Enceinte, je ne supporte plus mon aîné : que faire ?

Les bouleversement hormonaux du premier trimestre de grossesse puis la fatigue du troisième trimestre provoquent souvent chez les futures mamans des sautes d'humeur qui s'accompagnent parfois d'impatience et d'une plus grande difficulté à supporter son entourage. Les femmes enceintes peuvent alors être vite débordées par leurs enfants qui perçoivent très tôt le changement à venir dans la famille ! Comment gérer ces relations temporairement tendues ? Les explications et conseils de Catherine Pierrat, psychologue et psychothérapeute à Aix en Provence et animatrice du site www.psychologue-aix.org.

Enceinte, je ne supporte plus mon aîné : est-ce normal ?

Si cet agacement n'est pas systématique, il est courant chez les femmes enceintes. "Les futures mamans qui ont déjà un ou plusieurs enfants doivent à la fois assumer leur grossesse avec son lot de difficultés (fatigue, nausées, troubles du sommeil, douleurs,....) mais aussi assumer le quotidien de la maison, du travail et des enfants. Ce cumul de tâches et de charge mentale explique naturellement que les futures mamans puissent être parfois impatientes", explique Catherine Pierrat, psychologue et psychothérapeute à Aix en Provence.

Pourquoi mon enfant est-il difficile depuis qu'il a appris ma grossesse ?

Rassurez-vous : les enfants sont des éponges mais sont aussi adaptables. Aussi, s'ils sont difficiles à gérer au début de la grossesse, ils peuvent vite retrouver un fonctionnement normal quand ils sont rassurés sur le fait qu'ils ne seront pas remplacés par leur petit frère ou leur petite soeur. "Les enfants sont très sensibles et intuitifs. Ils peuvent même ressentir que leur maman est enceinte alors qu'on ne les a pas encore informés de l'arrivée d'un petit frère ou une petite soeur; Inconsciemment ils sentent que quelque chose se passe, que peut être leur maman,  déjà "préoccupée" par se grossesse est moins présente psychiquement" souligne Catherine Pierrat. Les enfants réagissent alors pour attirer l'attention, pour qu'on ne les oublie pas. "La meilleure attitude à adopter est les rassurer en leur répétant qu'on les aime, et en passant du temps avec eux "rien que pour eux", en jouant vraiment avec eux (sans être sur le portable entre deux tours)", ajoute-t-elle.

Je n'ai pas de patience pour gérer l'aîné : quelles solutions ?

"Il faut se faire aider (par le papa, des membres de la famille ou des personnes extérieures) afin de se décharger de certaines tâches. Ensuite, même si la grossesse "n'est pas une maladie" elle engendre parfois des désagréments physiques et/ou psychologiques qui fragilisent et peuvent rendre irritable. "Il faut apprendre à se ménager et s'organiser des plages de détente et de repos à la maison ou mieux en dehors comme aller faire un massage, un cours de yoga....", conseille Catherine Pierrat. Le yoga est, en effet, souverain pour évacuer le stress et les tensions. Les exercices proposés sont adaptés aux différentes étapes de votre grossesse et vous pouvez les pratiquer au quotidien. Sachez que les postures les plus adaptées pendant ces 9 mois sont la posture du papillon, la montagne, le guerrier ou encore le chat.

Pourquoi suis-je autant vexée quand mon enfant me rejete ?

Voir son enfant s'éloigner de soi n'est pas chose aisée à supporter surtout quand on est facilement débordée par ses émotions. Mais là encore, cette forme de rejet est souvent temporaire et requiert un peu de patience et beaucoup d'amour et de dialogue ! "Le rejet des aînés n'est pas automatique, mais si c'est le cas, il faut bien comprendre que ce rejet n'est pas un vrai rejet, ce n'est qu'un appel d'attention et d'amour. Encore une fois, il faut rassurer en paroles et en actes. Et surtout ne pas "bloquer", ni surréagir sur ce comportement des aînés. C'est une phase transitoire qui passe rapidement, et si ce n'est pas le cas, il faut penser à consulter un psychologue afin de débloquer la situation", note Catherine Pierrat.

Peut-on aimer un enfant plus que l'autre ?

Toutes les mamans ont coutume de dire qu'elles aiment autant chacun de leurs enfants. Pour autant, si cette affirmation est louable, elle cache une réalite parfois un peu plus complexe. "Même s'il est exact que nous aimons tous nos enfants, nous ne pouvons affirmer et garantir l'exacte équité de nos sentiments. D'abord parce que chaque enfant est arrivé à un moment différent de notre vie, que nous faisons un lien entre l'enfant et cette période, et que nous avons projeté un enfant idéal en lien avec cette époque. Ensuite, chaque enfant a une personnalité différente et nous pouvons avoir plus ou moins des points communs avec chacun d'entre eux. Enfin, certains de nos enfants peuvent nous rappeler certaines personnes de notre famille ou notre belle famille et selon nos liens personnels avec ces membres familiaux, nous pouvons ou pas nous entendre avec tel ou tel enfant", explique Catherine Pierrat.