Rencontre avec Anastasia Beverly Hills

Il y a un an, Anastasia Beverly Hills arrivait en France, en exclusivité chez Sephora. A l'occasion de ce premier anniversaire, on a rencontré Anastasia Soare, fondatrice de cette célèbre marque de maquillage, qui nous a parlé de son enfance en Roumanie, de son succès fulgurant et de ses conseils beauté.

Rencontre avec Anastasia Beverly Hills
© Anastasia Beverly Hills

Parlez-nous de votre enfance en Roumanie... 

J'ai fait une école d'art puis j'ai aussi étudié l'ingénierie pendant 5 ans. J'ai reçu une très bonne éducation, mais j'ai été obligée de quitter le pays à cause du régime communiste. En tant que femme roumaine, vous n'aviez aucun espoir de faire quelque chose de votre vie dans les années 1970.  

Était-ce difficile de quitter votre vie et votre famille ?   

C'était très dur de quitter ma très grande famille dont je suis très proche. Les six premiers mois j'ai pleuré tous les jours car je ne pouvais pas rentrer chez moi  à cause du communisme. Ma mère m'a toujours soutenue, mais le reste de ma famille ne comprenait pas ma décision. 

Comment vous êtes vous retrouvée dans le milieu de la beauté ? 

C'est un monde que j'ai découvert grâce à ma mère : dès l'âge de 5 ans je l'accompagnais tous les dimanches chez l'esthéticienne, la manucure, la coiffeuse, etc.  

Si vous n'aviez pas été dans ce secteur, quel métier auriez-vous fait ?  

J'aurais sûrement été dans la mode car mes parents étaient couturiers. Ils avaient leur propre boutique où j'aidais toujours ma mère a confectionné les vêtements. Je n'aurai jamais pensé travailler dans la beauté.

Était-ce difficile de créer une entreprise dans les années 1990, particulièrement pour une immigrante ? 

Ce n'était pas facile, car en arrivant à Los Angeles je ne pouvais pas avoir de compte bancaire parce qu'il fallait des garants. On n'a pas voulu m'ouvrir un compte alors je suis allée voir le directeur de la banque pour le convaincre. Je lui ai dit qu'il devait me donner une chance car ses parents ou grand-parents devaient aussi être des immigrants. Et ça a marché ! Je repousse toujours mes limites. Je ne me contente jamais d'un "non" et c'est pour ça que j'ai réussi aux Etats-Unis.  

Votre persévérance est donc une des clés de votre succès... 

Exactement ! Même lorsque j'ai ouvert mon premier salon à Beverly Hills en 1997, le propriétaire ne voulait pas me louer le lieu car il ne croyait pas en ce que je faisais : les sourcils. Je suis restée dans son bureau pendant 2 heures et je lui ai dit que je rendrai cet endroit, et même cette rue vraiment célèbres. Une semaine plus tard, il y avait une longue file d'attente de femmes devant ma boutique pour que je leur fasse leurs sourcils ! 

Votre fille Claudia est Présidente de votre entreprise. Comment se passe le travail avec elle ?  

C'est génial ! Elle s'occupe du maquillage et moi, des sourcils. Lui avoir transmis ma passion pour le maquillage est le meilleur cadeau que j'ai pu lui faire. Nous nous disputons tout le temps (rires). Mais c'est merveilleux car nous avons deux visions différentes qui servent notre marque. Et nous choisissons toujours ce qu'il y a de mieux pour nos clientes.  

Comment aimez-vous travailler vos sourcils ?  

Je les épile à la pince et à la cire. J'ai une préférence pour les sourcils épais, bien arqués. Le plus important, c'est d'avoir des sourcils qui suivent sa propre structure osseuse.  

La beauté va-t-telle trop loin aujourd'hui, avec les tendances des sourcils en nattes et en forme de vague ?  

Jamais ! Tout comme la peinture, le maquillage est une forme d'expression artistique. Vous voyez Picasso qui a représenté des femmes avec des visages difformes toute sa vie ? Il est considéré comme l'un des meilleurs peintres au monde. Ce n'est pas réaliste, mais c'est de l'art.  

Quels sont vos conseils maquillage pour les débutantes ?  

Il faut regarder beaucoup de vidéos sur YouTube et Instagram pour apprendre progressivement. Les débutantes ne doivent pas être intimidées car c'est simplement du maquillage ! Si vous faites une erreur, vous pouvez votre démaquiller. La clé est de s'entraîner sans arrêt.