jardin. Pour ne pas la confondre avec le cerfeuil ou le persil, on l'écrase entre ses doigts pour en repérer l'odeur.